Jean, Henri, Camille Gabriac

1921 - 1976

Informations générales
  • Né le 10 juin 1921 à Salles-curan (Aveyron - France)
  • Décédé le 28 octobre 1976 à Millau (Aveyron - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 5 février 1973 au 1er avril 1973
Département
Aveyron
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 28 octobre 1976
Département
Aveyron
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

GABRIAC (Jean, Henri, Camille)
Né le 10 juin 1921 à Salles-Curan (Aveyron)
Décédé le 28 octobre 1976 à Millau (Aveyron)

Député de l’Aveyron de 1973 à 1979

Député de la troisième circonscription de l’Aveyron du 5 février 1973 au 29 octobre 1976, Jean, Henri, Camille Gabriac est le produit d’un rude terroir, celui des plateaux du Levezou et le produit de la méritocratie républicaine.
Il voit le jour le 10 juin 1921 à l’école publique de Salles-Curan où enseignent sa mère, Marie Pouget et son père, Camille, originaire du village voisin de Pont de Salars. Ce couple d’instituteurs est assez familier du milieu rural traditionaliste où il exerce, pour savoir que l’enracinement local de la laïcité dépend essentiellement du succès des élèves au certificat d’études. Jean Gabriac suit un autre cursus : internat du lycée de garçons de Rodez, baccalauréat scientifique, études de médecine à Toulouse puis à Paris, où il deviendra externe des hôpitaux. Ses études sont interrompues quand il s’engage volontairement en 1944 et sert jusqu’au mois d’août 1945 comme médecin auxiliaire du 1er bataillon FTPF de l’Aveyron. Un an plus tard, le 23 juillet 1946, il épouse une sud-aveyronnaise, Suzanne Pauc dont il aura deux enfants, Gilles et Anne qui deviendront tous deux médecins.
En 1951, Jean Gabriac ouvre à Millau un cabinet médical qui connaît un très grand succès en raison de sa compétence et de son humanité. Sa réputation s’élargit encore quand il devient chef du service médical de l’hôpital de Millau et médecin de la maison de retraite. Cette réputation lui vaut, aux élections municipales de 1965, d’être élu- et seul élu- sur la liste « apolitique » opposée à celle de la FGDS conduite par André Maury. L’inanité de son rôle l’amène à démissionner du Conseil municipal l’année suivante, mais cette expérience détermine son intérêt pour la chose publique. Il bénéficie d’une sorte de vide politique créé par la retraite politique du MRP Charles Dutheil qui avait été maire, député et conseiller général de Millau. Le 1er octobre 1967 Jean Gabriac est élu conseiller général, mandat qu’il perd en 1973 au profit de Gérard Deruy, socialiste issu de la Convention des institutions républicaines. En revanche, le 21 mars 1971, Jean Gabriac gagne la mairie de Millau, mandat qu’il assume avec la plus grande application dans une conjoncture difficile, marquée par l’effondrement de l’industrie locale (mégisserie, ganterie) et par les mouvements de protestation contre l’extension du camp militaire de La Cavalerie, sur le plateau du Larzac
Dans cette troisième circonscription, pour les élections législatives de mars 1967, il accepte d’être le suppléant du candidat UNR, maire et conseiller général de Salles-Curan, Louis Alexis Delmas, jusque là tenu à distance dans les triangulaires qui l’opposaient aux MRP Charles Dutheil et Roger Julien et à l’Indépendant Emmanuel Temple, faisant de l’Aveyron une sorte de bastion de résistance au gaullisme. Les élections de 1967 s’engagent dans un climat nouveau : l’image du député sortant, Roger Julien, est altérée par des difficultés intimes, Emmanuel Temple passe la main au CNI Bedel de Buzareingues, peu connu, les voix « de gauche » sont sollicitées par trois candidats, un radical-socialiste, un PSU et un PCF et, enfin, la campagne électorale de Louis Alexis Delmas est animée par quelques figures gaullistes, comme Alain Peyrefitte issu d’une famille aveyronnaise. Avec plus de 47% des voix au premier tour le tandem Delmas-Gabriac triomphe au second tour par 31 802 voix sur 48 459 suffrages exprimés. Le gain de plus de 3 000 voix dans la ville de Millau par rapport aux législatives de 1962 est, à l’évidence, un « effet Gabriac ». En 1968, Louis, Alexis Delmas et Jean Gabriac sont réélus dès le premier tour (23 juin), avec plus de 57% des suffrages.
Le décès de Louis Alexis Delmas, le 4 février 1973 fait accéder Jean Gabriac à l’Assemblée nationale pour quelques semaines seulement puisque les élections législatives sont fixées aux 4 et 11 mars. Candidat sous l’étiquette URP-UDR, il choisit pour suppléant Pierre Montredon, maire de Saint-Affrique, au risque de voir diminuer son audience dans les cantons ruraux, surtout dans le Segala et le Levezou : le président de la Chambre d’agriculture, maire de Salmiech, Henri Jaudon, est candidat sous l’étiquette du Rassemblement démocratique et social.
L’adversaire le plus important est le candidat UGSD, Gérard Deruy (qui arrivera en tête à Millau). Sous l’étiquette URP-UDR Jean Gabriac se présente dans sa profession de foi comme le seul candidat de la majorité contre le programme commun et il déclare : « Face aux groupes bruyants des utopistes et des fourbes, comme en 1968 serrons les rangs et faisons taire les rêveurs dangereux ».
Arrivé largement en tête au premier tour (près de 33%), Jean Gabriac est confortablement élu le 11 mars, avec plus de 41% des suffrages, devançant Gérard Deruy de 5 points à l’issue d’un scrutin marqué par une participation dépassant les 85%. Réélu, Jean Gabriac s’inscrit à la Commission de la production et des échanges. Il est également membre des groupes d’amitié France-Algérie et France-Espagne. Dans l’éloge funèbre qu’il fait de lui, le président Edgar Faure note qu’il n’intervient qu’une fois en séance publique, le 21 mai 1975, dans un débat sur les problèmes de défense : « Notre collègue parla en termes simples de l’irritante question du Larzac, cherchant à définir une solution qui respectât à la fois les impératifs de notre défense et ceux de l’aménagement du territoire ». La discrétion n’empêche pas la détermination ; et il en met beaucoup à parcourir sa circonscription et à faire avancer les dossiers relatifs notamment à son désenclavement vers Toulouse et vers Montpellier.
Mais il est brutalement foudroyé par une crise cardiaque le 28 octobre 1976, à 55 ans, sous les yeux de son fils médecin et du personnel médical de la clinique Saint-Côme de Millau dont il fêtait l’inauguration.