Charles Barangé

1897 - 1985

Informations générales
  • Né le 21 décembre 1897 à Beaulieu-sur-layon (Maine-et-Loire - France)
  • Décédé le 14 mars 1985 à Angers (Maine-et-Loire - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 21 décembre 1897 à Beaulieu-sur-Layon (Maine-et-Loire)

Décédé le 14 mars 1985 à Angers (Maine-et-Loire)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Maine-et-Loire)

Député du Maine-et-Loire de 1946 à 1955

Charles Barangé est né à Beaulieu-sur-Layon dans une famille modeste. Son père, artisan savetier, gagné aux idées du Sillon, exerce sur son fils une influence réelle. Armé d'un certificat d'études pour tout diplôme, Charles Barangé devient employé du Trésor. En 1917, il est mobilisé et sert sous les ordres du capitaine de Gaulle. Il est titulaire de la Croix de guerre 1914-1918. De retour à la vie civile en 1918, Charles Barangé participe aux mouvements d'action catholique et découvre le syndicalisme au sein de son administration. Il adhère à la C.G.T. et occupe, de 1930 à 1936, les fonctions importantes de secrétaire général du syndicat national du personnel du Trésor C.G.T. C'est ainsi qu'il rencontre de futurs responsables de la IVe République : Christian Pineau, Albert Gazier, Robert Lacoste. Il est alors chef de service du Trésor, puis inspecteur.

Pendant l'occupation allemande, il maintient en activité, sous couvert d'une école confessionnelle, le syndicat du Trésor qui participe activement à la Résistance. Aussi Michel Debré, Commissaire de la République, nomme-t-il Charles Barangé conseiller municipal d'Angers en 1944. En qualité de rapporteur du budget pour l'année 1945, il contribue à l'élaboration du plan d'urbanisme de la ville qui vise à relever les ruines et à moderniser la commune. Charles Barangé fonde le M.R.P. en Anjou et préside aux destinées de la Fédération du Maine-et-Loire. Il conduit une des six listes présentes à Angers aux élections municipales de 1945. Au deuxième tour, le 13 mai, le M.R.P., refusant de s'associer à la coalition de droite ou à celle de gauche (P.C.- S.F.I.O. - Jeune République) qui se sont formées entre les deux tours, ne participe pas « à la bagarre des deux blocs ».

Aux élections du 21 octobre 1945 à la première Assemblée nationale Constituante, le chef de file des républicains populaires angevins conduit la liste du M.R.P. dans le Maine-et-Loire. 74 383 voix sur 234 113 suffrages exprimés se portent sur elle. Elle devance de plus de 25 000 voix la liste S.F.I.O. dirigée par le maire d'Angers, Auguste Allonneau. Charles Barangé fait son entrée au Palais Bourbon avec deux de ses colistiers. Il est alors très caractéristique du nouveau personnel politique - marqué par la Résistance et aspirant à une certaine forme de démocratie sociale - qu'amène aux responsabilités nationales le M.R.P.

Il est nommé membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire et de la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de guerre et de la répression. Le 9 avril 1946, il dépose une proposition de loi tendant à permettre aux veuves de guerre de bénéficier des prêts accordés aux anciens prisonniers de guerre, déportés et réfugiés, et le 19 avril, une proposition tendant à fixer le statut des banques d'affaires. Il intervient lors de la discussion des projets de loi - qu'il vote- portant nationalisation de la Banque de France et des grandes banques, organisation du crédit et nationalisation de l'électricité et du gaz. Il est rapporteur du budget de la justice de l'exercice 1946. Il s'oppose au projet de Constitution qui sera rejeté par référendum le 5 mai 1946.

Aux élections du 2 juin 1946, à la seconde Assemblée nationale Constituante, la liste M.R.P. creuse l'écart qui la sépare de la liste socialiste. Elle arrive, en effet, en tête avec 108 248 suffrages exprimés contre 42 625 à la liste S.F.I.O. Elle enlève donc un siège supplémentaire.

L'Assemblée utilise les compétences financières de Charles Barangé en le nommant rapporteur général du budget de 1946 à 1955. C'est donc à ce titre qu'il dépose de nombreux rapports et intervient fréquemment au nom de la Commission des finances et du contrôle budgétaire.

Le 10 novembre 1946, aux élections à la première Assemblée nationale de la IVe République, Charles Barangé ne peut assurer la réélection de son quatrième colistier. Le M.R.P. remporte 118 775 voix sur 230 099 exprimés mais cède un siège à une liste « antitripartiste » sur laquelle figurent d'anciens candidats radicaux et gaullistes.

Charles Barangé est élu régulièrement rapporteur général de la Commission des finances durant toute la législature. De plus, il est désigné par celle-ci pour faire partie de la commission chargée de procéder à une étude d'ensemble des divers régimes de prestations familiales. Détenteur d'un poste important, Charles Barangé accroît son influence à l'Assemblée. En témoignent les 225 rapports et avis qu'il a présentés au nom de la Commission des finances sous la première législature, auxquels il faut ajouter ses très nombreuses interventions qui se limitent cependant au domaine de sa compétence. Il n'intervient pas dans les débats plus politiques et s'affirme surtout comme un expert des finances.

Lors de la campagne électorale pour les élections législatives du 17 juin 1951 pour la deuxième Assemblée nationale, Charles Barangé s'engage à assurer la liberté effective de l'enseignement, propose une réforme de la fiscalité et de la Constitution. Il dénonce, en outre, les oppositions communiste et gaulliste. Le 17 juin 1951, la vague R.P.F. mord durement sur l'électorat démocrate-chrétien du département. La liste M.R.P., apparentée à la liste d'union des Indépendants, paysans et républicains nationaux, obtient 47 231 suffrages sur 229 761 exprimés. Elle doit concéder un siège aux gaullistes qui en remportent trois au total, devenant ainsi le premier parti de Maine-et-Loire. Le recul du M.R.P., conforme à l'évolution nationale du parti, s'explique aussi par des raisons locales. L'électorat chrétien et conservateur de la région n'a jamais totalement fait siennes les thèses démocrates chrétiennes incarnées par Charles Barangé qu'il juge trop sociales.

Charles Barangé occupe les mêmes fonctions que lors de la précédente législature. En outre, il représente l'Assemblée au sein du conseil supérieur des alcools (1951). Il participe aux travaux de la sous-commission chargée d'émettre un avis sur les taxes parafiscales et de péréquation (1954-1955). Conformément à l'engagement qu'il avait pris devant ses électeurs, Charles Barangé accepte de compléter la loi André Marie qui étend les bourses aux établissements privés du second degré. Il dépose donc une proposition de loi d'aide à l'enseignement primaire avec des députés R.P.F., M.R.P. et modérés, tous membres de l'Association parlementaire pour la liberté de l'enseignement. Après des débats passionnés, la loi est adoptée en deuxième lecture par 327 voix contre 251, le 21 septembre 1951. Une allocation scolaire est désormais versée par enfant et par trimestre à l'association des parents d'élèves des établissements privés et au conseil général pour les élèves de l'enseignement public. C'est un peu par hasard si Charles Barangé donne son nom à cette loi. Il est, en effet, par ordre alphabétique, le premier des « 3B » qui ont déposé le texte : Barangé pour le M.R.P., Barrachin pour le R.P.F., et l'indépendant de Baudry d'Asson. La loi Barangé, une des premières lois d'aide à l'enseignement privé, provoque la rupture définitive des socialistes et des républicains populaires, à la grande joie des gaullistes.

Comme rapporteur général, il veille au cours de la législature à ce que le budget soit voté en temps utile. Il intervient à plusieurs reprises, notamment en 1953, pour demander le retour à l'équilibre budgétaire et la rédaction du projet de réforme fiscale qui est finalement voté le 9 avril 1954. Au niveau départemental, il s'attache à résoudre les problèmes sociaux, tout particulièrement lors des grandes grèves de 1953. Selon Jean Turc, ancien maire d'Angers, Charles Barangé aurait été sollicité pour poser sa candidature à la présidence de la République, cette même année. Pendant cette législature, il soutient le gouvernement La. niel et sa politique indochinoise, s'abstient sur les accords de Genève relatifs à l'Indochine (23 juillet 1954), se prononce en faveur de la Communauté européenne de défense (30 août) mais s'abstient sur les accords de Londres qui mettent fin à l'occupation de l'Allemagne (12 octobre) et s'oppose aux accords de Paris qui permettent l'entrée de l'Allemagne dans cette organisation (29 décembre). Il vote contre le gouvernement le 4 février 1955 (chute de Pierre Mendès-France) puis soutient le gouvernement Edgar Faure.

En 1955, à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale par Edgar Faure, Charles Barangé songe à se retirer de la vie politique nationale. Il s'en ouvre à Monseigneur Chappoulie, évêque d'Angers, qui lui demande d'être toujours disponible pour défendre sa cause. Aussi, accepte-t-il, le 2 janvier 1956, de figurer en dernière position sur la liste M.R.P. qui compte à nouveau trois députés. En l'absence de responsabilités nationales, il se consacre, dès lors, au développement économique et social de sa région.

En 1958, il approuve la Constitution de la Ve République, mais décline l'offre que lui fait le général de Gaulle d'être secrétaire d'Etat aux P.T.T. en ces termes : « Mon général, j'ai déjà bien du mal à coller un timbre-poste et encore il m'arrive de le mettre à l'envers. Alors, c'est non ».

Charles Barangé était chevalier de la Légion d'honneur et commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire le Grand.