Danton (2 septembre 1792)

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Danton : « De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace » (2 septembre 1792) 

Ministre de la justice au sein du Conseil exécutif de six ministres, élu par l'Assemblée au lendemain du 10 août, Danton, qu'on accuse d'avoir laissé faire les massacres de septembre donne une impulsion décisive à la défense nationale.

La France est en guerre contre l'Autriche depuis le 20 avril 1792. Le manifeste de Brunswick, par lequel les forces contre-révolutionnaires menacent d'une « exécution militaire et une subversion totale » s'il était fait « la moindre violence, le moindre outrage à LL. MM. le roi et la reine », a créé la fureur populaire. La frontière est franchie par le duc de Brunswick le 19 août. Dumouriez vient alors de remplacer à la tête de l'armée du Nord La Fayette passé à l'ennemi. C'est le début de l'offensive des armées austro-prussiennes appuyées par environ 20 000 émigrés. Les Prussiens s'emparent de Longwy le 23. La nouvelle est connue le 26 à Paris qui craint une arrivée des Prussiens. Puis Verdun tombe après avoir été assiégée pendant deux jours. Les armées de Dumouriez, à Sedan, et de Kellermann, à Metz, ne parviennent pas à établir une jonction. La peur monte à Paris et la Commune fait arrêter 600 suspects qui rejoignent les 2 000 détenus des prisons de Paris. On parle d'un complot des prisonniers prêts à massacrer les patriotes lors de l'arrivée des Austro-Prussiens que l'on croit imminente.

Quand on apprend à Paris que l'armée ennemie est droit en marche vers Paris, il y a un moment de panique. Danton se précipite à l'Assemblée pour prononcer une harangue aussi brève qu'énergique.

Sous son influence, la Commune appellera les citoyens aux armes, convoquera les volontaires au Champ de Mars, fera sonner le tocsin. Le 20 septembre Dumouriez remportera la bataille de Valmy mettant fin à l'invasion du territoire par les coalisés. Le 21 septembre la Convention nationale proclamera la République.

 

  

Il est bien satisfaisant, messieurs, pour les ministres du peuple libre, d'avoir à lui annoncer que la patrie va être sauvée.

Tout s'émeut, tout s'ébranle, tout brûle de combattre. Vous savez que Verdun n'est point encore au pouvoir de vos ennemis. Vous savez que la garnison a promis d'immoler le premier qui proposerait de se rendre. Une partie du peuple va se porter aux frontières, une autre va creuser des retranchements, et la troisième, avec des piques, défendra l'intérieur de nos villes. Paris va seconder ces grands efforts. Les commissaires de la Commune vont proclamer, d'une manière solennelle, l'invitation aux citoyens de s'armer et de marcher pour la défense de la patrie.

C'est en ce moment, messieurs, que vous pouvez déclarer que la capitale a bien mérité de la France entière. C'est en ce moment que l'Assemblée nationale va devenir un véritable comité de guerre.

Nous demandons que vous concouriez avec nous à diriger ce mouvement sublime du peuple, en nommant des commissaires qui nous seconderont dans ces grandes mesures. Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne, ou de remettre ses armes, soit puni de mort. Nous demandons qu'il soit fait une instruction aux citoyens pour diriger leurs mouvements. Nous demandons qu'il soit envoyé des courriers dans tous les départements pour les avertir des décrets que vous aurez rendus.

Le tocsin qu'on va sonner n'est point un signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, messieurs, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France est sauvée.