Georges Delfosse

1921 - 1988

Informations générales
  • Né le 25 octobre 1921 à Lille (Nord - France)
  • Décédé le 24 janvier 1988 à Lille (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 6 mai 1978 au 22 mai 1981
Département
Nord
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 1er avril 1986
Département
Nord
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 25 janvier 1988
Département
Nord
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

DELFOSSE (Georges)
Né le 25 octobre 1921 à Lille (Nord)
Décédé le 24 janvier 1988 à Lille (Nord)

Député du Nord de 1978 à 1988

Georges Delfosse naît le 25 octobre 1921 à Lille, dans une famille catholique. Fils d’un électricien de la Compagnie continentale du gaz et d’une modiste, il est l’aîné d’une famille modeste. Il effectue une scolarité chrétienne au sein de l’Institution Charlemagne et obtient son certificat d’études primaires. Vendeur, puis employé, dès 1937, à la Compagnie continentale du gaz, il exerce la fonction d’ouvrier vérificateur. Son frère Pierre, âgé de 16 ans, le rejoint, dès 1940, au service « mutations et poses de compteurs ».

La médaille de la Résistance qu’il reçoit en 1947, comme la croix de la résistance polonaise qu’on lui décerne, attestent de son engagement durant les années sombres. La mobilisation de son père, comme l’influence de son jeune frère, à l’origine de la création d’un groupe de Résistants, puis officier de renseignement des Forces françaises de l’intérieur (FFI) deux ans plus tard, s’avèrent déterminantes. Requis dès la fin de l’année 1942 par le Service du travail obligatoire (STO), Georges Delfosse est envoyé aux aciéries de Maubeuge, puis de Hautmont, avant d’être finalement désigné pour partir en Allemagne. Il profite cependant d’un bombardement pour s’échapper du train. Entré dans la clandestinité, il assure la liaison entre les différents groupes de Résistance d’inspiration chrétienne. Il prend ainsi en charge l’hébergement d’aviateurs anglais, participe à des actions de sabotage, tel l’attentat en juin 1943 qui paralyse pendant deux mois l’usine Fives-Lille, réquisitionnée par l’occupant pour son matériel ferroviaire, et fournit enfin des renseignements au War Office, par le biais du réseau Sylvestre-Farmer (ce dernier est spécialisé dans les sabotages et dans la prise de renseignement sur les rampes V1). Avec le grade de lieutenant des FFI, il organise en février 1944, toujours aux côtés de son frère, la 34e compagnie de jeunes Résistants, forte de 195 hommes, qui couvre un vaste secteur couvrant Lomme, Lambersart et Lille-Vauban. Il participe enfin aux combats de la Libération de Lille en septembre 1944, ainsi qu’au siège de Dunkerque.

Cet engagement est à mettre en relation avec son militantisme local au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Dès 1941, sous l’influence de son ami Eugène Descamps, il met en place une section au Canon d’or (Lambersart) et prend en charge le patronage du quartier. Président de la fédération de Lille-Ouest, puis du centre régional de Lille en 1944, il devient permanent l’année suivante, et entre finalement dans l’équipe des dirigeants nationaux comme responsable régional pour la fédération du Nord-Pas de Calais en 1949. Ses origines familiales, comme son expérience acquise au sein de la JOC (dont il est devenu membre national), l’orientent naturellement vers le Mouvement républicain de Libération (MRL) fondé en 1944 par des résistants catholiques, qui devient le Mouvement républicain populaire (MRP).

A la différence de son frère qui n’y effectue qu’un bref passage, Georges Delfosse s’investit pleinement dans ce mouvement démocrate-chrétien et centriste. Il est europhile et partisan d'une vision non conservatrice et sociale du catholicisme politique. Responsable national des Équipes ouvrières, il est appelé en 1951 à siéger au bureau de l’Action catholique ouvrière (ACO). Le 28 mars 1953, il épouse à Montreuil Jeannine Le Déan avec qui il aura deux fils.

Malgré son opposition à la politique menée par le MRP en Indochine, il est nommé secrétaire général adjoint du parti en 1956. La même année, envoyé dans la Somme, il y affronte pour la première fois le suffrage universel lors des législatives de janvier. A la tête de la liste du MRP et du Groupement national des républicains démocrates, il ne peut qu’acter l’effondrement du mouvement qui, relégué à la sixième position, récolte à peine 13 035 voix. Celui-ci est nettement devancé par les communistes emmenés par le député sortant Louis Prot (79 183 voix), et aussi par les socialistes conduits par Max Lejeune, maire d’Abbeville et président du conseil général de la Somme (60 533 voix). De nouveau candidat en 1958, dans la première circonscription du Nord (Lille-Centre et Lille-Ouest), Georges Delfosse obtient des résultats encourageants au premier tour, avec 24,1% des voix. Arrivé en seconde position, il confirme le redressement du MRP (largement porté par son soutien à De Gaulle), et bénéficie, au second tour, du retrait du candidat socialiste. Face au leader des Indépendants et paysans, Bertrand Motte, arrivé en tête au premier tour avec plus de 30% des suffrages, la SFIO entend ainsi tout mettre en œuvre pour empêcher l’élection d’une grande figure du milieu patronal. Se présentant, du fait de ses « origines modestes », comme le mieux placé pour « défendre les intérêts des classes laborieuses », Georges Delfosse ne parvient toutefois pas à s’imposer. Les élections suivantes, en 1962, ne lui seront guère plus favorables, d’autant que, comme bien d’autres cadres de la fédération du Nord, l’homme émet certaines réserves qui reflètent les clivages internes du mouvement. La question du travaillisme - et plus particulièrement les relations avec les socialistes -, sans oublier la réforme constitutionnelle (l’élection du président de la République au suffrage universel direct), le laissent pour le moins perplexe. L’homme n’est pas non plus sans s’interroger sur la nature de la double fidélité de Maurice Schumann, estimant qu’en 1947 ce dernier « préfère la doctrine et la stratégie au général de Gaulle », alors qu’en 1958 c’est son attachement à de Gaulle qui prime puisque celui-ci est en désaccord avec le MRP sur l’Europe et sur les affaires coloniales et que le type de scrutin change les données politiques. Arrivé en troisième position (15,1%), il est largement distancé par Louis Christiaens, candidat de l’Union pour la nouvelle République (UNR), ancien député de la seconde circonscription et secrétaire d’État aux Forces armées dans le gouvernement Gaillard (1957-1958) qui recueille 43,72% des suffrages exprimés, et dans une moindre mesure par le député sortant Bertrand Motte (17,2%), Georges Delfosse ne peut donc se maintenir au second tour. Hostile au courant travailliste à l’intérieur du MRP, il devient membre du Comité d’études et de liaisons des démocrates en 1964 et demeure à l’écart du Centre démocrate lancé par Jean Lecanuet. Élu conseiller municipal à Lambersart en 1965, il se présente pour la troisième fois dans la première circonscription du Nord lors des législatives de 1967. Actant la disparition du MRP, il se présente cette fois sous l’étiquette gaulliste « Union des démocrates dans la Ve République », ancienne Union pour la nouvelle République (UNR). Bien que se recentrant sur les enjeux locaux (modernisation du centre-ville et de réhabilitation du Vieux-Lille), et reléguant au second plan les questions nationales, sa candidature se solde par un nouvel échec.

Dorénavant chargé de l’administration de la maison de retraite du Clos Fleuri de Saint-André (1967), l’homme ne renonce nullement à l’action politique. Proche de Joseph Fontanet, il est, dès 1969, responsable départemental du CDP (Centre démocratie et progrès). En 1974, il prend la présidence du CDS (Centre des démocrates sociaux) dans le Nord, au moment de la réunification centriste. Son emprise sur son fief de Lambersart se consolide en 1973 avec la succession du maire Jules Maillot, démissionnaire. Contre toute attente, il est élu maire au terme d’un rude affrontement avec Jacques Doscot, alors premier adjoint au maire, à la suite de dissensions dans les rangs UDR et Indépendants de cette mairie traditionnellement tenue par les gaullistes. Conseiller général du canton de Lille-Ouest dès 1975, réélu comme maire en 1977, conseiller régional du Nord-Pas-De-Calais en 1978, Georges Delfosse bénéficie du soutien de Norbert Segard, ami de longue date, figure locale et éminent universitaire, conseiller général du canton de Lille-centre, apparenté à l’Union pour la démocratie française (UDF), secrétaire d’État aux Postes, aux télécommunications et à la télédiffusion. Ce dernier l’impose, non sans mal, comme suppléant auprès des instances dirigeantes. Recueillant 53% des suffrages exprimés dès le 1er tour, Norbert Segard est élu. Il est nommé membre du gouvernement. Georges Delfosse le remplace et siège enfin au Palais-Bourbon.

Riche de son expérience acquise sur le terrain au sein de la démocratie chrétienne, au cœur d’une région ouvrière frappée de plein fouet par la désindustrialisation, le nouveau député du Nord est membre du groupe UDF et privilégie le champ social en siégeant à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il participe également à la commission d’enquête sur la situation de l’emploi et du chômage (1980), ainsi qu’à celle sur l’industrie textile (1980). Ses interventions, bien que très limitées, lors des débats consécutifs à des communications gouvernementales ou autour de projets/propositions de loi, montrent l’intérêt qu’il porte à la question sociale, à la liberté et la justice, tout en dénonçant l’irresponsabilité des propositions « collectivistes », « socialo-communistes » dont l’application « ruinerait l’économie française et amènerait le désordre dans le pays ». Les thèmes de ses prises de paroles vont des conditions d’accès à la retraite de certains fonctionnaires (juin 1980), à l’indemnisation des victimes d’infraction par le travail (juin 1980), de la maîtrise des dépenses de santé (novembre 1980) aux dépenses obligatoires d’enseignement primaire (décembre 1980).

Candidat UDF-CDS (Union pour la nouvelle majorité) aux élections législatives de juin 1981, Georges Delfosse distance son principal adversaire, le socialiste Christian Burie, de près de 11 points (47,30 contre 33,6% des suffrages exprimés pour ce dernier). Il est confortablement réélu au second tour (54,8 % des suffrages exprimés), grâce à un bon report des voix dissidentes à droite (les candidats Brigitte Loez et Jacques Marquis ayant recueilli au total sur leur nom un peu plus de 7,5% des suffrages). Il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il présente en 1981 une proposition de loi visant à modifier certaines dispositions du code des pensions militaires d’invalidité des victimes de guerre (octobre 1981). En novembre 1984, en séance publique, il intervient lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1985 sur le redéploiement industriel et le commerce extérieur, et plus particulièrement sur la politique charbonnière du gouvernement. Il présente enfin deux propositions de loi concernant l’indemnisation des personnes expropriées (juin 1985) et le paiement de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (octobre 1985).

Sur le plan local, il déploie une action énergique qui contribue à une profonde transformation de la ville Lambersart. Cette dernière reçoit de nombreux équipements sportifs, culturels, ainsi que d’installations pour personnes âgées. Georges Delfosse effectue notamment la modernisation de plusieurs groupes scolaires, la création d’une école de musique, la construction d’une piscine, l’organisation de centres aérés, et la réalisation du projet d’agrandissement de l’Hôtel de Ville. Il soutient les jumelages avec des communes étrangères. Réélu conseiller général du Nord (1982), maire de Lambersart (1983), puis président de l’Association des maires du Nord (1986), Georges Delfosse se représente la même année aux élections législatives du 16 mars, au scrutin de liste proportionnel départemental. Il mène la liste UDF. Fort de l’appui des grandes figures nationales du centre, de Raymond Barre à Philippe Léotard, il oriente sa campagne sur deux principaux axes : les libertés (le libéralisme économique face aux nationalisations socialistes, le libre choix de l’école après le retrait de la loi Savary de 1984) et la sécurité (lutte contre la délinquance, augmentation des moyens alloués aux forces de maintien de l’ordre public, contrôle accru des frontières, lutte contre l’immigration clandestine et politique d’aide au retour des immigrés). Bien que nettement distancée par la liste socialiste menée par l’ancien Premier ministre et maire de Lille Pierre Mauroy (qui recueille 30% des suffrages exprimés), la liste UDF, arrivée en quatrième position avec 12,3%, obtient trois élus.

Siégeant dorénavant à la commission de la défense nationale et des forces armées, le député UDF du Nord, présente quatre propositions de loi, lors de la séance du 14 avril 1987, sur des sujets déjà abordés lors de la précédente législature. Habile intercesseur, il n’oublie pas de porter à l’attention du gouvernement la délicate question du désengorgement de l’agglomération lilloise en termes d’infrastructures routières (octobre 1986), à l’occasion de l’examen des crédits de l’équipement et des transports prévus par le projet de loi de finances pour 1987.

Décédé le 24 janvier 1988, à l’hôpital Calmette de Lille, à l’âge de soixante-dix ans, des suites d’un cancer du poumon, il est remplacé au Palais-Bourbon par son suppléant Jean-Claude Decany (maire de Maubeuge), à la mairie de Lambersart par son adjoint Marc-Philippe Daubresse, et à l’assemblée départementale par son épouse Jeannine Le Déan. Figure incontournable de la démocratie chrétienne, il était considéré par ses proches comme la conscience ouvrière du CDS.