Le débat de 1906-1908

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Au début du XXe siècle, l’arrivée de la gauche au pouvoir (Bloc des gauches en 1902) et la victoire des radicaux aux élections présidentielles (élection d’Armand Fallières) et législatives (Gouvernement mené par Georges Clemenceau) de 1906 conduisent à relancer le débat. Le programme originel des radicaux prévoit en effet l’abolition de la peine de mort.

En décembre 1905, des députés socialistes déposent à la Chambre un amendement budgétaire tendant à la suppression des crédits destinés à l’entretien de la guillotine et à la rémunération du bourreau.  Puis le 5 novembre 1906, le garde des sceaux, Edmond Guyot-Dessaigne, dépose un projet de loi qui abolit la peine de mort, excepté dans les cas où elle est édictée par les codes de justice militaire pour les crimes commis en temps de guerre. Ce projet s’ajoute aux propositions de plusieurs députés (Jules Reinach et Paul Meunier).

La discussion parlementaire se déroule en juillet, octobre et décembre 1908. Du côté des abolitionnistes, Paul Deschanel et Jean Jaurès dénoncent une peine immorale, irréparable et inefficace.

Du côté des rétentionnistes, Maurice Barrès et Henri Castillard arguent de la nécessité de défense sociale et de la faiblesse du risque d’erreur et invoquent la seule peine qui « ôte avec certitude aux malfaiteurs incorrigibles le pouvoir de nuire à nouveau ».

Les députés rejettent le projet de loi, cédant à un mouvement d’opinion orchestré à la suite de la grâce accordée l’année précédente par Armand Fallières à Albert Soleilland, coupable d’un crime sordide sur la fillette de ses voisins. Le Petit Parisien, journal très anti-abolitionniste, avait organisé un référendum sur la peine de mort avec la volonté clairement affichée de faire pression sur la Chambre. 1 4000 000 lecteurs avaient répondu par lettre ; les résultats, publiés le 5 novembre 1907, indiquaient que 74 % des participants étaient favorables au maintien de la peine capitale.