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Au milieu des années 1970, le débat se cristallise ; l’application de la peine capitale tend à disparaître, mais le législateur ne se résout pas à l’abolir. De fait, même si la liste des incriminations punies de mort a été allongée, les exécutions sont de plus en plus rares (une tous les deux ans dans les années précédant l’abolition contre dix exécutions annuelles sous la Troisième République).
Le 21 juin 1978, un groupe d’études pour l’abolition de la peine de mort est constitué à l’Assemblée nationale à l’initiative de Pierre Bas.
En octobre 1978, lors de la discussion de la loi de finances pour 1979, les membres de ce groupe réitèrent la tentative de 1905 visant à supprimer les crédits pour la rémunération du bourreau et le fonctionnement de la guillotine. Le Gouvernement fait adopter les crédits de la Justice en recourant à la procédure de vote bloqué, écartant ainsi l'amendement de Pierre Bas et un autre amendement déposé par le groupe socialiste. Ces tentatives abolitionnistes sont renouvelées lors de l’examen des crédits de la Justice des lois de finances pour 1980 et 1981.
En juin 1979, la commission des Lois de l’Assemblée nationale adopte une proposition de loi abolissant la peine de mort sur le rapport de Philippe Séguin. Elle ne sera jamais inscrite à l’ordre du jour.
Le 26 juin 1979, un débat sans vote est organisé à l’Assemblée nationale sur une déclaration du Gouvernement relative à l’échelle des peines criminelles. À cette occasion, le garde des sceaux, Alain Peyrefitte, propose que les deux cents crimes environ qui, alors, étaient passibles de la peine de mort soient répartis en trois catégories : dans une première, entreraient les crimes pour lesquels la peine de mort n’était plus ni requise ni prononcée, et pour lesquels elle serait désormais abolie ; dans une deuxième catégorie, se trouveraient certains crimes qui étaient encore effectivement punis de mort, comme l’assassinat ou l’empoisonnement et pour lesquels le Parlement pourrait se voir proposer de suspendre la peine de mort pour une durée probatoire de cinq ans ; la troisième catégorie regrouperait les crimes abominables, comme les meurtres d’enfants pris en otage ou les meurtres accompagnés de sévices et de tortures, ainsi que les crimes perpétrés par un prisonnier déjà condamné à la détention perpétuelle, qui seraient sanctionnés par la peine de mort maintenue pour une durée de cinq ans. Le ministre s’engage alors à travailler avec le groupe majoritaire de l’Assemblée sur un projet de loi reprenant ces dispositions, mais cet engagement restera lettre morte.