Félix, Philibert Dupanloup

1802 - 1878

Informations générales
  • Né le 3 janvier 1802 à Saint-félix ( - France)
  • Décédé le 10 octobre 1878 à La-combe-de-lancey (Isère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Loiret
Groupe
Union des Droites

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 18 décembre 1875 au 10 octobre 1878

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant à l'Assemblée nationale de 1871, sénateur de 1875 à 1878, né à Saint-Félix (Haute-Savoie) le 3 janvier 1802, mort au château de la Combe-de-Lancey (Isère), le 10 octobre 1878, il vint tout enfant à Paris, et fut remarqué par l'archevêque, M. de Quélen, qui le fit entrer au petit séminaire de Saint-Nicolas, et surveilla son éducation.

Passé au séminaire de Saint-Sulpice, il se distingua à l'attention du clergé dans quelques conférences privées, reçut bientôt les ordres (1825) et parvint à d'importantes positions ecclésiastiques.

Après avoir fait les catéchismes à la paroisse de l'Assomption pendant plusieurs années, après avoir été attaché comme confesseur au duc de Bordeaux (1827) et aux jeunes princes d'Orléans, il devint préfet des études (1834) au petit séminaire de Paris, entra à Saint-Roch (1835) en qualité de premier vicaire puis fut nommé vicaire-général du diocèse de Paris et chanoine du chapitre ; il cessa ses fonctions de vicaire à l'avènement de M. Affre, dont il avait combattu l'élévation au siège archiépiscopal.

En 1841, l'abbé Dupanloup fut présenté à la chaire d'éloquence sacrée de la Faculté de Paris et agréé par le Conseil de l'Instruction publique; mais il vit son cours suspendu à la suite d'une leçon sur Voltaire, qui provoqua des scènes tumultueuses. Il reprit alors ses travaux au petit séminaire, dont il était devenu le directeur. Il s'occupait alors d'un Traité de l'éducation, où il s'efforçait de réfuter les théories de Rousseau : ce livre n'a point été terminé. L'abbé Dupanloup s'était déjà fait connaître comme écrivain par le récit de la vie de Mme Acarie, personne pieuse dont il s'était plu à retracer les occupations chrétiennes.

Vers 1845, les efforts de l'Eglise amenèrent aux Chambres la question de la liberté de l'enseignement. L'abbé Dupanloup quitta la direction de son séminaire et se jeta dans l'action engagée entre le parti catholique et l'Université. Il prit activement part à la lutte et publia plusieurs lettres ou manifestes, dont l'un avait pour titre la Pacification religieuse. Les considérations politiques y abondaient, formulées parfois sur un ton assez vif ; l'ouvrage mit en lumière le talent de son auteur, qui donna bientôt un livre nouveau : la Souveraineté temporelle du pape.

Vint la révolution de 1848 : l'abbé Dupanloup redoubla d'ardeur. Un des chefs du parti catholique, M. de Falloux, ministre de l'instruction publique, l'appela à faire partie de la commission chargée de préparer un projet de la loi sur l'enseignement. La même année (1849), on lui offrit l'évêché d'Orléans, qu'il accepta et où il déploya une grande activité, ouvrant des écoles religieuses jusque dans son palais épiscopal. En 1851, il reçut la croix de la Légion d'honneur ; en 1852, il refusa, dit-on, de faire partie du Conseil supérieur de l'Instruction publique, et, vers la même époque, eut avec l'Univers de violentes polémiques, à propos de la part à faire aux classiques païens dans une éducation chrétienne. L'abbé Gaume, Mgr Parisis, évêque de Langres, avaient élevé la prétention de faire supprimer du programme des études tous les livres qui n'auraient point été écrits sons l'inspiration catholique : Mgr Dupanloup se fit le champion de l'antiquité classique, et riposta aux attaques de l'Univers en défendant à son clergé de s'abonner à cette feuille.

Devenu membre de l'Académie française en remplacement de M. Tissot (1854), il ne cessa depuis lors de se mêler à tous les grands débats politiques et religieux avec une vivacité remarquable. « M. Dupanloup, écrivait M. Hippolyte Castille en 1860, est prêtre avant tout et surtout aimable, souple, adroit pour séduire, facile à toute transaction qui n'entame pas la situation temporelle de l'Eglise, mais irritable, violent si l'on touche à cette situation ; prêt, après un avantage remporté, à l'adoucir par la courtoisie, par une conduite caressante, une concession insignifiante, mais flatteuse; amoureux de la force représentée par l'armée, conciliant avec les intérêts matériels, et généralement déférent envers tout ce qui constitue une puissance afin de s'attirer la réciprocité. »

Il ne craignit pas cependant d'user en mainte occasion, à l'égard de ses adversaires libres-penseurs ou ultramontains, d'une singulière liberté de langage : c'est ainsi qu'il dénonça en chaire « les calomnies vomies par la plume » de M. Edmond About, qu'il lança plusieurs mandements des plus véhéments sur la situation du Saint-Siège après notre expédition d'Italie, et qu'il s'attira du Siècle une plainte en diffamation. Il prit à parti M. de la Guéronnière, et adressa en 1863 un manifeste aux électeurs, qui lui valut une admonestation officielle de M. Roland, ministre de l'instruction publique et des cultes.

Après avoir été un des apôtres du « catholicisme libéral », il se soumit aux décisions du Concile de 1869, où il avait essayé vainement, dans les premières séances, de résister aux membres ultramontains de l'épiscopat français.

Pendant l'occupation d'Orléans par les Prussiens, l'évêque fut retenu prisonnier quelque temps dans son palais.

Aux élections du 8 février 1871, il fut élu représentant du Loiret à l'Assemblée nationale le 7e et dernier, par 28 200 voix (59 480 votants et 100 578 inscrits). Il prit place à droite et ne se mêla d'abord à aucun débat politique, si ce n'est lors de la discussion des pétitions catholiques en faveur d'une intervention à Rome, et se réserva pour les questions relatives à l'enseignement. Il fit rejeter, comme président de la commission, le projet en faveur de l'instruction primaire et obligatoire déposé par M. Jules Simon (7 janvier 1872), fut un des promoteurs du pétitionnement en faveur de l'enseignement religieux libre, et devenu, après le 24 mai 1873, membre du Conseil supérieur, il eut une grande influence sur les décisions prises par cette assemblée relativement aux programmes de l'enseignement secondaire. Il s'employa sans succès aux négociations de la fusion, et sa lettre au comte de Chambord, pour l'amener à l'adoption du drapeau tricolore, n'obtint de celui-ci qu'une réponse assez hautaine.

M. Dupanloup avait donné sa démission de membre de l'Académie française en janvier 1872, à la suite de l'élection de M. Littré ; il revint d'ailleurs ensuite sur cette détermination.

À l'Assemblée, sa parole véhémente se fit surtout entendre quand il crut menacés les intérêts et les prérogatives de l'Eglise. Ainsi la loi sur les aumôniers militaires (1874), la loi sur l'enseignement supérieur (juin 1875) l'amenèrent à la tribune. Il s'était prononcé :

- pour la paix,
- contre le retour à Paris,
- contre la dissolution de l'Assemblée,
- pour la démission de Thiers et le gouvernement du 24 mai,
- contre les amendements Wallon et Pascal Duprat
- et contre l'ensemble de la Constitution.

Elu, le 18 décembre 1875, par l'Assemblée nationale, sénateur inamovible, le 73e sur 75, par 315 voix sur 632 votants, il continua de lutter à la Chambre haute, mais avec moins d'éclat, pour le triomphe des mêmes doctrines, se prononça pour la dissolution de la Chambre des députés (1877), et adressa (1878) au gouvernement une interpellation, qui fut son dernier acte parlementaire important, pour réclamer l'interdiction de la publication des extraits de Voltaire publiés par le comité du Centenaire du philosophe.

Le bruit de l'élévation de l'évêque d'Orléans au cardinalat circula maintes fois, et fut toujours démenti.

M. Dupanloup mourut subitement au château de la Combe de Lancey, dans l'Isère, chez un de ses amis, M. A. du Boys, rédacteur du Correspondant.

Il laissait, outre les écrits cités plus haut, un très grand nombre d'ouvrages :
- le Mariage chrétien (1868); l'Enfant (1869) ;
- Histoire de N.-S. Jésus-Christ (1869) ;
- Lettres à M. le duc de Broglie, rapporteur du projet de loi relatif à l'instruction publique (1844) ;
- des Discours prononcés dans diverses solennités ;
- enfin toute une série de lettres pastorales et de mandements.

date de mise à jour: juillet 2017