Ernest Rouxel

1898 - 1991

Informations générales
  • Né le 21 novembre 1898 à Corseul (Côtes-du-Nord - France)
  • Décédé le 27 mars 1991 à Ploubalais (Côtes d'Armor - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juillet 1969 au 1er avril 1973
Département
Côtes-du-Nord
Groupe
Progrès et démocratie moderne

Biographies

Biographie de la Ve République

ROUXEL Ernest, Louis, Marie

Né le 21 novembre 1898 à Corseul (Côtes-du-Nord)
Décédé le 27 mars 1991 à Ploubalay (Côtes-d’Armor)

Député des Côtes-du-Nord de 1969 à 1973

Fils d’Ernest Rouxel, cultivateur, et de Rosalie Gilbert, ménagère, Ernest Rouxel, après des études primaires supérieures, devient éleveur dans l’exploitation familiale. En décembre 1916, il est engagé volontaire puis, en septembre 1917, volontaire aux armées. Il est blessé en août 1918. Profondément marqué par la Première Guerre mondiale, Ernest Rouxel est actif dans les réseaux d’associations d’anciens combattants des Côtes-du-Nord durant l’entre-deux-guerres. Marié le 7 avril 1923 à Marie Goger à Corseul, il est élu conseiller municipal de Ploubalay aux élections de 1929. Engagé dans les milieux syndicaux, il siège à la Chambre d’agriculture des Côtes-du-Nord entre 1934 et 1968. Président-fondateur de la coopérative agricole de Ploubalay ainsi que de la coopérative d’insémination artificielle de Bretagne, localisée à Crédin dans le Morbihan, il devient président de la société d’élevage des taureaux normands. Réélu conseiller municipal en 1935, il devient maire de Ploubalay en 1941 après la destitution du docteur Jean-Baptiste Le Monnier, radical, conseiller général depuis 1907. En octobre 1942, il fait partie de la quarantaine de maires du département reçus par le maréchal Pétain à Vichy, liés à Edgar de Kergariou, maire de Lannion entre 1929 et 1943, et à Jacques Feschotte, préfet, partisan de la Révolution nationale. Durant l’Occupation, Ernest Rouxel conserve ses fonctions coopératives et syndicales agricoles.

Écarté de la mairie par la délégation spéciale mise en place en août 1944, Ernest Rouxel retrouve ses responsabilités de maire après les municipales du printemps 1945. Sous l’étiquette républicaine, il devient également conseiller général de Ploubalay en octobre 1945, siégeant au sein du groupe radical qui compte 9 élus, dont le docteur Jean-Baptiste Le Quéré, président du Conseil général en 1945-1946. À partir de 1948, le renversement du rapport de forces au sein de la Confédération générale de l’agriculture (CGA) profite aux responsables conservateurs de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), au détriment des courants de gauche du syndicalisme agricole. Dès lors, Ernest Rouxel s’affirme comme un des principaux dirigeants du monde agricole, occupant notamment jusqu’en 1968 la fonction de premier vice-président de la Chambre d’agriculture des Côtes-du-Nord, présidée par Yves Le Cozannet, de 1948 à 1961, puis par Arthur Charles, de 1961 à 1976. Il est aussi secrétaire général de la FDSEA à partir de 1958.

Sur le plan politique, ce notable très enraciné localement, maire de 1941 à 1983 et conseiller général de 1945 à 1973, joue un rôle clé dans l’assise politique de René Pleven, plusieurs fois ministre et président du Conseil sous les IVe et Ve Républiques, et président du Conseil général des Côtes-du-Nord entre 1949 et 1973, hormis l’intervalle de la présidence exercée par le Dr François Clech de 1947 à 1949, socialiste. Élu sous diverses étiquettes républicaines puis radicales, Ernest Rouxel contribue à la fabrication d’une culture centriste dominante dans les Côtes-du-Nord, qui a pu être qualifiée de « radical-plévenisme ».
Il est systématiquement réélu conseiller général dès le premier tour en 1949, 1955, 1961 et 1967, mais ne parvient pas, sous l’étiquette du Rassemblement des gauches républicaines (RGR), à être élu au Sénat.

Fidèle lieutenant de René Pleven, Ernest Rouxel devient à partir de 1958 le suppléant de cette figure de la vie politique nationale qui met en avant la puissance de ses réseaux agricoles. En 1958, René Pleven se représente, sous l’étiquette Républicain d’union (ex-Union démocratique et socialiste de la résistance, UDSR). Il est élu dans la 2e circonscription (Broons, Caulnes, Dinan-Est, Dinan-Ouest, Évran, Jugon, Matignon, Plancoët, Plélan-le-Petit et Ploubalay) dès le premier tour avec 34 260 voix sur 49 034 suffrages exprimés. Il distance très nettement Roger Esnault, PCF, 7 565 voix, Joseph Hourdin, SFIO, 5 900 voix, et André Dereau, candidat poujadiste, 1 309 voix. En 1962, René Pleven l’emporte encore nettement avec 28 737 voix sur 38 204 suffrages exprimés, soit 75,2 %, dans un duel face au candidat communiste Roger Esnault, 9 467 voix. En 1967, René Pleven, sous l’étiquette Centre démocrate, obtient 27 471 voix sur 50 505 suffrages exprimés, soit 54,4 %, face au candidat communiste, Roger Esnault, 12 018 voix, soit 23,79 %, et à Edmond Playoust, Ve République, 11 016 voix, soit 21,8 %. En 1968, René Pleven l’emporte à nouveau dès le premier tour avec 69,9 % des voix, face à Roger Esnault, PCF, 18,2 %, et René Régnault, Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), 11,9 %.

Le 23 juillet 1968, Ernest Rouxel remplace à l’Assemblée nationale René Pleven, nommé garde des Sceaux, ministre de la Justice dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas. Il s’inscrit au groupe Progrès et démocratie moderne (PDM), comme son collègue de Guingamp, Édouard Ollivro. Il est membre de la commission de la production et des échanges durant l’intégralité de son mandat parlementaire (1969-1973). Ses interventions portent essentiellement sur les enjeux propres aux territoires ruraux.

Dans la discussion du projet de loi de finances pour 1970, il intervient le 13 novembre 1969 pour déplorer « les retards dans la nationalisation » des collèges d’enseignement secondaire (CES) et des collèges d’enseignement général (CEG), évoquant certains problèmes financiers tels que « les charges du ramassage scolaire et l’insuffisance des bourses ». Le 14 novembre 1970, il évoque « l’insuffisance de l’équipement de l’enseignement technique » et propose « le remplacement des bourses par des prêts d’honneur sans intérêt », tout en insistant fortement sur « le poids des charges incombant aux familles des communes rurales » quant à l’effort financier qui leur est demandé pour l’orientation des jeunes.
Le 19 novembre 1969, il intervient pour évoquer « l’amélioration de la génétique pour la production animale ». Lors des débats sur le projet de loi des finances pour 1971, il fait part le 4 novembre 1970 de ses observations « sur la réalisation d'un important programme de routes à quatre voies permettant la desserte rationnelle des cinq départements bretons », évoquant « le problème de la dénationalisation de certaines routes dites secondaires », avant de parler précisément du « pont franchissant l'estuaire de l'Arguenon au lieu-dit Le Guildo ». Cette question est à nouveau au centre de son intervention du 28 octobre 1971, réclamant « la réalisation des autoroutes ou artères à quatre voies », en vue « du désenclavement de la Bretagne ». Le 23 novembre 1971, il présente un amendement, concernant les caisses de crédit mutuel et de crédit mutuel agricole lors de la discussion des conclusions du rapport de la commission de la production et des échanges, sur la proposition de loi de Pierre Lelong tendant à amender l'ordonnance du 26 septembre 1967 relative aux sociétés coopératives agricoles, à leurs unions, à leurs fédérations, aux sociétés d'intérêt collectif agricole et aux sociétés mixtes d'intérêt agricole.

Aux élections législatives de mars 1973, sur 53 213 suffrages exprimés, René Pleven (Union des républicains de progrès/Centre démocratie et progrès, URP-CDP) arrive en tête au premier tour avec 24 973 voix. Le candidat socialiste, Charles Josselin, recueille 15 607 voix, et les autres candidats, Charles Fesard, Mouvement réformateur, et Yann Fouéré, Strollad ar Vro-Parti fédéraliste européen (SAV-PFE), obtiennent respectivement 2 602 et 1 365 voix. Très serré, le second tour est marqué par la défaite de René Pleven (26 819 voix soit 49,9 %), face à Charles Josselin (26 870 voix) qui entame, à partir de cette victoire spectaculaire face à l’ancien président du conseil, une longue carrière politique. Cette élection marque aussi une cassure nette dans la carrière politique d’Ernest Rouxel. En effet, en octobre 1973, Ernest Rouxel postule pour un nouveau mandat de conseiller général. Mais, avec 43,2 % des voix au premier tour, il est à son tour battu par Charles Josselin qui, avec 52% des suffrages exprimés, confirme nettement sa victoire aux législatives de mars 1973 face à René Pleven. Réélu maire de Ploubalay en mars 1977, Ernest Rouxel se retire de la vie politique locale aux municipales de mars 1983, le vétérinaire Jean Cochet, divers droite, lui succédant à la mairie.

Officier de la Légion d’honneur et commandeur du Mérite agricole, figure du centre-droit dans les Côtes-du-Nord, des années 1930 aux années 1970, Ernest Rouxel a connu, dans le sillage de René Pleven, une longue carrière politique sous différentes étiquettes républicaines modérées, tout en détenant des responsabilités dans le monde agricole. Une rue porte son nom à Ploubalay.