1870-2020

Il y a 150 ans, la République !

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  • 4 septembre 1870 - Visuel

    4 septembre 1870

En juillet 1870, un parent du roi de Prusse renonce au trône d’Espagne qui lui avait été proposé. C’est un succès pour la France. Bismarck, qui pense une troisième guerre nécessaire pour achever l’unité allemande, réécrit de manière provocatrice la dépêche diplomatique d’Ems, faisant croire aux diplomates étrangers que l’ambassadeur de France a été éconduit et le pays humilié. Tombant dans le piège, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Son entourage le pousse aussi à consolider le régime par une victoire militaire.

D’emblée, c’est un désastre. Sur le plan diplomatique, la France en guerre fait peur aux États princiers allemands : ils se rangent derrière la Prusse, qu’ils savent très puissante et bien préparée à un conflit, tombant à leur tour dans un piège qui mettra fin à leur indépendance. Sur le plan militaire, les deux armées françaises, numériquement inférieures, mal commandées et insuffisamment équipées, sont très vite neutralisées. Celle de Lorraine (Bazaine) est bloquée dans Metz dès le 20 août. Battue en Alsace, celle de Mac Mahon retraite, puis se laisse envelopper à Sedan. Le 2 septembre, elle capitule. Napoléon III est fait prisonnier. Aucune armée ne couvre plus Paris.

Le Gouvernement du général Cousin-Montauban, comte de Palikao, se résout donc à convoquer le 3 septembre le Corps législatif pour le lendemain matin, à une heure. Il se borne à annoncer pour la séance de midi des mesures sur l’organisation de l’Exécutif. Jules Favre, et vingt-sept députés de gauche, le prennent de vitesse : ils proposent la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie. Le mot n’y est pas, mais le précédent de 1792, où la République a sauvé la France, est dans les esprits.

Les députés reprennent donc leurs travaux, ce même 4 septembre, à 13 heures, alors qu’une foule sans cesse plus nombreuse se masse devant le Palais-Bourbon. À 14 heures 30, après une suspension, la séance ne peut reprendre. L’entrée du Palais Bourbon a été forcée et les tribunes sont occupées. Certains demandent la République. Gambetta recommande le silence pour le vote sur la déchéance, mais la salle elle-même est envahie. Le président Eugène Schneider lève alors la séance, peu après 15 heures. Resté sur place, Gambetta prononce la déchéance de Napoléon III, acclamé aux cris de « Vive la République ! ». Jules Favre annonce un Gouvernement provisoire. Quelques députés et la foule se rendent alors à l’hôtel de Ville de Paris.

La République y est proclamée, et rétablie sans une goutte de sang. Le Gouvernement de la Défense nationale est constitué, avec à sa tête le général Trochu, encore très populaire. Jules Favre est aux affaires étrangères, Gambetta à l’Intérieur.  Jules Ferry et Garnier-Pagès, un ancien de 1848, en sont membres, notamment. La tâche est immense : défendre Paris, dont le siège commencera dès le 19 septembre ; reconstituer des armées pour libérer le pays de l’invasion.

Pendant ce temps, à 16 heures 30 et à 20 heures 30, 89 puis 167 des 283 membres du Corps législatif se réunissent dans la salle à manger de l’hôtel de Lassay. Sous l’influence de Thiers, ils finissent par se retirer « avec dignité », sans toutefois reconnaître formellement le nouveau Gouvernement.