Jean Baylot

1897 - 1976

Informations générales
  • Né le 27 mars 1897 à Pau (Basses-Pyrénées - France)
  • Décédé le 3 février 1976 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Seine
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies

Biographie de la Ve République

BAYLOT (Jean, Joseph, Félix, Ernest)
Né le 27 mars 1897 à Pau (Basses-Pyrénées)
Décédé le 3 février 1976 à Paris

Secrétaire général au ravitaillement du 22 janvier 1947 au 14 juin 1947
Député de la Seine de 1958 à 1962

Syndicaliste et résistant, Jean Baylot est plus connu pour sa carrière préfectorale sous la IVème République et pour son rôle dans la franc-maçonnerie que pour son unique mandat de député sous la Vème.
Fils d’un père tailleur et d’une mère tapissière, élève au collège de l’Immaculée Conception à Pau, il entre après son baccalauréat comme surnuméraire aux PTT. Dès cette époque, il milite dans le secteur associatif, participant en 1917 à la création de l’Union des Coopérateurs du Béarn. Engagé volontaire dans le génie en janvier 1918, il est blessé au combat.
Nommé à Bordeaux, il est titularisé en tant que commis, à Paris, en juin 1919. Marié à Madeleine Lechanteur, il s'inscrit au syndicat des agents, affilié à la CGT, et devient gérant du journal de ce syndicat, Syndicalisme des PTT, en 1920. En 1924, il est secrétaire général du Syndicat, avant d’être élu en 1925 au Conseil supérieur des PTT. Son cursus syndical prend fin vers 1930, date à laquelle il reprend son parcours professionnel. Il est rédacteur principal, puis inspecteur des poteaux de ligne, quand la guerre arrive.
Tout en suivant les cours de l’Ecole supérieure du bois, dont il sort major de promotion en 1943, il entre dans la Résistance, ce qui lui vaudra de nombreuses décorations (croix de guerre, médaille de la Résistance, Légion d'honneur). Son destin s’en trouve bouleversé car il est désigné à la Libération comme préfet des Basses-Pyrénées (1944-1945) puis préfet de Haute-Garonne (1946-1947), secrétaire général du ravitaillement auprès de la présidence du Conseil (14 juin 1947), préfet des Bouches-du-Rhône (14 février 1948), inspecteur général de la huitième région (4 janvier 1951), et enfin préfet de police de Paris, le 17 avril 1951.
Devenu un personnage important de la IVème République, proche du parti radical et de la franc-maçonnerie, il voit sa carrière brutalement interrompue par « l’affaire des fuites ». Chargé d’enquêter par le ministre de l’intérieur Martinaud-Déplat sur les fuites du comité de défense nationale, publiées par L’Express, il recourt aux services de Jean Dides, commissaire principal du port de la Ville de Paris, lié à l’extrême-droite. Nommé à son tour à l’intérieur dans le gouvernement Mendès France, en juin 1954, François Mitterrand apprend que Baylot et Dides ont enquêté sur lui sans le mettre au courant, et il démet l’un et l’autre de leurs fonctions. S’ensuit un long imbroglio politico-judiciaire, qui aboutit à démasquer les coupables des fuites, les hauts fonctionnaires Labrusse et Turpin, et à innocenter François Mitterrand.
Mis en disponibilité puis nommé préfet hors cadre en 1955, demeurant désormais sans affectation, Jean Baylot se tourne alors vers la vie politique. Il se présente aux élections de novembre 1958 comme candidat d’Union nationale, présenté par le Centre National des Indépendants, la Démocratie chrétienne, le Centre républicain et le RGR, dans la 17ème circonscription de la Seine, qui correspond au XVème arrondissement de Paris, quartier de Saint-Lambert. Opposé à Roger Barberot, candidat gaulliste de l’Union pour la Nouvelle République, Baylot se réclame du patronage des grands noms de la IVème République, Antoine Pinay et Georges Bidault, ainsi que de Jacques Soustelle, gaulliste historique mais partisan de l’Algérie française. La question algérienne occupe d’ailleurs une place importante dans son programme électoral, qui juge « la France liée à l'Algérie par des liens indissolubles. » Les autres grands thèmes de sa campagne sont l’anticommunisme, qui permet de fédérer largement, et la nécessité du renouvellement politique par « la fin du régime des partis », ce qui le rapproche de l’électorat gaulliste.
Fort de sa notoriété d’ancien préfet de police et de l’appui de toutes les forces du centre droit au centre gauche, il arrive en tête au premier tour du 23 novembre 1958, avec 18 537 voix sur 45 749 exprimés, contre 8 168 voix au communiste Georges Demeure, 7 162 à Roger Barberot, et 4 467 au socialiste Alfred Spire. Il se réjouit que le premier tour ait écarté « les associés du communisme, quelque soit leur camouflage », « les hommes de Mendès, écrasé dans l'Eure, de Mitterrand, balayé dans la Nièvre. » Il est facilement élu au second tour du 30 novembre, avec 25 759 voix sur 43 129 exprimés, contre 9 126 à Demeure et 8 244 à Spire, Barberot s'étant désisté pour lui.
Inscrit au groupe des Indépendants et paysans d'action sociale, le 6 octobre 1959, il rejoint le Centre républicain, dont il deviendra vice-président en 1960. Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées durant toute la législature, il ne se distingue pas par son activisme parlementaire. Ses initiatives se résument à une proposition de loi visant à réglementer l’ordre des experts comptables (24 juin 1960) et à une proposition de résolution réclamant la constitution d’une commission d’enquête parlementaire pour rechercher tous les faits portant violation des droits de l'homme, le 12 novembre 1961, dans le contexte troublé des attentats de l’OAS et de la répression sanglante des manifestations organisées par le FLN le 17 octobre 1961 à Paris. Il n’intervient qu’à six reprises dans l’hémicycle, posant des questions orales sur la protection des expropriés (4 décembre 1959), contre la redevance sur le stationnement des véhicules sur voie publique (20 octobre 1961), ou encore pour le doublement des allocations aux personnes âgées (15 juin 1962).
Cette faible activité législative explique en partie son échec cuisant lors du renouvellement de novembre 1962. Dès le premier tour du 18 novembre 1962, il est largement devancé par le ministre des postes et télécommunications Jacques Marette, candidat de l’UNR, qui recueille 19 009 suffrages sur 38 221 exprimés, tandis que Baylot, avec seulement 6 829 voix, soit moins de la moitié de son score de 1958, est écarté du second tour. Marette est facilement élu le 25 novembre 1962 avec 23 299 voix contre 12 471 au communiste Demeure.
Renonçant à la carrière politique, Jean Baylot se consacre ensuite à ses activités maçonniques, en qualité de haut dignitaire de la Grande Loge nationale française, et en tant qu’auteur de plusieurs ouvrages historiques et philosophiques (Les Francs-maçons. Dialogue entre Michel Riquet et Jean Baylot, Beauchesne, 1968) consacrés à la maçonnerie. Dans La Voix substituée. Recherche sur la déviation de la franc-maçonnerie en France et en Europe (Liège, 1968), il déplore que le courant incarné par le Grand Orient de France ait dévoyé la maçonnerie en la conduisant dans le champ politique. On peut y voir un règlement de comptes a posteriori avec ses anciens amis radicaux.
Durement frappé par la mort de sa fille unique Jacqueline en mars 1967, puis par les polémiques qui l’opposent en 1973 à Fernand Wybot, ancien directeur de la DST, il s’éteint en 1976.