Honoré, Théodoric, Paul, Joseph d'Albert de Luynes

1802 - 1867

Informations générales
  • Né le 15 décembre 1802 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 15 décembre 1867 à Rome (Italie)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Républicain modéré
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Droite

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Fils de Charles Marie Paul André d'Albert de Luynes, duc de Chevreuse et de Françoise-Marie-Félicité-Ermessinde de Narbonne-Pelet, représentant du peuple à l'Assemblée constituante de 1848 et à l'Assemblée législative de 1849 pour le département de Seine-et-Oise, né à Paris, le 15 décembre 1802, mort à Rome, le 15 décembre 1867, il se fit dès sa jeunesse un nom comme amateur d'art et comme archéologue. En 1825, il quitta les gardes du corps, où il était entré à seize ans, et s'adonna entièrement à ses goûts pour l'étude. À la création du Musée des antiquités grecques et égyptiennes (Musée Charles X), il en fut nommé directeur-adjoint honoraire ; quand l'organisation du Musée fut achevée, il résigna ses fonctions, qu'il avait exercées gratuitement.

D'opinions libérales, il fut, après les journées de Juillet, élu commandant de la garde nationale de Dampierre (Seine-et-Oise). À la même époque, il entrait, en qualité de membre libre, à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il s'appliqua à justifier cet honneur par de nombreux travaux publiés de 1833 à 1858, sur l'art antique, la numismatique, l'histoire, les arts industriels et l'économie politique. Il entreprit à ses frais de grandes publications et fit décorer son château de Dampierre par les premiers artistes. Il s'occupa aussi des perfectionnements industriels, et, pour ses travaux sur les aciers damassés, fut récompense aux expositions. Membre du conseil général de Seine-et-Oise, il y fit adopter, à l'égard des entrepreneurs de travaux publics, une proposition les obligeant, en plus du cautionnement ordinaire, à fournir un cautionnement spécial, garantissant le salaire des ouvriers.

La Révolution de 1848 le trouva prêt à faire adhésion à une République très modérée. Le 23 avril 1848, le département de Seine-et-Oise l'envoya siéger à l'Assemblée constituante, le 5e sur 12, par 63 919 voix (le procès-verbal de l'élection ne donne pas le chiffre exact des inscrits et des votants). Il figurait sur la même liste que Pagnerre, Barthélemy-Saint-Hilaire, etc. À l'Assemblée, il fit partie du comité de l'intérieur, et en devint le vice-président; le duc de Luynes suivit et soutint la politique du général Cavaignac, dont il défendit publiquement, auprès des électeurs de son département, la candidature à la présidence de la République. Le plus souvent, il vota avec la droite, notamment :
- le 28 juillet 1848, pour le décret contre les clubs ;
- le 9 août, pour la loi rétablissant le cautionnement ;
- le 25 septembre, pour l'impôt proportionnel préféré à l'impôt progressif ;
- le 21 octobre, contre l'abolition du remplacement militaire ;
- le 4 novembre, pour l'ensemble de la Constitution ;
- le 25 novembre, pour l'ordre du jour : Le général Cavaignac a bien mérité de la patrie ;
- le 12 janvier 1849, pour la proposition Rateau (dissolution de l'Assemblée) ;
- le 16 avril, pour le crédit de 1 200 000 francs demandé pour l'expédition de Rome ;
- le 2 mai, contre l'amnistie des transportés.

Mais il se sépara de la droite dans quelques circonstances, et opina :
- le 26 mai 1848, pour le bannissement de la famille d'Orléans ;
- le 27 septembre, contre l'institution des deux Chambres (proposition Duvergier de Hauranne) ;
- le 15 novembre, contre l'intérêt de 5% pour les prêts faits par le gouvernement aux associations ouvrières.
Pendant les journées de juin 1848, M. de Luynes occupa la place Maubert avec un bataillon de garde rurale.

Réélu à la Législative, le 13 mai 1849, par le département de Seine-et-Oise, le 1er sur 10, avec 57 299 voix sur 139 436 inscrits et 96 950 votants, il continua de voter avec la droite, mais sans se ranger parmi les partisans du prince-président. Il donna son assentiment à toutes les mesures restrictives des libertés de la presse et de réunion, ainsi qu'à tous les crédits destinés à couvrir les frais de l'expédition romaine ; accorda son vote à la proposition Baraguey-d'Hilliers, contre la gratuité des Ecoles polytechnique et militaire, et le refusa à la proposition d'amnistie en faveur des transportés de juin (proposition Napoléon-Bonaparte). M. de Luynes fut président de la commission permanente des beaux-arts, et de la commission des monuments historiques, et membre du conseil de surveillance de l'Assistance publique de la ville de Paris.

Lors du coup d'Etat du 2 Décembre, il fut emprisonné avec les députés réunis à la mairie du Xe arrondissement pour protester contre l'expulsion de l'Assemblée ; mais il fut mis en liberté presque aussitôt.

Le 29 février 1852, il se représenta aux élections pour la Corps législatif, dans la 1re circonscription de Seine-et-Oise ; il échoua avec 366 voix seulement contre M. Caruel de Saint-Martin, candidat officiel, qui fut élu par 17 040 voix sur 36 294 inscrits et 20 381 votants.

Depuis lors, il rentra dans la vie privée. En 1854, il fut chargé de diriger l'exécution du catalogue de la Bibliothèque nationale. Plus tard (1864), il fit en Syrie et en Palestine un voyage d'exploration d'où il rapporta d'intéressants documents.

La mort le surprit à Rome, où il était allé porter à Pie IX des témoignages de son attachement à la cause pontificale.