Jean, Marc Rieu

1921 - 1972

Informations générales
  • Né le 22 mai 1921 à Talence (Gironde - France)
  • Décédé le 30 décembre 1972 à Saint-cloud (Hauts-de-Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Gironde
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie de la IVe République

RIEU (Jean, Marc)
Né le 22 mai 1921 à Talence (Gironde)
Décédé le 30 décembre 1972 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)

Député de la Gironde de 1956 à 1958

Jean Rieu est issu d'un milieu populaire et militant. Petit-fils d'un ouvrier du côté paternel, fils de Roger Rieu, représentant de commerce et de Rachel Dath, ouvrière d'usine, il arrête, comme son père, ses études avec l'obtention du certificat d'études primaires et entre dans la vie active comme tourneur sur métaux à Bordeaux tandis que son frère Guy devient maçon. L'engagement est une tradition familiale : le père du futur député communiste est un militant qui participe à la naissance du PCF au congrès de Tours, quelques mois avant la naissance de son fils. Grâce à son père bien introduit dans l'administration du PCF, Jean Rieu, membre du parti dès 1935 et des Jeunesses communistes de la Gironde dès 1936, est placé sous la protection de Marcel Cachin - ancien militant socialiste bordelais - et de Jacques Duclos. En 1938, il devient secrétaire des Jeunesses communistes de la Gironde et membre du comité central des Jeunesses communistes. A la veille de la guerre, ses responsabilités sont étendues à la région du Sud-Ouest.
Arrêté le 20 mai 1940, Jean Rieu est condamné aux travaux forcés. Incarcéré à la prison de Saint-Etienne (Loire), il s'en évade le 26 octobre 1943 avec l'aide des FTP. Il reprend son activité militante dans l'illégalité et devient responsable politique de la Jeunesse communiste dans la région lyonnaise. A nouveau arrêté le 2 mars 1944, il est interné puis déporté à Dachau en juin 1944 puis à Buchenwald. Son engagement actif entre 1940 et 1944 contre l'occupant lui vaut la croix de guerre au titre de la Résistance.
A la Libération, il gravit rapidement les échelons dans la hiérarchie du parti communiste. D'abord secrétaire fédéral de l'UJRF (1946-1948), il devient secrétaire fédéral du PCF de Gironde en décembre 1949. Elu au Comité central du PCF en 1956, il est sans cesse réélu et siège jusqu'à sa mort en 1972. Parallèlement, Jean Rieu défend les couleurs du PCF lors des élections locales et nationales. Il est pour la première fois candidat en juin 1946, à l'âge de vingt-cinq ans, lors de l'élection de la seconde Assemblée constituante. Mais il ne figure qu'en cinquième position sur la liste communiste et d'union républicaine conduite par Marc Dupuy, député sortant. La liste obtient 63 692 voix sur 400 503 suffrages exprimés (15,9%) et un seul siège, au lieu de deux en octobre 1945. A nouveau candidat lors des élections de la première Assemblée nationale de la IVème République le 10 novembre 1946, il est encore moins bien placé, figurant en sixième position sur la liste communiste et d'union républicaine et résistance toujours conduite par Marc Dupuy. Avec 73 963 voix sur 384 307 suffrages exprimés (19,2%) soit une légère progression, le PCF obtient deux élus, Dupuy et Renée Reyraud. Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Jean Rieu est choisi pour diriger la liste d'union républicaine résistante et antifasciste pour l'indépendance nationale, le pain, la liberté et la paix présentée par le PCF dans la deuxième circonscription de la Gironde. Sa liste recueille 26 513 voix sur 149 830 suffrages exprimés (17,7%) et Jean Rieu a le plus grand nombre de voix (26 666) sur sa liste mais cela ne suffit pas et c'est une nouvelle défaite.
Le premier mandat électif exercé par Jean Rieu est donc municipal : élu d'abord à Cenon, ville de la banlieue bordelaise, il se présente ensuite à Bordeaux où il siège au conseil municipal présidé par Jacques Chaban-Delmas de 1953 à 1965, élu sur la liste d'union ouvrière et démocratique en 1953 puis sur la liste du parti communiste en 1959. A la quatrième tentative, le 2 janvier 1956, Jean Rieu est enfin élu député dans la deuxième circonscription de la Gironde mais il n'a que trente quatre ans. Il était à nouveau en tête de la liste présentée par le PCF qui attire 29 510 voix sur 167 986 suffrages exprimés (17,6%) et en tête parmi ses colistiers avec 30 134 voix.
Au Palais-Bourbon, Jean Rieu, membre du groupe communiste, siège en 1956-1957 dans deux commissions, celle des boissons et celle des affaires étrangères. Il n'intervient pas beaucoup à la tribune mais son action est essentiellement consacrée à la situation sociale des travailleurs agricoles et à la politique internationale.
Il dépose ainsi une proposition de loi dès février 1956 pour l'indemnisation des travailleurs privés de leur emploi du fait des intempéries et attire l'attention à plusieurs reprises de l'Assemblée sur les coupes abusives pratiquées dans les Landes de Gascogne ou sur la situation "dramatique" des gemmeurs. Mais c'est surtout sur les questions extérieures que Jean Rieu intervient. Il développe alors les positions de son parti contre la politique extérieure atlantiste et européenne de la IVème République. Ainsi, il dénonce les dangers de l'UEO, de l'Euratom, du réarmement de l'Allemagne au nom de la défense de la souveraineté française et de l'hostilité aux armes atomiques. Il critique les "directives politiques" du Vatican, jugé trop engagé dans la construction européenne. Ses cibles privilégiées sont cependant les Etats-Unis dont le secrétaire d'Etat Foster Dulles est vivement critiqué ainsi que la politique militaire jugée dangereuse par les avions ou navires américains chargés de bombes atomiques qui circulent trop près de la France.
Jean Rieu vote les pouvoirs spéciaux sur l'Algérie au gouvernement Mollet le 12 mars 1956 mais n'approuve pas le projet de loi-cadre sur l'Algérie de Bourgès-Maunoury le 30 septembre 1957. Il refuse aussi, comme ses camarades du PCF de voter l'investiture de Charles de Gaulle le 1er juin 1958 et de lui accorder les pleins pouvoirs pour préparer la réforme constitutionnelle.
Sous la Vème République, Jean Rieu tente en vain de garder puis de retrouver un siège de député : candidat du PCF aux élections législatives de 1958, 1962 et 1967 dans la quatrième circonscription de la Gironde, il est chaque fois battu et ne se présente plus en 1968.
Marié trois fois, d'abord avec Rolande Coucharrière épousée à Talence en 1939 (il divorce en 1946) puis avec Germaine Bonnafon, éminente figure de la Résistance girondine, en 1946 à Pessac (divorcé en 1952), enfin avec Annie Lagarosse à Saint-Martin-de-Laye en 1953, Jean Rieu a eu quatre enfants.
Il meurt le 30 décembre 1972 à Saint-Cloud et ses obsèques civiles se déroulent au cimetière du Père Lachaise où il est incinéré.