Irénée Bourgois

1926 - 1989

Informations générales
  • Né le 8 janvier 1926 à Dieppe (Seine-Inférieure - France)
  • Décédé le 11 juillet 1989 à Dieppe (Seine-Maritime - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 19 mars 1978 au 22 mai 1981
Département
Seine-Maritime
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie de la Ve République

BOURGOIS (Irénée, Jean-Paul)
Né le 8 janvier 1926 à Dieppe (Seine-Inférieure)
Décédé le 11 juillet 1989 à Dieppe (Seine-Maritime)

Député de la Seine-Maritime de 1978 à 1981

Irénée Bourgois a été l’une des grandes figures communistes du département de la Seine-Maritime. Né le 8 janvier 1926 à Dieppe (Seine-Inférieure), il accomplit des études universitaires au terme desquelles, titulaire d’une licence ès sciences, il devient professeur de mathématiques et de physique-chimie. Certifié en mathématiques, il choisit l’enseignement technique pour l’exercice de sa profession. Marié à Monique Lugand, il est le père de deux enfants.
Sa carrière politique débute à la faveur d’une élection cantonale partielle, le 30 novembre 1969, dans le canton occidental de Dieppe. Il y est élu et entre à l’assemblée départementale de Seine-Maritime, comme représentant du Parti communiste français (PCF). Il y est réélu, le 8 mars 1970. Membre du comité fédéral du Parti pour la Haute-Normandie, Irénée Bourgois est candidat d’Union de la gauche – avant que les accords éponymes de 1972 ne soient signés entre le PS, le PCF et le MRG – aux élections municipales de Dieppe, au mois de mars 1971. Il en sort vainqueur et n’a de cesse, à compter de ce mandat, de renforcer son ancrage local ; élu conseiller régional de Haute-Normandie, en 1973, il est réélu au conseil général en 1976, et conserve son mandat de premier magistrat, au mois de mars 1977.
Au printemps 1973, il se porte candidat à la députation dans la neuvième circonscription de la Seine-Maritime. Cette partie du département regroupe les cantons de Dieppe, d’Envermeu, d’Eu, de Longueville-sur-Scie et d’Offranville. Candidat du Parti communiste français (PCF), à la suite de son camarade Léon Roge, conseiller général communiste, et secondé par le professeur d’éducation physique Jean Garraud, le maire de Dieppe, confronté à cinq autres candidats, obtient 30,3% des suffrages exprimés au premier tour. Le député sortant gaulliste, Raymond Offroy, ministre plénipotentiaire hors classe, l’emporte cependant au second tour, rassemblant 52,1% des voix. Au scrutin des 11 et 18 mars 1978, la nouvelle candidature du maire de Dieppe bénéficie du renforcement de sa position politique locale. Onze candidats sont en lice au premier tour de scrutin, mais deux postulants se dégagent nettement de la bataille électorale : le député sortant Raymond Offroy et Irénée Bourgois lui-même, détaché depuis 1976 - et sans traitement – de l’éducation nationale, pour l’exercice de ses fonctions de maire. L’élu dieppois n’obtient que 21 038 des 59 492 suffrages exprimés, ce qui le place en tête, mais de 676 voix seulement, devant le député sortant, qui en rassemble 20 362. Au soir du second tour, le maire et conseiller général de Dieppe, est finalement élu à 849 voix près, avec 50,7% des 60 667 suffrages exprimés, soit avec 30 758 voix. Raymond Offroy, son seul concurrent, obtient 29 909 suffrages. Dans sa profession de foi, Irénée Bourgeois, qui est à nouveau secondé par Jean Garraud, maire du Tréport, s’est décrit comme le « député du changement ». Il insiste longuement sur les difficultés économiques de la vie quotidienne : chômage, austérité, inflation, hausse des prix. Il a placé, de surcroît, sa candidature, sous le signe du « changement », de la « liberté » et de « l’intérêt général ». Son ambition politique tient dans une expression, récurrente dans la campagne électorale d’Irénée Bourgeois : « faire payer les riches ».
A son arrivée à l’Assemblée nationale, Irénée Bourgois s’inscrit au groupe communiste. Son élection, un temps contestée, est validée le 25 mai 1978, à la suite du rejet de la requête en contestation par le Conseil constitutionnel. Le député communiste de la neuvième circonscription est nommé membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées. Il y siège jusqu’au mois d’octobre 1980, date à laquelle il rejoint la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Par ailleurs, il est membre d’une commission d’enquête et, à titre de suppléant, siège dans une commission mixte paritaire (C.M.P.). Au cours de son mandat, il dépose, le 28 juin 1979, une proposition de loi tendant à reconnaître aux correcteurs pigistes, travaillant à domicile, la qualité de salariés.
Il intervient dans le contrôle gouvernemental, en posant deux questions à l’équipe conduite par Raymond Barre : une question orale avec débat et deux questions orales sans débat. Elles ont trait à l’économie portuaire du département de Seine-Maritime, du trafic du port de Dieppe (31 octobre 1979) à la construction navale (2 juin 1978) et à la pêche maritime (3 octobre 1980). Irénée Bourgois prend la parole à l’occasion de quatre grandes discussions. Le 15 juin 1978, lors d’une déclaration du gouvernement sur la politique de défense, il souligne le problème des retraités militaires, et met en lumière les inégalités en matière de pension d’invalidité et de pension de réversion. Il rappelle le problème de la garantie du droit du travail après la retraite des militaires.
Ces prises de parole ultérieures interviennent lors de la discussion des projets de loi de finances pour 1979, 1980 et 1981. A chaque reprise, Irénée Bourgeois monte à la tribune, lorsque les crédits militaires sont à l’ordre du jour des discussions. Le 7 novembre 1978, il remet en cause le service militaire par la diminution des effectifs du contingent, l’absence de responsabilité confiée aux appelés et l’utilisation du contingent pour briser les grèves. Il regrette, par ailleurs, l’extrême faiblesse du recrutement pour la préparation militaire.
L’année suivante, le 9 novembre 1979, il prend la parole également dans la discussion des crédits militaires. Il s’intéresse également au budget du ministère des transports, en regrettant la baisse des crédits consacrés aux ports et aux voies navigables, le 23 octobre 1979. Il s’emporte contre les « crédits dérisoires », alloués à la liaison « Mer du Nord – Méditerranée ». Il ne peut que condamner le déclin des ports secondaires, à l’instar de celui de Dunkerque. Au cours de la discussion du projet de loi des finances (PLF) pour 1981, le 21 octobre 1980, il est un ardent défenseur de la détaxation du carburant destiné aux marins pêcheurs.
Ses votes, sur les grands scrutins de la législature, attestent de l’opposition nette et définitive qu’Irénée Bourgeois manifeste à l’égard de la politique de Raymond Barre et de Valéry Giscard d’Estaing. Ainsi, le 20 avril 1978, vote-t-il contre la déclaration de politique générale du gouvernement. Il agit de même, le 5 janvier 1979, sur le projet de loi relatif à l’aide aux travailleurs privés d’emploi. En revanche, il approuve le texte d’initiative gouvernementale, et relatif à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), examiné par l’Assemblée nationale en première lecture, le 29 novembre 1979. Sur la réforme de la fiscalité directe locale, son refus est net, le 18 décembre 1979. En revanche, comme la représentation nationale à sa presque unanimité, il vote en faveur de la proposition de loi relative au viol et aux attentats à la pudeur, le 11 avril 1980. De la même manière, le 20 novembre suivant, il vote pour le projet de loi modifiant le code électoral, en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales. Sans surprise, le 18 décembre 1980, Irénée Bourgois vote contre le texte « Sécurité et liberté », défendu par le garde des Sceaux Alain Peyrefitte.
Au mois de janvier 1980, il est élu, à l’unanimité, maire de la ville nouvelle de Dieppe, issue de la fusion de l’ancienne commune éponyme avec Neuville-lès-Dieppe. La prise d’effet de cette fusion est fixée au 1er janvier 1980, fusion qui porte Dieppe au 224ème rang des villes françaises de plus de 30 000 habitants. Candidat au renouvellement de son mandat législatif, au mois de juin 1981, Irénée Bourgois n'arrive qu'en troisième position avec 13 665 voix contre 18 330 au candidat socialiste le professeur Jean Beaufils et 13 756 voix à Jean-Louis Bourlanges, auditeur à la Cour des Comptes et candidat gaulliste. Irénée Bourgois se retire au second tour et demande à ses électeurs de reporter leurs suffrages sur le candidat socialiste, afin d’assurer la victoire de la gauche dans la neuvième circonscription de la Seine-Maritime.
Irénée Bourgeois est réélu maire de Dieppe en mars 1983, puis en mars 1989, cette fois-ci à la tête d’une liste d’union de la gauche. Entre-temps, en 1988, il ne parvient pas à reconquérir son siège de député, perdu en juin 1981.
Affecté par la mort brutale de son fils, dans un accident de la route, et affaibli par une opération chirurgicale du cœur, Irénée Bourgois disparaît le 11 juillet 1989. Avec lui, c’est une personnalité appréciée bien au-delà des clivages politiques qui s’en va, laissant l’image forte d’un homme qui, d’après son successeur au Palais-Bourbon, Jean Beaufils, « avait le sens de l’autre », et à qui « aucune détresse n’était étrangère ». Irénée Bourgois était âgé de 63 ans.