Histoire d'une rivalité

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C’est l’histoire d’une rivalité célèbre.

Celles de deux adversaires, dont les échanges, souvent hostiles, n’empêchaient pas l’admiration.

Jaurès et Clemenceau : deux destins politiques hors norme, deux incarnations de la France, deux orateurs exceptionnels, qui se sont affrontés plus d’une fois dans l’hémicycle.

La verve de Clemenceau contre l’éloquence de Jaurès : leurs duels oratoires ont marqué l’histoire parlementaire.

Dans ces débats mémorables, il nous reste la trace de leurs différences.

Jaurès l’idéaliste, l’humaniste désireux d’œuvrer par le socialisme pour l’émancipation de la classe ouvrière. Clemenceau, l’homme d’État, le réaliste, l’incarnation de l’ordre et de la fermeté, hostile au collectivisme tout en étant l’artisan de réformes sociales.

Divisés sur la question sociale et, plus tard, sur celle de l’entrée en guerre contre l’Allemagne, Jaurès et Clemenceau n’ont pourtant pas toujours été des adversaires.

Républicains au début de leur parcours politique, les deux hommes sont issus des rangs de la gauche. Clemenceau fut l’un des piliers du Parti radical. Jaurès, la figure majeure du socialisme en France.

À la fois journalistes, rédacteurs en chef et fondateurs de journaux : Jaurès et Clemenceau furent tous deux d’ardents défenseurs de la liberté de la presse. Le premier fonda le journal l’Humanité en 1904. Le second participa à de nombreuses aventures éditoriales.

Plusieurs causes furent, par-delà les différences, communes aux deux hommes : comme la défense des grévistes de la mine de Carmaux en 1892, la séparation des Églises et de l’État, la création de l’impôt sur le revenu, le développement de la protection sociale, la critique du colonialisme, ou le combat pour la reconnaissance de l’innocence du capitaine de Dreyfus.

Jean Jaurès fut assassiné à Paris par un nationaliste le 31 juillet 1914, trois jours avant le déclenchement de la guerre qu’il voulut à tout prix empêcher.

Chef de guerre victorieux en 1918, Georges Clemenceau a acquis le rang de héros national.

En posant deux plaques à leur nom dans l’hémicycle, l’Assemblée nationale rend hommage le 7 novembre 2018 à Jean Jaurès et George Clemenceau.