Jean, Clément Masse

1911 - 1987

Informations générales
  • Né le 3 janvier 1911 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)
  • Décédé le 10 août 1987 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste

Biographies



Né le 3 janvier 1911 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédé le 10 août 1987 à Marseille

Député des Bouches-du-Rhône de 1956 à 1958

Baron de Gaston Defferre, Jean Masse fut député de 1956 à 1958 puis à nouveau de 1964 à 1978, sous la Cinquième République ; mais la longue carrière politique de cet homme truculent et populaire fut avant tout locale, au service de ses électeurs de Marseille et des Bouches-du-Rhône.

Né dans les premiers jours de l'année 1911 à Marseille, dans le quartier de Château-Gombert qui à l'époque n'était encore qu'un village de paysans, Jean Masse est issu d'une famille de limonadiers. Son père, Marius Masse, très impliqué dans la vie politique locale, est aussi conseiller d'arrondissement et adjoint au maire de Marseille (de 1935 à 1939, sous le mandat d'Henri Tassot), comme le sera son fils, prénommé Marius également. Le jeune Jean Masse fait ses études au lycée Thiers et adhère aux Jeunesses socialistes dont il devient secrétaire fédéral pour les Bouches-du-Rhône. Simple employé, il travaillera après la Libération comme chef de service à la sécurité sociale où il prendra les responsabilités de secrétaire syndical à Force Ouvrière. Il est mobilisé de mars à juillet 1940.

Sa carrière politique débute modestement en octobre 1945, et prend véritablement son es sor en 1953. Il est en effet élu, quelques mois après la Libération, conseiller général des Bouches-du-Rhône, ne battant son adversaire que d'une voix ; deux ans plus tard, il devient conseiller municipal de Marseille. Mais en 1953, Gaston Defferre conquiert la mairie de la cité phocéenne et Jean Masse, adjoint au maire, devient l'un de ses barons, aux côtés d'Irma Rapuzzi, Antoine Andrieux, Bastien Leccia, Char les-Emile Loo et Louis Philibert. Il reçoit la charge de plusieurs secteurs importants de la gestion municipale, notamment la voirie, dont il s'occupera pendant plusieurs décennies.

Pilier du « defferrisme », il n'occupe pourtant pas de position significative au sein du parti socialiste : il se dit « massiste » et son pouvoir repose avant tout sur un réseau étendu de relations personnelles, qu'il entretient par des services rendus, une disponibilité de tous instants et une présence quasi permanente sur le terrain. Dévoué corps et âme à son canton et sa circonscription, il ne s'arrache de son travail qu'en octobre, pour la chasse aux grives dans les collines de Palama ou dans les chênes du Haut-Var, ou encore pour jouer aux boules en quasi professionnel.

Le 2 janvier 1956, Jean Masse se présente aux suffrages des électeurs de la première circonscription des Bouches-du-Rhône pour les élections législatives anticipées, en troisième position sur la liste socialiste conduite par Gaston Defferre et Francis Leenhardt. Les candidats SFIO déclarent leur opposition aux gouvernements Pinay, Laniel, Mayer et Faure de la législature écoulée, comme à l'action des députés communistes, stigmatisent le creusement du déficit et la situation dans l'Union française, et soutiennent avec force l'action de Pierre Mendès France. En appelant notamment aux jeunes et aux femmes, ils souhaitent sauver l'Union française par une politique de conciliation et de pacification, et donner, à l'intérieur, une impulsion nouvelle à l'économie pour assurer le plein-emploi et l'amélioration des conditions de logement des Français.

La liste SFIO, qui a conclu un apparentement avec les listes radicale socialiste - UDSR et Républicains sociaux, emporte 23,6 % des suffrages exprimés, en progression sur son score de 1951 (19,8 %) ce qui lui permet d'obtenir trois des neuf mandats en jeu, les communistes conservant leurs quatre sièges, les Indépendants et paysans et les poujadistes se partageant les deux mandats restant.

L'élection de Jean Masse est validée le 20 janvier 1956, et le député des Bouches-du-Rhône est nommé membre de la Commission des pensions, de la Commission du travail et de la sécurité sociale et du Conseil supérieur de la sécurité sociale. Son activité de parlementaire, pendant cette courte législature, est des plus modestes ; aussi est-il accaparé par ses fonctions municipales à Marseille et ses responsabilités de président du conseil général des Bouches-du Rhône à partir de 1957. Il dépose un seul rapport, au nom de la Commission des pensions, et intervient une fois à la tribune, le 23 février 1956, pour défendre son amendement à une loi sur les congés payés, visant à garantir à tous les salariés, notamment aux mères de quatre enfants et plus, une durée de vacances égale à celle du régime antérieur. Il expose à cette occasion l'objectif qui lui semble souhaitable à long terme : « Je suis de ceux qui considèrent que la durée de congés payés doit aboutir, dans un délai aussi rapproché que possible, mais compte tenu de la situation économique de notre pays sur le plan international, à une période d'un mois pour l'ensemble des salariés de notre population. »

Jean Masse accorde sa confiance au gouvernement Guy Mollet (31 janvier 1956), ainsi qu'à Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957). Il vote pour la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et la communauté européenne de l'énergie atomique (CEE et Euratom, 9 juillet 1957) ; il accorde au gouvernement les pouvoirs spéciaux en Algérie le 12 novembre 1957. Lors de la crise qui emporte la Quatrième République, il vote pour l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958), pour la révision de la Constitution (27 mai 1958), mais refuse la confiance au général de Gaulle le 1er juin; le lendemain, il refuse également de lui accorder les pleins pouvoirs.

Jean Masse sera réélu en 1962 et en 1967 mais ne prend pas part au vote sur la révision constitutionnelle.



MASSE (Jean, Clément)
Né le 3 janvier 1911 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédé le 10 août 1987 à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Député des Bouches-du-Rhône de 1956 à 1958 et de 1962 à 1978


A l’approche des élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, Gaston Defferre, maire de Marseille, candidat de la SFIO dans la huitième circonscription des Bouches-du-Rhône, celle des 4e, 12e et 13e arrondissements de la ville, propose à Jean Masse d’être son suppléant. Le maire est en tête du premier tour, avec 18 306 voix, soit 39 % des suffrages exprimés, devant le candidat communiste, qui obtient 11 235 voix, le gaulliste, 8 953 voix, celui qui est étiqueté d’extrême-droite, 3 847 voix, le candidat MRP, 2 383 voix et l’indépendant, 1 696 voix. Le communiste Marcel Guizart, en troisième position, ne se désiste pas en faveur du maire. Au second tour, ce dernier est battu par son adversaire Union pour la nouvelle République (UNR) Pascal Marchetti par 38,52 % des 48 109 suffrages exprimés contre 38,97 % au vainqueur et 22,5 % pour le candidat communiste.

Aux législatives suivantes, celles des 18 et 25 novembre 1962, Gaston Defferre se présente dans la troisième circonscription des Bouches-du-Rhône, sociologiquement et politiquement plus accessible. Jean Masse obtient l’investiture de la SFIO dans la huitième. Au premier tour, il arrive en tête avec 14 197 voix, soit 32,8 % des suffrages exprimés. Il devance ainsi le député UNR sortant Pascal Marchetti (28 %) et le candidat communiste Marcel Guizart (26,4 %) qui se désiste en faveur du socialiste. Avec 27 228 voix, soit 61,9 % des suffrages exprimés, Jean Masse l’emporte aisément sur son adversaire gaulliste au second tour.

A l’Assemblée nationale, il s’inscrit au groupe socialiste et siège à la commission de la production et des échanges. Il ne dépose aucune proposition de loi et intervient à trois reprises en séance publique. Le 17 juillet 1963, il dénonce la volonté gouvernementale de supprimer les « grèves tournantes » car, selon lui, « il s’agit là d'une nouvelle atteinte au droit de grève, d'une attaque sans précédent contre les droits acquis, contre les moyens de défense de la classe ouvrière ». Le 20 novembre 1964, il se saisit de l’occasion offerte par un débat sur les fraudes au baccalauréat dans la ville de Marseille pour dénoncer l’acharnement du gouvernement contre la cité phocéenne. Il considère comme impérieuse la « nécessité de développer l’enseignement secondaire proportionnellement à l’expansion de la ville ». Lors de la discussion du budget des rapatriés dans le projet de loi de finances pour 1966, il regrette que la ville de Marseille et le département des Bouches-du-Rhône, soient si mal dotés financièrement, alors qu’ils sont les principaux réceptacles des rapatriés d’Algérie.

Lors de cette législature, Jean Masse vote contre la ratification du traité de l’Elysée entre la France et la RFA (13 juin 1963), le projet de loi relatif à certaines modalités de grève dans les services publics (26 juillet 1963), la réforme électorale municipale (21 mai et 17 juin 1964) et celle du service militaire (26 mai 1965) et s’abstient volontairement lors du vote du projet de loi constitutionnelle portant modification des dispositions de l’article 28 de la Constitution sur la durée des sessions parlementaires (20 décembre 1963).

Candidat à sa propre succession lors des élections législatives des 5 et 12 mars 1967, Jean Masse recueille au premier tour 19 489 voix, soit 33,7 %, des voix, contre 24,3 % au candidat communiste Marcel Tassy et 27 % au candidat gaulliste Pascal Marchetti. Le retrait de ce dernier permet au député sortant de retrouver son siège avec 36 629 voix, soit 64,5 % des suffrages exprimés.

A l’Assemblée nationale, il s’inscrit d’abord au groupe socialiste, puis rejoint celui de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui unit son groupe et celui du Rassemblement démocratique le 3 avril 1967. Il siège à la commission de la production et des échanges et ne dépose aucune proposition de loi ni n’intervient en séance publique.

Jean Masse vote naturellement les trois motions de censure déposées contre le gouvernement Pompidou, les 20 mai, 9 et 16 juin 1967, ainsi que la dernière de la législature, le 22 mai 1968.

Il se représente de nouveau lors des élections législatives anticipées des 23 et 30 juin 1968, sous l’étiquette FGDS-SFIO. Avec 17 095 voix, soit 30,3 % des suffrages exprimés, il devance certes son concurrent communiste Marcel Tassy, mais arrive très nettement derrière le candidat gaulliste Maurice Bertrand, qui rassemble 42,3 % des suffrages. Le désistement du candidat communiste en sa faveur au second tour permet cependant à Jean Masse de conserver son siège, avec 29 726 voix, soit 52,7 % des suffrages exprimés.

Le 11 juillet 1968, Jean Masse s’inscrit au groupe FGDS puis, le 3 octobre 1969, au groupe socialiste reformé dès le début de la législature. Il rejoint de nouveau la commission de la production et des échanges et ne dépose aucune proposition de loi ni n’intervient en séance publique.

Durant cette quatrième législature, il vote comme toujours à l’unisson de son groupe. Il se prononce ainsi pour le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968), et pour ceux relatifs à l’exercice du droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968), tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens (28 mai 1970), relatif au service national, réduisant la durée de celui-ci à douze mois (10 juin 1970) et relatif aux incompatibilités parlementaires. Il vote en revanche contre le projet de loi tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance (4 juin 1970) ou portant création et organisation des régions (27 avril 1972). Il refuse également la confiance au gouvernement les 16 septembre 1969, 15 octobre 1970 et 24 mai 1972.

Lors des élections législatives des 4 et 11 mars 1973, Jean Masse brigue une nouvelle fois le suffrage des électeurs de sa circonscription. Il arrive en tête du premier tour avec 20 846 voix, soit 31,6 % des suffrages exprimés, et devance ses concurrents communiste et gaulliste, Marcel Tassy et Maurice Bertrand, qui recueillent respectivement 27,7 % et 24,8 % des votes. Le retrait du candidat communiste assure à nouveau à Jean Masse une réélection facile puisqu’avec 40 699 voix, il rassemble 61,4 % des suffrages exprimés.

Il s’inscrit au groupe Socialistes et radicaux de gauche et est nommé membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. Il ne dépose aucune proposition de loi ni n’intervient en séance publique durant cette cinquième législature.

Il refuse la confiance au gouvernement les 12 avril 1973, 6 juin 1974 et 28 avril 1977, s’oppose aux projets de loi constitutionnelle modifiant, l’un, l’article 6 de la Constitution portant sur la durée du mandat présidentiel (16 octobre 1973), l’autre, l’article 25 portant sur les suppléants des parlementaires (17 octobre 1974). Ces projets ne furent finalement pas soumis au Congrès. Il s’oppose également, le 14 juin 1976, à Versailles, à la révision de l'article 7 de la Constitution qui prévoit la situation de décès d'un candidat à l'élection présidentielle. En revanche, il vote pour le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (28 novembre 1974) et celui portant réforme du divorce par consentement mutuel (4 juin 1975). Il se prononce enfin en faveur de l’élection au suffrage universel direct des représentants à l’Assemblée des Communautés européennes (21 juin 1977).

Jean Masse décide de ne pas se représenter lors des élections législatives des 12 et 19 mars 1978, mais conserve ses mandats municipaux et départementaux. Elu conseiller municipal de Marseille en 1947, il est, de 1953 à 1983, adjoint au maire chargé de la voirie et l’un des acteurs locaux les plus influents. Considéré comme l’un des principaux barons du defferrisme, il renonce à se représenter en 1983 en raison de son inculpation pour complicité d’escroquerie dans l’affaire des fausses factures de la mairie de Marseille. La chambre d’accusation de Paris rend finalement un non-lieu en sa faveur, en janvier 1986.

Incarnation d’une culture politique marseillaise caractérisée par le rôle, important, des relations personnelles et la nécessité d’une activité de tous les instants sur le terrain, Jean Masse, qui est toujours resté fidèle à son fief électoral du quartier de Château-Gombert dans le treizième arrondissement, en fut également le conseiller général. Elu pour la première fois en 1945, il retrouve son siège sans discontinuer jusqu’en 1985. Homme fort du conseil général des Bouches-du-Rhône, il le préside, de de 1957 à 1959, mais perd son siège lors des élections cantonales des 10 et 17 mars 1985, en raison de la forte poussée de la droite dans le département et de ses démêlés d’alors avec la Justice. Cet échec local, le premier de son long parcours politique, met un terme définitif à sa carrière politique d’autant que le combat contre la maladie se fait plus rude.

Retiré dans son quartier natal de Château-Gombert, il y décède le 10 août 1987. Il était officier de la Légion d’honneur.