Andrée, Marie, Mathilde Viénot Née Mayrisch

1901 - 1976

Informations générales
  • Née le 7 juin 1901 à Dudelange (Luxembourg)
  • Décédée le 20 octobre 1976 à Charleville-mézières (Ardennes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Ardennes
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 13 novembre 1947
Département
Ardennes
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la IVe République

VIéNOT (Andrée, Marie, Mathilde, née MAYRISCH)
Née le 7 juin 1901 à Dulelange (Luxembourg)
Décédée le 20 octobre 1976 à Charleville-Mézières (Ardennes)

Déléguée à l’Assemblée consultative provisoire de Paris en 1944
Membre de la deuxième Assemblée nationale constituante de 1946 (Ardennes)
Député des Ardennes de 1946 à 1947
Sous-secrétaire d'Etat à la jeunesse et aux sports du 25 juin 1946 au 16 janvier 1947

Andrée Mayrisch est issue d'une famille de grands industriels et d’intellectuels luxembourgeois. Son père, Emile Mayrisch, ingénieur, a été à l'origine de la constitution d’un puissant consortium, l'ARBED (Aciéries Réunies de Burbach-Eich-Dudelange), et l'initiateur de l'Entente internationale de l'acier. Sa mère, Aline de Saint-Hubert, responsable de la Croix rouge luxembourgeoise, recevait les milieux littéraires et politiques européens dans son château de Colpach, tel Walter Rathenau, André Gide, Jean Schlumberger ou Roger Martin du Gard.
Andrée Mayrisch est élevée dans un milieu laïc, sans les contraintes habituellement imposées aux filles de son temps. Dès son adolescence, elle participe aux activités des guides, « les campeuses bronzées de Dudelange ». Toute sa vie, elle conserve ce goût pour l'encadrement d'enfants, l'assumant plus tard dans l'animation des « Faucons Rouges », de centres de vacances, ou dans son activité gouvernementale. Après son baccalauréat et une année d'études médicales en Suisse, elle obtient une licence d'économie politique en 1923 à la London School of Economics. En Angleterre, elle adhère à un cercle d'études socialistes. De retour en France, séjournant chez Paul Desjardins, elle participe à une décade de Pontigny où elle rencontre Pierre Viénot. Elle le soutient, ainsi que son père, dans son projet de mettre sur pied un organisme travaillant au rapprochement franco-allemand. Six ans plus tard, le 18 juillet 1929, elle l’épouse, abandonnant la direction des services sociaux de l'ARBED qu’elle détenait depuis 1926, pour vivre à Berlin.
Andrée Viénot partage durant quinze ans les combats politiques de son époux. En Allemagne, ils assistent à la montée du nazisme et à l’effondrement de leurs espoirs pacifistes. Ils rentrent dans les Ardennes, département dans lequel Pierre Viénot est élu en 1932 député républicain-socialiste. Andrée assure le secrétariat politique de son époux puis, en 1936, elle est attachée à son cabinet lorsqu’il est nommé sous-secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. Lorsque Pierre Viénot adhère à la SFIO en 1937, le jour de la chute du premier gouvernement de Front populaire, il rejoint Andrée qui, depuis le début des années trente, milite à la 5ème section de la Seine de la SFIO. Ils partagent les mêmes options antimunichoises et s'investissent dans l'aide aux réfugiés anti-nazis en France. Après la défaite militaire en juin 1940, le couple Viénot embarque à bord du Massilia. A Casablanca, Pierre Viénot est arrêté et rapatrié en France pour passer en justice militaire ; Andrée est entendue comme témoin. Après l’évasion de Pierre qui part pour Londres où il devient ambassadeur de la France-Libre, elle demeure en France et s’installe dans les Alpes-Maritimes. Elle participe à la reconstruction du Parti socialiste clandestin dans le Sud, au côté de Daniel Mayer.
Pierre Viénot étant décédé à Londres le 20 juillet 1944, Andrée poursuit leur combat et s’impose rapidement dans les Ardennes. Elle retourne dans ce département dès leur libération, à la fin septembre 1944. Elle y siège au Comité départemental de Libération et préside le mouvement Libération-Nord. Secrétaire adjointe de la fédération socialiste, directrice de l'hebdomadaire socialiste le Réveil Ardennais, maire provisoire de Rocroy jusqu’aux élections de mai 1945, elle est élue conseillère générale du canton de Chooz, au premier tour en septembre, avec 1 734 voix sur 3 464 exprimés. Elle préside la commission départementale en 1946, anime la commission de la santé et de l'hygiène et le comité départemental d'aide aux vieux.
La direction de SFIO la désigne pour siéger à l'Assemblée nationale consultative où sa nomination est validée le 8 novembre 1944. Nommée membre de la commission de l’information et de la propagande le 17 novembre, elle intervient sur le budget des Anciens combattants et, surtout, poursuivant l’action de son époux, elle critique vivement l’action de la France au Levant, dans le débat sur les événements de Syrie et du Liban le 15 juin 1945. Aux élections à la première Assemblée nationale constituante, Andrée Viénot est placée en deuxième position sur la liste SFIO départementale qui obtient 36 163 suffrages sur 149 484 inscrits et 119 205 exprimés. Seul Jacques Bozzi, vétéran du socialisme ardennais, est élu. Mais, pour la deuxième Assemblée constituante, la veuve de Pierre Viénot est placée en tête de liste par les militants socialistes. Elle est élue le 2 juin 1946, avec 33 161 suffrages, sur 150 051 inscrits et 123 255 exprimés, au quotient, députée des Ardennes. Nommée à la commission de la famille, de la population et de la santé publique, Andrée Viénot ne s’investit pas au Parlement. Elle devient, le 25 juin 1946, sous-secrétaire d'Etat à l'éducation nationale, chargée de la jeunesse et des sports du gouvernement tripartite dirigé par Georges Bidault (juin 1946-novembre 1946). Elle conserve ce poste dans l'éphémère gouvernement Léon Blum (18 décembre 1946-16 janvier 1947). Son passage à la jeunesse et aux sports est essentiel dans l’histoire naissante du ministère. Elle obtient en effet de joindre à ses services les colonies de vacances et l'équipement sportif – qui dépendaient auparavant des ministères de la santé et de l'équipement – et surtout crée le corps des inspecteurs de la jeunesse et des sports.
Réélue sous la première législature de la Quatrième République, avec 28 469 suffrages sur 151 338 inscrits et 118 841 exprimés en novembre 1946, Andrée Viénot siège dans la commission de la famille, de la population et de la santé publique, dans laquelle elle est reconduite le 17 décembre 1946. Elle dépose une proposition de résolution invitant le gouvernement à prendre une série de mesures concernant la formation physique et sportive de la jeunesse, les activités de plein air et les activités de culture populaire et une proposition de loi, tendant à organiser les activités physiques et sportives des jeunes travailleurs. A la tribune, lors des discussions sur le budget du ministère de l’éducation nationale, elle défend l’éducation populaire et les œuvres postscolaires. Elle dépose un amendement tendant à rétablir les crédits prévus par le gouvernement pour les centres d’éducation populaire. Mais, le 13 novembre 1947, après le décès de sa mère qui l’avait assistée jusqu’ici, Andrée Viénot abandonne son mandat de députée pour pouvoir assumer l'éducation de ses deux jeunes enfants.
Elle n’abandonne pourtant pas ses activités sociales et politiques. Toujours impliquée dans l'encadrement des jeunes (auberges de jeunesse ou colonies de l'enfance ouvrière ardennaise), elle siège au conseil général de la Ligue de l'enseignement. Politiquement, elle se concentre désormais sur son département. En 1951, elle est réélue conseillère générale dans le canton de Rocroy. Deux ans plus tard, elle est élue maire de la ville, et le demeure jusqu'à son décès. Elle continue à jouer un rôle capital dans la fédération socialiste, en reprenant le secrétariat en 1950-1952. Mais, très vite, elle s’oppose à la direction nationale du parti. Européenne de longue date, membre du Mouvement socialiste pour les Etats-Unis d'Europe, elle se prononce pourtant contre la Communauté européenne de défense (CED). Puis, opposée à la politique de Guy Mollet en Algérie, elle démissionne de la SFIO le 7 novembre 1956, après le détournement d'avion des chefs du FLN et l'intervention à Suez. La grande presse se fait largement écho de ce geste solitaire de l’ancienne ministre. Elle participe à de nombreuses actions anticolonialistes en France et à l’étranger et anime, dans la région Champagne-Ardennes, un « groupe d'action socialiste », constitué de quelques centaines de militants. Elle continue à entretenir d'étroits rapports avec ses camarades minoritaires restés au sein de la SFIO, plus particulièrement avec Daniel Mayer, Antoine Mazier, et les deux députés des Ardennes, Camille Titeux et Guy Desson. Andrée Viénot, tout comme ses amis parlementaires, n'accepte pas le retour au pouvoir du général de Gaulle en mai 1958 et mène campagne pour le « non » au référendum.
Andrée Viénot reprend en 1958 une activité au plan national. Le conseil général de la Ligue de l'enseignement la désigne pour présenter le rapport de son congrès national ; elle y dénonce les menaces contre les libertés républicaines. Elle entre aussi, pour dix ans, au comité central de la Ligue des droits de l'homme, renforçant la majorité dirigée par Daniel Mayer. Elle poursuit surtout son action au plan local. Elle adhère au Parti socialiste autonome (PSA) en septembre, tient le secrétariat administratif de la fédération des Ardennes et le représente aux élections sénatoriales d’avril 1959. Trois ans plus tard, à la suite de l’intégration du PSA au Parti socialiste unifié (PSU), Andrée Viénot se présente sous cette étiquette aux élections sénatoriales et législatives de 1962 : elle y recueille 5 279 suffrages sur 41 021 exprimés. A partir de 1963, elle s'éloigne de la direction du PSU, tout en continuant d’animer la fédération et, en 1965, elle soutient activement la candidature de François Mitterrand. Elle se sent « déphasée » par rapport au PSU après 1968 et ne se représente plus au conseil général en 1970. Son dernier geste politique notable est de rejoindre le Parti socialiste (PS) en décembre 1972. Elle décède quatre ans plus tard, âgée de soixante-quinze ans.