Moussa Ali Abdoulkader

1923 - 1986

Informations générales
  • Né le 1er janvier 1923 à Djibouti (Djibouti)
  • Décédé le 26 septembre 1986 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 23 avril 1967 au 30 mai 1968
Département
Territoire français des Affars et des Issas
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Territoire français des Affars et des Issas
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

ABDOULKADER (Moussa Ali)
Né le 1er janvier 1923 à Djibouti (Côte française des Somalis)
Décédé le 26 septembre 1986 à Paris

Député de la Côte française des Somalis (1967), par la suite Territoire français des Afars et des Issas de 1967 à 1973.

D’origine afare, Moussa Ali Abdoulkader naît à Obock en 1923. Marié et père de quatre enfants, il est navigateur de 1946 à 1952, puis technicien de la Santé publique, œuvrant à « l’amélioration des conditions de vie de [ses] concitoyens », comme il le souligne dans sa circulaire de candidature, avant d’être élu conseiller de Tadjourah et Obock à l’assemblée territoriale de la Côte française des Somalis en novembre 1963, puis nommé ministre des Affaires économiques du territoire l’année suivante. Celui-ci reste alors à l’écart du mouvement de décolonisation qui a réuni les côtes somalies italienne et britannique en une république indépendante, en juillet 1960. Lors de la consultation du 19 mars 1967, organisée à la suite des échauffourées d’août 1966 qui ont marqué la visite du général de Gaulle, les partisans de l’indépendance obtiennent 14 666 voix, ceux du maintien de l’autorité française 22 555. Moussa Ali Abdoulkader, qui est favorable à cette dernière, se porte candidat à l’élection législative fixée au 23 avril, quelques semaines après les élections générales de métropole. Il se présente en successeur du député sortant Ahmed-Idriss Moussa, élu sous les couleurs de l’Union pour la nouvelle République (UNR) et mène campagne sous l’étiquette d’un rassemblement démocratique afar favorable au maintien du territoire sous la protection française. Il cherche cependant à rallier sous son nom les partisans du rattachement « sans considération de rivalités personnelles ou tribales périmées ». Alors qu’en 1962, la circonscription de Tadjourah et Obock ne comptait que 25 193 inscrits, on en dénombre presque 40 000 en avril 1967. Pas moins de six concurrents sont en lice pour le siège de député. Dans un contexte de forte participation, Moussa Ali Abdoulkader est élu très largement dès le premier tour, obtenant 66,2 % des suffrages exprimés, contre seulement 32,1 % à son principal adversaire, le conseiller territorial Abaneh Idriss Farah, candidat du Parti du mouvement populaire (PMP), favorable à l’indépendance.

L’élection de Moussa Ali Abdoulkader est communiquée à l’Assemblée le 26 avril. Son adhésion au groupe gaulliste de l’Union démocratique pour la Ve République (UD-Ve) est annoncée dès le 28 avril et sa nomination à la commission de la défense nationale et des forces armées le 16 mai. Pourtant il ne participe pas au débat du 13 juin 1967 qui se conclut par l’adoption du projet de loi qui réorganise le territoire de la Côte française des Afars et des Somalis en territoire français des Afars et des Issas (TFAI), doté d’une chambre des députés. L’activité parlementaire de Moussa Ali Abdoulkader reste limitée durant cette législature écourtée. En juin 1968, la dissolution de l’Assemblée nationale dans le contexte des événements de mai, amène Moussa Ali Abdoulkader à se représenter devant les électeurs, comme candidat officiel de l’UD-Ve république. Sa profession de foi électorale présente le général de Gaulle comme le « plus sûr garant » des principes de la « vraie démocratie ». Le candidat entend « poursuivre, dans la paix sociale, la politique de justice et de liberté du général de Gaulle ». N’affrontant qu’un seul concurrent, le député sortant connaît une réélection très confortable, remportant 85,1 % des suffrages exprimés dès le premier tour.

Inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la République (UDR), Moussa Ali Abdoulkader retrouve les bancs de la commission de la défense nationale, dont il est membre tout au long de la législature. Son activité parlementaire se concentre essentiellement sur les questions relevant du territoire des Afars et Issas. Il dépose, le 10 octobre 1968, une proposition de loi visant à modifier la loi de 1963 organisant l’assemblée territoriale du TFAI. Il intervient à trois reprises dans les débats parlementaires ayant pour objet sa circonscription. Moussa Ali Abdoulkader s’y montre soucieux de respecter, dans la représentation politique, les équilibres de la population du territoire. Le 9 mai 1972, le député intervient également pour approuver le projet de loi organisant l’état civil du TFAI, saluant l’effort du gouvernement pour s’adapter aux réalités locales et comprendre « des coutumes ancestrales différentes, voire radicalement opposées aux règles législatives métropolitaines, en ce qui concerne notamment les mariages et les divorces ». Lui-même marié à une seconde épouse en 1965, précise : « Ce n’est pas sans une satisfaction émue que j’ai constaté, à la lecture du projet de loi, que le statut civil personnel de mes concitoyens serait de toute manière préservé, ce qui implique que la coutume coranique, à laquelle sont attachés tous les actes de notre vie, serait rigoureusement respectée. C’était essentiel, en effet, car cela touchait étroitement au respect de la personne humaine, de ses coutumes, de ses croyances. »

Le député témoigne de son soutien à l’exécutif en votant en faveur du gouvernement lors des grands scrutins de cette législature. Il approuve les déclarations de politique générale du gouvernement, les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972, le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur en octobre 1968, celui relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises en décembre 1968, le renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens en mai 1970, le projet de loi Pleven dit « anticasseurs » et l’abaissement du service national à douze mois, en juin 1970, ainsi que la création des régions le 27 avril 1972.

En 1973, Moussa Ali Abdoulkader ne se représente pas aux élections législatives et un candidat de l’UDR, Omar Farah Iltireh, lui succède au Palais-Bourbon. Il sera le dernier député du territoire français des Afars et Issas, qui accède à l’indépendance en 1977, après un nouveau référendum, en devenant la République de Djibouti.

Moussa Ali Abdoulkader meurt le 26 septembre 1986 à Paris, à l’âge de 63 ans.