Onglet actif : Hommage à Jean Jaurès

Montage Jaurès
© Assemblée Nationale
Jaurès député : un humaniste au service du peuple
Né à Castres le 3 septembre 1859, Jean Jaurès est l’un des plus grands tribuns de l'histoire parlementaire. Normalien, professeur agrégé de philosophie, il est élu député de Carmaux (Tarn) en 1885 – il a alors 26 ans, puis en 1893 et de 1902 jusqu’à sa mort.
D'abord républicain modéré, Jean Jaurès évolue vers le socialisme en soutenant la grève des mineurs de Carmaux. Mais ce lecteur de Marx, refusant d'admettre la lutte des classes comme unique moteur de l'Histoire, inscrit le socialisme démocratique dans la continuité de la Révolution française et de l'idéal républicain. Dans cette perspective, il s'efforce d'unifier les différentes tendances du mouvement ouvrier français en fondant le journal L'Humanité en 1904 et en participant à la création du Parti socialiste SFIO l'année suivante.
Un grand tribun à la Chambre
À la tribune de la Chambre, Jaurès dénonce la corruption des gouvernants à l'occasion du scandale de Panama.
"Ce n’est pas là un étroit procès instruit contre quelques hommes entre les murs étroits d’un prétoire ; c’est le procès de l’ordre social finissantqui est commencé et nous sommes ici pour y substituer un ordre socialplus juste." Débat du 8 février 1893.
Il intervient à propos de l'affaire Dreyfus, après la publication du « J’accuse » de Zola dans L’Aurore, le 13 janvier 1898.
"Vous voulez, pour sortir de l’impasse où vous êtes acculés, tenter une diversion contre la presse et les journalistes. Je vous dis, moi,tout simplement ceci : vous êtes en train de livrer la République aux généraux !"
Humaniste, Jean Jaurès s’engage, en abolitionniste convaincu,contre la peine de mort.
"Parmi ces têtes qui tomberont, il y aura des têtes d’innocents !" Débat du 18 novembre 1908
Il soutient le principe de laïcité à l'occasion du débat sur la séparation des Églises et de l’État en 1905 et du débat sur la neutralité dans les écoles publiques.
"L'idée, le principe de vie qui est dans les sociétésmodernes, qui se manifeste dans toutes leursinstitutions, c'est l'acte de foi dans l'efficacité moraleet sociale de la raison, dans la valeur de la personnehumaine raisonnable et éducable. C'est ce principe,qui se confond avec la laïcité elle-même, c'est ceprincipe, qui se manifeste, qui se traduit dans toutesles institutions du monde moderne. C'est ce principequi commande la souveraineté politique elle-même." Débat du 10 janvier 1910
Le "martyr de la paix"
Ardent pacifiste à une époque où le nationalisme devient une force importante de la vie politique, Jean Jaurès préconise en 1911 une « Armée nouvelle » purement défensive et fondamentalement démocratique.
Dénonçant le péril d’une guerre européenne, il met en garde ses collègues députés :
"Et qu’on n’imagine pas une guerre courte, se résolvant en quelques coups de foudre et quelques jaillissements d’éclairs […]. Ceseront des masses humaines qui fermenteront dans la maladie, dans la détresse, dans la douleur, sous les ravages des obus multipliés, de la fièvre s’emparant des malades." Débat du 20 décembre 1911
En 1913, il s’oppose avec vigueur à la prolongation de la durée du service militaire (loi des Trois ans).
Alarmé par la montée des tensions, il estime le 25 juillet 1914 :
"... que jamais l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l'heure où j'ai la responsabilité de vous adresser la parole." Discours de Vaise.
Le 29 juillet, à Bruxelles, le Bureau de l’Internationale socialiste tente de développer une campagne contre la guerre. Le soir, Jaurès prononce un grand discours où il appelle à la paix.
Le 31 juillet, il est assassiné à Paris, au café du Croissant, par Raoul Villain, un nationaliste exalté. Rien ne semble plus pouvoir arrêter la marche à la guerre commencée un mois plus tôt à Sarajevo.
Aux obsèques de Jaurès, le 4 août, Léon Jouhaux, secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs (CGT), exhorte chacun, devant la gauche réunie, à « repousser l’envahisseur ».