Pierre-Yvon Trémel

1946 - 2006

Informations générales
  • Né le 9 août 1946 à Cavan (Côtes-du-Nord - France)
  • Décédé le 29 juin 2006 à Saint-nicolas-de-redon (Loire-Atlantique - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Côtes d'Armor
Groupe
Socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er octobre 1998 au 29 juin 2006

Biographies

Biographie de la Ve République

TREMEL Pierre-Yvon
Né le 9 août 1946 à Cavan (Côtes-du-Nord)
Décédé le 29 juin 2006 à Saint-Nicolas-de-Redon (Loire-Atlantique) 

Député des Côtes d’Armor de 1988 à 1993
Sénateur des Côtes d’Armor de 1998 à 2006

Chrétien convaincu, son père, cordonnier, vote en faveur des candidats démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire (MRP). Femme au foyer, sa mère s’occupe des six enfants de la famille.

Pierre-Yvon Trémel est scolarisé à l’école publique unique de Cavan, commune dirigée par un maire socialiste, Eugène Légaret, entre 1938 et 1959.

Passé par l’institution Saint-Joseph à Lannion de la sixième à la terminale, en même temps que Bernard Poignant, futur député de Quimper (1981-1986, 1988-1993), il est profondément marqué par les enseignements humanistes et chrétiens de l’abbé Pierre Bourdellès, son professeur d’anglais, qui l’initie à l’économie dans le cadre d’un groupe d’études économiques et sociales (GEES).

Contrairement au souhait de son père, l’imaginant sacristain à l’instar de son grand-père, Pierre-Yvon Trémel, aîné de la famille, entame un cursus de droit à la faculté à Rennes, après avoir obtenu son baccalauréat. Mais en 1968, il doit chercher du travail en raison du décès accidentel de sa mère, tandis que son père est paralysé. Cadre à la banque de Bretagne, il travaille successivement dans les agences de Lamballe et de Saint-Brieuc.

Militant de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), il participe activement, en juin 1968, à la campagne législative de Jean-Baptiste Henry, candidat du Parti socialiste unifié (PSU) dans la circonscription de Lannion, qui obtient 11,8 % des voix au premier tour. Amis, les deux hommes se connaissent depuis la classe de première, appartenant au même GEES.

A l’issue de son service militaire, Pierre-Yvon Trémel décide de s’investir dans la vie municipale locale en mars 1971, dans une commune marquée par l’empreinte de trois maires successifs de cultures politiques différentes : le radical Joseph Hellequin (1933-1938), le socialiste Eugène Légaret (1938-1959), le conservateur François-Marie Perrot (1959-1971). Ainsi, Pierre-Yvon Trémel monte une liste à la composition assez ouverte à Cavan, s’appuyant sur ses réseaux personnels, fondés notamment sur le tissu associatif et sportif. En effet, il était le capitaine de l’équipe de football, la Jeunesse sportive cavannaise (JSC), et avait monté un foyer de jeunes à Cavan. Dans un scrutin très serré, sa liste obtient 7 élus, contre 6 élus pour la liste de droite (dont le maire sortant). Tout en travaillant à Saint-Brieuc, où il fréquente les réseaux PSU, il devient donc le plus jeune maire du département (sans étiquette), à seulement 25 ans. Dès lors, il est continuellement réélu maire de Cavan dès le premier tour jusqu’en 2001.

Par l’intermédiaire de sa femme, Maryvonne, institutrice dans l’école privée de Tréveneuc, avec laquelle il s’était marié le 10 octobre 1970, Pierre-Yvon Trémel peut obtenir un poste d’enseignant en sciences économiques et sociales (SES) dans un lycée privé de Saint-Brieuc en 1971, avant d’être nommé à la rentrée 1972 au lycée Notre-Dame de Guingamp, où il enseigne jusqu’à son élection comme député, en 1988. Lecteur de Témoignage chrétien et syndiqué à la CFDT-FEP (Fédération enseignement privé), il se rapproche rapidement du milieu socialiste, au contact notamment des milieux syndicaux agricoles portés par les différents dirigeants du Centre départemental des jeunes agriculteurs (CDJA) des années 1960, futurs responsables du Parti socialiste (PS) : Jean Le Floc’h, André Lucas, Yves Le Faucheur, Jean Trémel... Mais les positions du PS local sur l’enseignement privé freinent son adhésion, jusqu’en mars 1978, date à laquelle il franchit le pas en soutenant activement Pierre Jagoret, conseiller général et maire de Lannion, dont le suppléant est Claude Queffeulou, maire de Ploubezre entre 1965 et 1989, lors des élections législatives. Ancien militant du PSU, Pierre Jagoret, élu conseiller général en 1976, maire en 1977, et député de Lannion en 1978, contribue à la structuration rapide du PS dans le Trégor, depuis la deuxième moitié des années 1970.

En 1979, Pierre-Yvon Trémel devient conseiller général PS de La Roche-Derrien, dans un contexte de succession du centriste Yves Le Bourdennec, maire de Prat (1965-1977) et conseiller général (1961-1979), figure du syndicalisme agricole et ami personnel de la famille Trémel. Avec 2 252 voix, Pierre-Yvon Trémel, candidat de la nouvelle majorité départementale élue en 1976 (PS), l’emporte nettement dès le premier tour face à Alain Gouriou, candidat de la majorité présidentielle (1 322 voix). Les socialistes avaient déjà eu deux élus dans ce canton, avec Jean Bouget (SFIO, 1945-1949) et François Clec’h fils (SFIO, puis PSU, 1955-1961). D’abord vice-président chargé des sports (1982-1984), il devient vice-président du conseil général, chargé des finances (1984-2002), après le décès brutal de Raymond Boizard, conseiller juridique agricole à la chambre d’agriculture et conseiller général PS de Lanvollon (1976-1983). Les liens étroits et personnels noués entre Charles Josselin, président du Conseil général depuis 1976, et son premier vice-président, se renforcent durant cette période. Réélu conseiller général dès le premier tour en 1985, Pierre-Yvon Trémel figure en position éligible sur la liste PS aux régionales en 1986, menée par le député de Saint-Brieuc, Yves Dollo (35,04 %, 6 élus).

En 1988, il l’emporte en interne sur Alain Gouriou, conseiller général de Lannion (1982-2001), pour l’investiture socialiste aux législatives dans la 5e circonscription des Côtes-du-Nord (Lannion, Paimpol). Très proches jusqu’alors, les deux figures dominantes du socialisme trégorrois s’éloignent, d’autant plus qu’ils se positionnent sur des courants opposés. Lors du premier tour des élections de 1988, sur 63 144 suffrages exprimés, Pierre-Yvon Trémel obtient 30 769 voix, soit 48,72 %. Les autres candidats sont Marc Sabbagh, candidat du Rassemblement pour la république (RPR), 20 559 voix, Hervé Le Bars (Parti communiste français, 5 820 voix), François Floch (Front national, 3 567 voix), Jean Arhant, candidat centriste (2 087 voix), Olivier Racinet, Indépendant (340 voix). Au second tour, sur 68 178 suffrages exprimés, Pierre-Yvon Trémel recueille 40 064 voix, soit 57,76 %, distançant nettement le candidat RPR (28 114 voix). Il bénéficie, notamment dans l’Est de la circonscription, de l’enracinement politique de son suppléant, Louis Conan, syndicaliste agricole et conseiller général de Paimpol (1979-1992). Pour respecter les règles au niveau du cumul des mandats, Pierre-Yvon Trémel démissionne alors du conseil régional.

Membre de la commission de la production et des échanges, le député socialiste intervient notamment sur la question des télécoms, un enjeu majeur du bassin d’emploi trégorrois. Ainsi, il interroge le gouvernement quant à « l'avenir du service public des postes et télécommunications » (14 juin 1989). Lors des débats sur le projet de loi de finances pour 1990, il évoque, le 14 novembre 1989, la place « des commandes publiques » et la question de la recherche, à travers l’exemple du Centre national d’études des télécommunications (CNET). Lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1991, il aborde les enjeux des télécommunications sous l’angle industriel, en évoquant la question des « matériels de télécommunication ».

A l’occasion du projet de loi de finances pour 1992, Pierre-Yvon Trémel se saisit, le 4 octobre 1991, des problématiques régionales agricoles pour s’interroger sur « la pollution d’origine agricole de l’environnement », ainsi que sur la situation économique des exploitants agricoles (financement des investissements, prêts bonifiés). En décembre 1991, il participe aux débats sur le projet de loi sur la répartition, la police et la protection des eaux. Lors du projet de loi de finances pour 1993, il évoque, le 14 novembre 1992, les enjeux liés à la conchyliculture, aux cultures marines et aux crustacés.

Réélu conseiller général dès le premier tour en 1992, Pierre-Yvon Trémel est battu au second tour, lors des législatives de mars 1993, par Yvon Bonnot, candidat de l’Union pour la démocratie française (UDF). Au premier tour, le député sortant obtient 18 649 voix, soit 29,26 % des suffrages exprimés. Syndicaliste enseignant, son suppléant est Jean Derrien (1937-2012), ancien communiste, maire (1987-2001) et conseiller général PS de Plouha (1985-2004). Mais les dynamiques électorales du premier tour sont défavorables à la gauche. Avec 26 473 voix (41,54 %), Yvon Bonnot, qui a réussi à faire l’union des droites autour de lui, est nettement en tête. Le candidat du Parti communiste français (PCF), Hervé Le Bars, dirigeant de la Confédération générale du travail (CGT), obtient 4 622 voix (7,25 %), tandis que Denis Baulier, écologiste, rassemble 7,05 % des suffrages exprimés (4 494 voix). Raymond Blanc, responsable du Front national, obtient 4 618 voix (7,25 %). Les quatre autres candidats se situent en deçà de la barre des 2 % des suffrages exprimés. Au second tour, le maire de Perros-Guirec recueille 34 640 voix contre 31 245 voix pour Pierre-Yvon Trémel (45,37 % des voix), qui est donc battu.

Pressenti pour devenir président du conseil général des Côtes d’Armor, après l’entrée de Charles Josselin dans le gouvernement Jospin en 1997, celui qui était premier vice-président du conseil général refuse cette perspective et se range derrière Claudy Lebreton, aspirant à renouer avec une carrière politique nationale. Le 27 septembre 1998, recueillant 845 voix sur 1 562 suffrages exprimés dès le premier tour, soit près de 200 voix de plus que les autres candidats de gauche, Pierre-Yvon Trémel retrouve un mandat parlementaire, en étant élu sénateur des Côtes d’Armor, en compagnie de Claude Saunier (PS) et Gérard Le Cam (PCF). Pierre-Yvon Trémel siège de 1998 à 2002 à la commission des affaires économiques puis, de 2003 à 2006, à la commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire. Il intervient à plusieurs reprises en séance publique pour évoquer la situation de l'artisanat et de l'industrie, saluant notamment, lors des discussions des projets de loi de finances pour 2001 et 2002, la politique industrielle menée par le gouvernement de Lionel Jospin en faveur de la sauvegarde et de la restructuration des activités commerciales et artisanales. Après le changement de majorité, il critique, dès 2003, la diminution des crédits alloués à l'industrie par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Il réclame la mise en œuvre d'une politique volontariste visant à lutter contre la désindustrialisation de la France et de l'Europe.

Pierre-Yvon Trémel se bat pour défendre le maintien des services publics sur l'ensemble du territoire national, notamment en milieu rural. Il siège, de 2001 à 2006, à la Commission supérieure de service public des postes et télécommunications devenue, en 2003, Commission supérieure du service public des postes et communications électroniques. En séance publique, il prend régulièrement la parole pour rappeler l'importance du rôle de l'Etat dans le maintien des services publics, et la nécessité de mettre la politique d'innovation technologique au service de l'aménagement du territoire. En 2002, il refuse toute privatisation de France Télécom et s'interroge sur la desserte de l'ensemble du territoire en téléphonie mobile de seconde génération et à haut débit. En 2004, lors de la discussion précédant le vote du projet de loi pour la confiance dans l'économie numérique, il réclame la création d'un fonds de soutien à l'aménagement numérique du territoire et une meilleure surveillance des conditions de tarification de la téléphonie mobile. En 2005, lors de la discussion du projet de loi relatif à la régulation des activités postales, il se prononce contre un texte entraînant une dégradation de la présence postale dans les territoires fragiles. Il demande à plusieurs reprises qu'un compromis soit trouvé entre maintien des services publics et volonté de la Commission européenne de libéraliser le service public des télécommunications. Elu local, Pierre-Yvon Trémel profite également de ses interventions en séance publique pour expliquer les difficultés rencontrées par les agriculteurs, plus particulièrement en Bretagne. Lors de la discussion du budget agricole pour 2001, il évoque les effets de la crise de la vache folle et le sentiment d'abandon du monde rural. Il décrit également la situation financière précaire des pêcheurs, et les difficultés qu'ils rencontrent face à la hausse du prix du gazole. Il milite en faveur d'une meilleure protection des zones côtières et fustige, en 2003, les conséquences désastreuses des dégazages sur les oiseaux et sur les écosystèmes marins. En 2005, il dénonce l'augmentation du nombre de trafics illicites en mer et se déclare favorable au renforcement des mesures de surveillance dans ce domaine, réclamant notamment des moyens accrus aux niveaux national et européen. Dans l'opposition parlementaire de 2003 à 2006, Pierre-Yvon Trémel demeure très actif et dépose de nombreuses propositions de loi portant aussi bien sur la défense des droits fondamentaux (droits de l'enfant, liberté de la presse, lutte contre les discriminations), que sur l'aménagement du territoire ou la réforme du système électoral. En 2003, il est membre de la mission commune d'information sur les dysfonctionnements du système de santé face à la canicule et, en 2006, dépose un rapport d'information intitulé La Chine est réveillée, quelles conséquences pour la France ?

Au niveau territorial, réélu conseiller général en 1998 dès le premier tour, Pierre-Yvon Trémel, victime d’un infarctus en 2002, appuie Janine Le Béchec qui lui succède au Conseil général en 2004. Fervent défenseur de la culture et de la langue bretonnes, il est président de l’association interdépartementale des maires et élus bretonnants des années 1980 aux années 2000. Avec Yves Dollo, Louis Le Pensec et Jean-Pierre Thomin, il s’avère l’un des élus de premier plan les plus impliqués sur cette question au PS. Président fondateur de la Communauté de communes du Centre Trégor à partir de 1994, il se révèle en pointe sur les questions liées à la coopération intercommunale et à la reconnaissance de la notion de pays en milieu rural tout particulièrement. Il donne la première impulsion à la charte du pays du Trégor (Awel Dro). C’est à ses côtés que se forme Corinne Erhel, future collaboratrice parlementaire d’Alain Gouriou en 1997, puis députée de Lannion en 2007.

Militant du développement local, Pierre-Yves Trémel demeure engagé dans le milieu associatif, à travers notamment ses responsabilités de président du pays touristique, de la mission locale ainsi que de l’office départemental HLM (à partir de 1996, prenant la suite de René Régnault, sénateur entre 1980 et 1998). Ses réflexions politiques doivent beaucoup aux relations personnelles et intellectuelles tissées avec Paul Houée, prêtre, sociologue au CNRS et à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), maire socialiste de Saint-Gilles-du-Mené (1977-1995).

Très impliqué dans les réseaux d’En Avant Guingamp (EAG), notamment par le biais de son frère, Michel Trémel, émérite attaquant de l’équipe EAG, il donne son nom, après sa mort, au centre de formation du club professionnel.

Père de quatre enfants, Pierre-Yvon Trémel décède d’une crise cardiaque à l’été 2006 alors qu’il était à pied sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ancien collaborateur de Charles Josselin et secrétaire fédéral du PS, son suppléant Didier Morel (1952-2004), conseiller général de Dinan-Ouest (1998-2004) et conseiller régional (2001-2004), étant également décédé, une élection partielle se déroule alors pour le remplacer au Palais du Luxembourg. Fort d’un large succès au premier tour, Charles Josselin, épaulé par sa suppléante Janine Le Béchec, termine la mandature (2006-2008). L’ancien premier adjoint de Pierre-Yvon Trémel, Pierre-Yves Nicol, lui succède à la mairie de Cavan entre 2006 et 2014.

Profondément enraciné dans le Trégor rural, Pierre-Yvon Trémel, chrétien de gauche, a marqué de son empreinte la vie politique des Côtes-du-Nord (devenues en 1990 Côtes d’Armor) à partir des années 1970, en tant que maire (1971-2006), conseiller général (1979-2004), député (1988-1993), puis sénateur (1998-2006).