Jean Nègre

1907 - 1972

Informations générales
  • Né le 20 juin 1907 à Armentières (Nord - France)
  • Décédé le 8 mai 1972 à Montluçon (Allier - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Allier
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Allier
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1971 au 8 mai 1972

Biographies

Biographie de la Ve République

NÈGRE (Jean)
Né le 20 juin 1907 à Armentières (Nord)
Décédé le 8 mai 1972 à Montluçon (Allier)

Député de l’Allier de 1962 à 1968

Né dans le Nord de parents employés des postes, Jean Nègre passe l’essentiel de son enfance puis de sa jeunesse en Lozère, dont son père est originaire. Il commence ses études secondaires à Mende, avant d’intégrer en classe de première supérieure le lycée de Toulouse. Il étudie ensuite à la Faculté des lettres de Toulouse, dont il sort licencié ès lettres. Il passe ensuite trois années comme professeur assistant de français en Ecosse, à Motherwell, et obtient à son retour un diplôme d’études supérieures d’anglais. Après son service militaire, effectué à Marseille, il est nommé professeur d’anglais au lycée de Rodez. Il enseigne ensuite à l’Ecole nationale professionnelle (ENP) d’Egletons en Corrèze. Il y fait la connaissance de sa future épouse, de plus de dix ans sa cadette, originaire de la région. Il est ensuite muté à Bordeaux, à l’Ecole des élèves officiers mécaniciens de la Marine marchande, avant d’être mobilisé en septembre 1939. Il sert alors comme officier interprète dans le corps expéditionnaire français au Moyen-Orient.
En 1940 Jean Nègre, rentré en France, s’installe avec celle qui est devenue son épouse en 1938 à Montluçon, où il est nommé professeur au collège technique. En 1947, il est muté au lycée de la ville, dans lequel il enseigne jusqu’à sa retraite. Il publie cette même année un ouvrage associant l’instruction civique et la morale professionnelle, à l’attention des personnels des établissements scolaires : Précis de législation du travail, d’hygiène professionnelle et d’instruction civique.
En 1953, Jean Nègre se présente pour la première fois aux élections municipales de Montluçon, sur la liste d’Union républicaine et socialiste menée par André Southon, maire socialiste de la ville depuis 1950. Ce dernier est reconduit, et Jean Nègre intègre le conseil municipal. Il adhère au Parti socialiste SFIO en 1955. Son entrée au Grand Orient de France date également de ces années.
En mars 1959, Jean Nègre devient le premier adjoint de la nouvelle municipalité issue des élections, et le principal collaborateur d’André Southon, qui avait été son collègue au collège de Montluçon. Mais le maire socialiste disparaît en octobre 1959 ; une élection complémentaire est organisée au mois de novembre de la même année. Jean Nègre est élu maire sans grande difficulté, même si les trois conseillers municipaux communistes de la ville préfèrent voter blanc. Il est également élu, quelques jours plus tard, conseiller général du canton de Montluçon-Est, à un poste où l’ont précédé d’autres maires de Montluçon comme Southon lui-même et Max Dormoy.
Aux élections législatives de 1962, le député socialiste sortant, le docteur Pierre Bourgeois, n’est pas reconduit comme candidat de son parti qui lui préfère Jean Nègre. Il maintient pourtant sa candidature à la députation dans la deuxième circonscription de l’Allier, et se présente face à Jean Nègre. Ce dernier rassemble 16377 voix au premier tour du scrutin, soit 38% des suffrages exprimés. Il est suivi de peu par le candidat communiste Henri Védrines, par ailleurs membre du conseil municipal, qui recueille 35,5% des suffrages exprimés. Le docteur Bourgeois, en revanche, vient loin derrière, avec 5% des suffrages exprimés. Le candidat communiste se retire entre les deux tours au profit de Jean Nègre, élu face au candidat gaulliste Marcel Soroguère avec 73% des suffrages exprimés. On constate cependant que le transfert de l’électorat communiste n’est pas complet, ce dernier restant réticent face à la personnalité de Jean Nègre qui ne cache pas son hostilité vis-à-vis du Parti communiste.
Le député de la deuxième circonscription de l’Allier s’inscrit au groupe socialiste de l’Assemblée et siège à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il intervient rapidement dans l’hémicycle, dès le début de l’année 1963, sur un thème auquel il est particulièrement attaché : l’éducation nationale. Il souligne, dans la discussion du projet de loi de finances pour 1963, l’insuffisance des crédits accordés à l’enseignement, la crise de recrutement des personnels enseignants et le manque de constructions scolaires. Il revient à plusieurs reprises, lors de son mandat, sur les problèmes de l’Education nationale, avec la double compétence que lui donnent son métier d’enseignant du secondaire et sa qualité de membre du conseil d’administration national de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN). L’essentiel de ses interventions à l’Assemblée, par ailleurs peu nombreuses, est directement lié au monde scolaire. En 1967, il souligne cependant le sous-équipement et le problème de recrutement des hôpitaux : vice-président le la Fédération hospitalière de France et président de l’Union hospitalière du Centre depuis 1960, il est également concerné par ces questions. Membre discipliné du groupe socialiste de l’Assemblée, Jean Nègre suit la ligne fixée par ses camarades lors des grands votes de la législature : il s’exprime contre la ratification du Traité de l’Elysée entre la France et la République fédérale d’Allemagne (13 juin 1963), contre l’encadrement des modalités du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963), contre la réforme électorale municipale (17 juin 1964) et celle du service national (26 mai 1965). En revanche, il ne dépose lui-même aucune proposition de loi.
En 1964, Jean Nègre est réélu au Conseil général. L’année suivante, il est également reconduit à la mairie de Montluçon, face au candidat communiste Jean Bidault, avec une avance remarquable : c’est un incontestable succès pour le maire sortant, qui s’est illustré lors de son premier mandat édilitaire par son activité intense et son souci pour les victimes de la crise de l’emploi industriel. Les licenciements massifs de la firme chimique Dunlop, en 1962, puis ceux de l’usine sidérurgique Saint-Jacques en 1964, marquent en effet profondément le paysage économique de la ville. Le maire attire l’attention des autorités publiques sur le problème de la récession de l’emploi industriel dans la région de Montluçon, et sur les mesures urgentes de compensation nécessaires, notamment lors de la visite, en 1967, du secrétaire d’Etat aux affaires sociales, chargé des problèmes de l’emploi, Jacques Chirac.
La municipalité élue en mars 1965 ne compte plus, pour la première fois depuis 1947, de députés communistes. Le maire, dont les sentiments anticommunistes sont connus, se réjouit d’une telle situation. Il s’entoure, en outre, d’adjoints radicaux-socialistes et socialistes indépendants, se souciant peu des étiquettes politiques auxquelles il préfère la compétence et la fidélité.
Aux élections législatives de 1967, Jean Nègre se porte de nouveau candidat au poste de député : face à lui, le candidat communiste Henri Védrines et le gaulliste Hector Rolland sollicitent également les votes de leurs concitoyens. Comme lors des précédentes élections, en 1962, Nègre ne bénéficie que d’une courte avance sur son concurrent du PCF : mille voix à peine les séparent lors du premier tour. Jean Nègre recueille pourtant, une fois encore, le plus grand nombre de voix : 20331, soit 41,5% des suffrages exprimés. Le candidat communiste rassemble quant à lui près de 38% des suffrages exprimés. Il se retire au second tour au profit du député sortant, réélu face au candidat gaulliste avec 71% des suffrages exprimés. Entre les deux tours, conscient sans doute du peu de confiance dont il bénéficie au sein de l’électorat communiste, Jean Nègre appelle les électeurs à « voter utile » dans sa profession de foi, soulignant le fait qu’il est normal de se déterminer, dans un premier temps, selon ses préférences personnelles mais qu’il faut, dans un deuxième temps, défendre avant tout l’intérêt de sa ville et de son pays.
Inscrit à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui unit à partir de 1966 les groupes parlementaires de gauche, Jean Nègre siège de nouveau à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Lors de cette courte législature il n’intervient qu’une fois, sur le rôle des mutualités par rapport à la Sécurité sociale et de la MGEN en particulier, et continue à respecter la discipline de vote socialiste.
Après la dissolution de l’Assemblée nationale, Jean Nègre sollicite de nouveau le vote des Montluçonnais et des habitants des communes rurales de la deuxième circonscription de l’Allier. Au premier tour, le 23 juin 1968, il est devancé par son désormais classique concurrent, le communiste Henri Védrines, ancien député de l’Allier sous la IVème République : plus de trois mille voix les séparent. Avec près de 30% des suffrages exprimés, le candidat socialiste réalise le score le plus médiocre de sa carrière. Contraint de se retirer au profit du candidat communiste, Jean Nègre ne le fait pas de bon gré. Il n’appelle pas à voter pour Henri Védrines, qui l’emporte cependant au deuxième tour face au gaulliste Marc Berthon, sur lequel s’est reporté une partie des voix du candidat socialiste. Avec 23712 voix, contre 24400 pour le candidat communiste, le candidat gaulliste effectuait un score inédit pour la droite bourbonnaise.
Cet échec laisse Jean Nègre amer, et contribue à faire évoluer ses engagements politiques. Deux événements avaient déjà commencé à l’éloigner du Parti socialiste : la création d’abord, en 1965, de la FGDS, qui défendait l’idée d’une union de la gauche et le rapprochement, tout à fait inopportun dans l’esprit de Jean Nègre, du Parti socialiste avec le PCF. Ensuite, les événements de mai 1968, relativement bien relayés à Montluçon, n’ont guère suscité sa sympathie.
En mars 1970, Jean Nègre est pourtant réélu sous l’étiquette socialiste au Conseil général. Mais il ne tarde pas à s’associer à ce qui ressemble en tous points à un « coup de théâtre » au sein du Conseil général : il se rallie à Jean Cluzel et fait ainsi basculer la majorité du Conseil à droite, provoquant la défaite de Georges Rougeron, président socialiste sortant. Jean Cluzel devenu président du Conseil général, Jean Nègre obtient la place de vice-président.
Aux élections municipales du mois de mars 1971, Jean Nègre parvient à conserver la mairie de Montluçon, alors que le Parti socialiste SFIO a constitué une liste contre lui, présentant le candidat Roger Southon, qui n’est autre que le fils du précédent maire de la ville. Au mois de septembre de cette même année, il est élu sénateur de l’Allier contre les sortants socialistes, en faisant équipe avec Jean Cluzel.
A l’âge de 65 ans, Jean Nègre est encore, en 1972, volontiers loué pour son dynamisme, son importante carrure, sa forme physique et mentale. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1972, il est cependant terrassé par une mort foudroyante, qu’aucun ralentissement dans son activité n’avait laissé prévoir. Ayant exprimé le vœu d’être inhumé dans la ville qu’il avait administrée, malgré ses origines lozériennes, il est enterré au cimetière de l’Est de Montluçon.