Anne, Pierre de Montesquiou-Fezensac

1739 - 1798

Informations générales
  • Né le 17 octobre 1739 à Paris ( - Généralité de Paris France)
  • Décédé le 30 décembre 1798 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 14 mars 1791 au 29 mars 1791

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 16 mai 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Paris (Type : Ville)
Groupe
Noblesse

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, né à Paris (Généralité de Paris) le 17 octobre 1739, mort à Paris (Seine) le 30 décembre 1798, il appartenait à une branche de la vieille famille de Montesquiou, première baronnie d'Armagnac. Le marquis de Montesquiou-Fézensac gagna un procès dans lequel il avait établi sa généalogie depuis Clovis. Elevé à la cour et menin des enfants de France, il fut destiné à l'état militaire, entra, d'abord aux mousquetaires, et devint, en 1761, colonel du régiment Royal-Vaisseaux. Brigadier des armées du roi en 1768, premier écuyer du comte de Provence en 1771, il obtint, en 1776, par lettres patentes de Louis XVI, le droit de joindre à son nom celui de Fézensac, fut nommé maréchal-de-camp le 1er mars 1780, et reçut le collier de l'ordre du Saint-Esprit en 1784.

Il avait gris le goût des lettres dans la compagnie de Monsieur, et, à la mort de l'ancien évêque de Limoges, M. de Coëtlosquet, il brigua sa succession à l'Académie française, quoiqu'il n'eût jamais rien publié. Il n'en fut pas moins admis à la fin de 1784, et, à la séance de réception, à laquelle assistait Gustave III, roi de Suède, Suard lui adressa des éloges un peu hyperboliques à propos d'une comédie de sa composition, le Minutieux, jouée dans son salon en 1777.

M. de Montesquiou, imbu, comme beaucoup de gentilshommes de son temps, des idées philosophiques à la mode, fut élu, le 16 mai 1789, député de la noblesse aux Etats généraux par la ville de Paris. Des premiers, il se joignit aux représentants des communes, traita surtout les questions financières, et fit, à cette occasion, un certain nombre de rapports, notamment sur la suspension de l'arriéré, la réduction des pensions, la régularité des liquidations, la liberté du commerce de l'or et de l'argent. Il obtint la nomination d'une commission de surveillance du trésor, demanda que les assemblées coloniales fussent appelées à rédiger elles-mêmes le code relatif aux esclaves, et que la liste civile fût fixée par une loi. Rapporteur de la commission des assignats, il en détermina le mode d'émission, et indiqua le moyen d'en éviter le discrédit ; il se montra partisan de l'abolition de l'ordre militaire de Saint-Louis et de son remplacement par le mérite militaire. Après l'affaire de Varennes, il envoya au comte de Provence sa démission d'écuyer, accompagnée d'une lettre où il exposait ses idées et les causes de sa rupture avec le parti des princes.

Au commencement de 1791, il devint président de la Constituante, fut promu lieutenant-général le 20 mai 1791, et élu, le 29 octobre 1791, après la dissolution de l'Assemblée, administrateur de Paris.

En même temps, il fut appelé au commandement de l'armée du Midi. Il se rendit d'abord à Avignon, où avaient eu lieu des scènes de désordre, et y prit les mesures nécessaires à la défense du pays. Quand le roi de Sardaigne se joignit à la coalition, Montesquiou voulut prendre immédiatement l'offensive et pénétra en Savoie. Mais il éprouva beaucoup de difficultés à faire accepter son plan par le comité exécutif, qui le destitua, puis le renomma, et finalement lui laissa toute liberté pour agir. Il entra alors en Savoie le 22 septembre 1792.

À son arrivée à Chambéry, le 25, il fut l'objet de la part des habitants des manifestations les plus sympathiques. Une députation des autorités de Chambéry vint le chercher au château de la Marche, où était son quartier général, pour le prier de prendre possession de la ville. « Nous étions, lui dirent-ils, Français de langage et de cœur, nous le sommes à présent par la victoire. » En quelques jours, et sans coup férir, il occupa le pays entier. Sur son ordre, le général Anselme s'établissait dans le comté de Nice.

Malgré ces rapides succès militaires, la position du général Montesquiou devenait difficile. Très attaché à la monarchie constitutionnelle, il avait, après le 10 août, fait les plus grands efforts pour rallier à ses idées le parti des Girondins ; il avait eu, à cette occasion, des entrevues avec Vergniaud, Pétion, Gensonné et Isnard, on le savait à la Convention. Dubois-Crancé appuya, le 9 novembre 1792, un décret d'accusation contre lui, pour avoir compromis la dignité de la République en traitant, sans mandat, avec les magistrats de Genève, l'éloignement des troupes suisses.

Prévenu à temps, Montesquiou se réfugia, en Suisse, à Bremgarten, dans le canton de Zurich, où il resta jusqu'à la chute de Robespierre.

Le 22 juillet 1795, il adressa à Louvet une lettre dans laquelle il disait : « J'ai mérité plus que personne le titre de « constitutionnel », non que j'eusse une passion aveugle pour la Constitution de 1791, mais parce qu'elle était la première digue contre l'abus du pouvoir arbitraire. J'ai haï de tout mon cœur la république de Robespierre, j'eusse préféré de vivre à Constantinople et au Maroc, au malheur d'habiter un pays où l'anarchie avait un code, des principes absolus et autant de bourreaux que de juges. »

Il demandait aussi à rentrer. Prévenant la réponse, il rentra aussitôt (fin juillet) ; mais sa demande ne fut officiellement accueillie que par un décret du 3 septembre 1795.

En 1797, il fit partie du « cercle constitutionnel » que le Directoire essaya d'opposer au club de Clichy : il fut aussi question de lui pour le ministère; il mourut l'année suivante.

On a de lui :
- Emilie ou les joueurs, comédie en cinq actes, en vers (1787) ;
- Aux trois ordres de la nation (Paris. 1789) ;
- Esquisses de l'histoire, de la religion, des sciences et des mœurs des Indiens, traduit de Crawford (Paris, 1791) ;
- Mémoire sur les finances du royaume (Paris, 1791) ;
- Mémoire sur les assignats (Paris, 1791) ;
- Mémoire justificatif (1792) ;
- Coup d'œil sur la Révolution française par un ami de l'ordre et des lois (Hambourg, 1794) ;
- Correspondance avec les ministres et les généraux de la République pendant la campagne de Savoie et les négociations avec Genève en 1792 (Paris, 1796) ;
- Du gouvernement des finances de la France.