Adrien, Cyprien Duquesnoy

1759 - 1808

Informations générales
  • Né le 26 novembre 1759 à Briey ( - Duché de Lorraine - Généralité de Nancy)
  • Décédé le 3 mars 1808 à Rouen (Seine-Inférieure - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 1er avril 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Bar-le-Duc (Type : Bailliage)
Groupe
Tiers-Etat

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, né à Briey (Duché de Lorraine, généralité de Nancy) le 26 septembre 1759, mort à Rouen (Seine-Inférieure) le 3 mars 1808, il était fils de Charles-Louis Duquesnoy, conseiller du roi, procureur au bailliage royal de Briey, et de Jeanne Perrier.

Après de brillantes études à Metz, il se fit recevoir avocat, puis revint demeurer à Briey, auprès des siens, se livrant à l'agriculture et aux lettres; il s'établit ensuite à Nancy où était fixée une partie de sa famille, et devint membre de la Société libre des sciences, arts et belles-lettres de cette ville.

Syndic provincial, membre du conseil de commerce, il était sans contredit un des hommes les plus en vue de la bourgeoisie lorraine, quand éclata la Révolution. Il en adopta les principes avec un enthousiasme réfléchi, et fut, le 1er avril 1789, élu député du tiers aux états généraux par le bailliage de Bar-le-Duc.

Il se lia dès le début avec les hommes qui devaient prendre le plus d'influence dans l'Assemblée, comme chefs ou membres du parti constitutionnel, devint l'ami de Mirabeau, et ne tarda pas à se faire remarquer par les motions et les propositions qu'il présenta.

Dans la séance du vendredi 14 août 1789, il demanda l'adoption d'une méthode de travail pour l'élaboration de la Constitution ; il émit le vœu qu'on procédât pour l'étude des questions constitutionnelles dans l'ordre suivant : l'Assemblée sera-t-elle permanente ou périodique ? Quelles seront les qualités des éligibles, soit pour l'Assemblée nationale, soit dans les assemblées secondaires? Quelle sera l'influence de l'autorité royale en matière de législation ? L'Assemblée nationale sera-t-elle composée d'une ou deux Chambres ?

Le 20 août, il fit quelques observations sur le préambule de la Déclaration des droits. « Une déclaration, dit-il, doit être de tous les temps et de tous les peuples ; les circonstances changent, mais elles doivent être invariables au milieu des révolutions. Il faut distinguer les lois et les droits. Les lois sont analogues aux mœurs, elles ont la teinte du caractère national ; les droits sont toujours les mêmes. »

Le 30 septembre, il appuya et vota le plan des mesures financières présenté par M. Necker.

Le 4 novembre, il défendit le plan présenté par le comité pour la nouvelle division de la France.

Dans la séance du 25 janvier 1790, il prit part à la discussion sur l'application des décrets relatifs aux conditions de l'éligibilité, discussion dans laquelle Robespierre, signalant les difficultés provenant du manque d'uniformité et d'harmonie des contributions établies alors dans le royaume, demanda que jusqu'à l'époque où un nouveau mode d'imposition serait établi, tous les citoyens nés Français ou naturalisés Français fussent admissibles à tous les emplois publics « sans autre distinction que celle des vertus et des talents ». Il proposa au décret de Robespierre un amendement portant « qu'il suffirait, jusqu'à l'établissement d'un mode d'imposition générale dans les villes, bourgs et villages, où les contributions directes ne sont pas en usage, de n'être pas à la charge commune pour être citoyen actif ».

Le 15 mai 1790, il insista pour l'examen des demandes de crédits formulées par la gouvernement à propos des complications survenues entre l'Angleterre et l'Espagne.

Le 22 mai, il parla dans le débat sur la question :

« La nation déléguera-t-elle au roi l'exercice du droit de paix et de guerre ? »

« Je déclare, dit-il, que laisser au roi le droit de faire la guerre, c'est compromettre la liberté. Mais je déclare aussi que laisser ce droit au Corps législatif, c'est perdre la monarchie, c'est la convertir, non pas en une démocratie, mais en une aristocratie épouvantable. Quel est donc le remède à ce double inconvénient ? C'est de prendre un terme moyen, de faire exprimer la volonté générale par le concours des deux pouvoirs. »

Le 1er juin, dans la discussion sur la constitution civile du clergé, il demanda que l'on fixât d'abord « combien il y aurait de diocèses » ; le 8, il fit adopter un amendement complétant le décret supprimant les « titres et offices, dignités, canonicats, prébendes, demi-prébendes, chapelles, chapellenies et tous chapitres réguliers de l'un et de l'autre sexe, les abbayes ou prieurés en règle ou en commende, aussi de l'un et de l'autre sexe, et tous autres bénéfices généralement quelconques, autres que ceux mentionnés en la Constitution. » le lundi 14, il demanda la question préalable sur la faculté qu'on voulait en certains cas laisser aux évêques de refuser la confirmation canonique aux curés élus.

Le 2 juillet, il proposa que les députés ne pussent quitter leur poste pendant tout le mois ; il parla, le 6, en faveur du duc d'Orléans dont l'absence était vivement critiquée.

Le 31 juillet, il prit la parole sur les pensions à donner aux écrivains et aux savants, déclara trop faibles les allocations proposées, et critiqua vivement la disposition d'après laquelle les bénéficiaires des pensions nationales auraient été astreints à soumettre à leurs départements respectifs des mémoires de dépenses.

Le 5 août, il prit part à la discussion sur l'organisation des « bureaux de paix et des tribunaux de famille ».

Le 16, il combattit la proposition faite par Huot, au nom du comité des rapports, d'annuler les procédures faites par les Juges de Fontenay-le-Comte, à la suite des troubles causés par l'accaparement des grains à Saint-Jean-d'Angély ; le 19, il fit voter le renvoi aux tribunaux de la lettre pastorale de l'évêque de Toulon, dénoncée par la municipalité de cette ville comme attentatoire à la Constitution ; le 19 août, il demanda que l'Assemblée se conduisît, pour les troubles de Metz et de Toulon, ainsi qu'elle avait fait dans l'affaire de Nancy.

Le lundi 23, il proposa la continuation des poursuites contre l'abbé Perrotin de Barmont accusé d'avoir facilité l'évasion d'un sieur Bonne, inculpé du crime de lèse-nation ; le mardi 31, il parla dans le sens de la ratification complète par l'Assemblée des mesures prises par l'autorité militaire de Nancy ; le 4 novembre, il se plaignit de l'inexécution des décrets relatifs au clergé ; dans la même séance il déclara que le peuple « dont on avait souvent exagéré les torts » n'était pas coupable du retard dans la rentrée des impôts.

Le 5 décembre, il protesta contre une motion de Reynaud (ci-devant M. de Montlosier) tendant à stipuler expressément que le roi était le chef de l'armée. « Vous avez décrété, dit-il, que le roi était le chef suprême du pouvoir exécutif; veut-on que vous le répétiez dans toutes vos délibérations ? »

Le lendemain, il fit décréter le principe de l'organisation d'un bureau de liquidation ; le 23, il réclama l'ajournement à trois jours de la discussion provoquée par le refus du roi de sanctionner les décrets relatifs à la constitution civile du clergé.

Le 16 avril 1791, il demanda que le nombre des aspirants de marine fût illimité ; le 17 mai, il appuya la création de la monnaie de cuivre.

Lorsque la Constituante se fut séparée, Duquesnoy retourna à Nancy, avec les fonctions de directeur des postes. Il y prit manifestement parti pour la monarchie menacée, et fut nommé maire de Nancy par les modérés, le 12 février 1792, en remplacement de M. Thiériet, nommé commissaire du roi près le tribunal des hauts-jurés. Duquesnoy fut compromis lors du dépouillement des papiers trouvés dans l'armoire de fer. Le mercredi 5 décembre 1792, Réal lut à la Convention une lettre de Laporte au roi, qui se terminait par ces mots : « ... J'ai reçu cet après-midi le billet de M. Duquesnoy, je rendrai compte à V. M. de la note que je lui ai fait passer. » Sur la motion de Merlin, la mise en arrestation de Duquesnoy, maire de Nancy, fut immédiatement ordonnée, mais n'eut pas de suite. Duquesnoy continua de mettre à profit sa situation et son influence à Nancy pour sauver des personnes dévouées à la cause royale, Le 24 août 1793, l'Assemblée vota un projet de décret, présenté par Jullien (de Toulouse) au nom du Comité de sûreté générale, qui était ainsi conçu : « Le nommé Duquesnoy, directeur des postes, membre de l'Assemblée constituante, est destitué de ses fonctions. » Arrêté une première fois, puis relâché, Duquesnoy fut incarcéré de nouveau, à la suite de la dissolution de l'assemblée populaire de Nancy, et envoyé devant le tribunal révolutionnaire, qui le fit mettre en liberté dans les derniers jours de l'an II.

Après le 18 brumaire, Duquesnoy fut nommé, par le premier consul, chef de bureau au ministère de l'Intérieur, pour servir de conseil à Lucien Bonaparte, qui avait été placé à la tête de ce département. Il fut appelé ensuite aux fonctions de membre et rapporteur du conseil du commerce, où il fut chargé de travaux importants, tels que la statistique de la France par départements. Vers le même temps, il fonda une grande filature près de Rouen, où il engagea la plus grande partie de sa fortune.

Le 4 frimaire an IX, il fut nommé maire du 10e arrondissement de Paris, en remplacement de M. de Béthune-Charost, puis administrateur des Sourds-Muets, et, le 29 ventôse, membre du conseil général des hospices.

Le 25 prairial an XII, le premier consul le fit entrer dans l'ordre de la Légion d'honneur.

L'heure de l'adversité sonna presque en même temps pour Duquesnoy. Comme maire du 10e arrondissement, il inscrivit sur les registres de l'état civil le mariage de Lucien Bonaparte avec Mme Jouberton, à l'insu du premier consul. Napoléon, irrité, retira sa faveur à Duquesnoy. La ruine industrielle, jointe à la disgrâce politique, fit germer dans son cerveau un funeste projet : le 3 mars 1808, on trouva dans la Seine près de Rouen un cadavre qu'on reconnut pour celui d'Adrien Duquesnoy.

À la fois législateur, industriel, savant et lettré, Adrien Duquesnoy a beaucoup écrit. Il a laissé :
- des Mémoires sur l'éducation des bêtes à laine,
- un Recueil de Mémoires sur les hospices et établissements d'humanité,
- un aperçu de la Statistique des Etats d'Allemagne,
- une traduction de l'Histoire des Pauvres, de Rugles,
- une traduction de l'Esquisse du Mémoire en faveur des pauvres, de Jérémie Bentham,
- des Récréations asiatiques, etc.