L'abbé Grégoire (31 aout 1794)

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L'abbé Grégoire : Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme et les moyens de le réprimer (31 aout 1794)

À la chute de la monarchie, le 10 août 1792, une flambée de violence se propage contre les symboles de la royauté et de la féodalité. L'Assemblée législative adopte un décret le 14 août 1792, « considérant que les principes sacrés de la Liberté et de l'Égalité ne permettent point de laisser plus longtemps sous les yeux du peuple français les monuments élevés à l'orgueil, aux préjugés et à la tyrannie » et « que le bronze de ces monuments, converti en canons, servira utilement à la défense de la Patrie ». Le décret dispose que « Toutes les statues, bas-reliefs et autres monuments en bronze, élevés sur les places publiques, seront enlevés par les soins des représentants des communes qui veilleront à leur conservation provisoire. »

Le comité de salut public décide l’année suivante la destruction des mausolées des rois à l’abbaye de Saint-Denis.

Député à l’Assemblée constituante où il demande l’abolition totale des privilèges, puis envoyé par le département du Loir-et-Cher pour siéger à la Convention l’abbé Grégoire est un farouche adversaire de la monarchie affirmant devant la Convention le 21 septembre 1792 : « Les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans l'ordre physique. Les cours sont l'atelier des crimes et la tanière des tyrans. L'histoire des rois est le martyrologe des nations. » Mais il n’en dresse pas moins un constat sévère des destructions de la période révolutionnaire et de ceux qui s’attaquent aux objets nationaux et défend la conservation des antiquités, qu’il s’agisse des objets de la vie quotidienne ou des vestiges archéologiques.
Présentant un premier rapport sur les destructions opérées par le vandalisme et sur les moyens de le réprimer devant la Convention le 14 fructidor an II, il en appelle au respect public devant « entourer les objets nationaux, qui, n’étant à personne, sont la propriété de tous ». Il explique qu’une bande de brigands ont émigré mais que les arts n’émigrent pas. Il préconise de lutter contre l’ignorance destructrice grâce à l’instruction et, dans un second et un troisième rapport du 8 brumaire et du 24 frimaire an III il défend la responsabilité individuelle et collective des agents nationaux et des administrateurs de districts des dégradations commises dans leurs arrondissements et demande un inventaire des monuments détruits et mutilés
L’abbé Grégoire écrit dans ses Mémoires : « Je créai le mot pour tuer la chose ». Si Voltaire emploie emploie déjà le mot vandale  pour désigner une personne qui détruit et saccage, du moins l’abbé Grégoire aura-t-il popularisé le terme et contribué à l’apparition d’une véritable conscience patrimoniale.

  

 

Le mobilier appartenant à la Nation a souffert des dilapidations immenses parce que les fripons, qui ont toujours une logique à part, ont dit : nous sommes la nation ; et quoiqu’en général on doive avoir mauvaise idée de quelconque s’est enrichi dans la révolution, plusieurs n’ont pas eu l’adresse de cacher des fortunes colossales élevées tout à coup. Autrefois, ces hommes vivaient à peine du produit de leur travail, et depuis longtemps ne travaillant pas, ils nagent dans l’abondance.

C'est dans le domaine des arts que les plus grandes dilapidations ont été commises. Ne croyez pas qu'on exagère en vous disant que la seule nomenclature des objets enlevés, détruits ou dégradés, formerait plusieurs volumes. La commission temporaire des arts, dont le zèle est infatigable, regarde comme des conquêtes, les monuments qu'elle arrache à l'ignorance, à la cupidité, à l'esprit contre-révolutionnaire, qui semblent ligués pour appauvrir, et déshonorer la Nation.

Tandis que la flamme dévore l’une des plus belles bibliothèques de la République, tandis que des dépôts de matières combustibles semblent menacer encore d’autres bibliothèques, le vandalisme redouble ses efforts. Il n'est pas de jour où le récit de quelque destruction nouvelle ne vienne nous affliger : les lois conservatrices des monuments étant inexécutées ou inefficaces, nous avons cru devoir présenter à votre sollicitude un rapport détaillé sur cet objet. La Convention nationale s’empressera sans doute de faire retentir dans toute la France le cri de son indignation, d'appeler la surveillance des bons citoyens sur les monuments des arts pour les conserver, et sur les auteurs et instigateurs contre-révolutionnaires de ces délits, pour les traîner sous le glaive de la loi.

Il y a cinq ans que le pillage commença par les bibliothèques, où beaucoup de moines firent un triage à leur profit. Ce sont eux sans doute qui ont enlevé le manuscrit unique de la chronique de Richerius à Senones, comme autrefois ils avaient déchiré, dans celui de Geoffroy de Vendôme, la fameuse lettre à Robert d’Arbrissel.

Les librairies, dont l’intérêt s’endort difficilement profitèrent de la circonstance, et en 1781, beaucoup de livres volés dans les ci-devant monastères de Saint-Jean de Laon, de Saint-Faron de Meaux, furent vendus à l’hôtel de Bullion, d’après le catalogue de l’abbé, titre supposé pour écarter les soupçons.

Plusieurs lois et instructions émanées de trois assemblées nationales avaient pour but la conservation des trésors littéraires. Le texte ni l’esprit des décrets ne furent jamais d’autoriser la vente. Celui du 25 octobre 1790 ordonne d'apposer les scellés d'inventorier, d'envoyer les inventaires au comité d'instruction publique. […].

Le législateur crut arrêter ces désordres par la loi du 10 octobre 1792 ; et malgré cette loi, on vendit dans les districts de Lure, Cusset et Saint-Maixent. La plupart des administrations qui ne vendirent pas, laissèrent les richesses bibliographiques en proie aux insectes, à la poussière et à la pluie. Nous venons d'apprendre qu’à Amay les livres ont été déposés dans des tonneaux… Des livres dans des tonneaux !

Le 22 germinal, le comité d’instruction publique vous rendit compte du travail de la bibliographie, sur laquelle on n’avait jamais fait aucun rapport. La Convention nationale enjoignit aux administrations d’accélérer l’envoi  des catalogues, et de rendre compte du travail dans une décade ; par la correspondance la plus active et la plus fraternelle nous n’avons cessé d’éclairer, de stimuler ce travail. Nous devons des éloges à plusieurs corps administratifs ; leurs nouveaux envois forment environ douze cent mille cartes, ce qui répond à près de trois millions de volumes ; mais il en est qui n'ont seulement pas daigné nous écrire. Une nouvelle circulaire est en route pour leur annoncer que, si elle reste sans réponse, on dénoncera leur conduite à la Convention nationale.

Mais parmi ceux même qui ont répondu, quelques-uns, malgré le texte précis des décrets, malgré les instructions les plus formelles, ont encore, je ne dis pas la manie, mais la fureur de détruire et de livrer aux flammes. Vous concevez que cette marche est plus expéditive que celle d’inventorier […].

D’autres proposent de faire un choix qui écarterait les livres licencieux, absurdes, et contre-révolutionnaires. Un jour on examinera si ces productions illégitimes et empoisonnées doivent être réservées pour compléter le tableau des aberrations humaines. La Convention indiquera le point de départ, pour déterminer la conservation des ouvrages qui formeront nos bibliothèques. Mais si l’on permettait de prononcer des arrêts isolés sur cet objet, chacun poserait la limite à sa manière. Quelques individus dont le goût peut être faux, dont les lumières peuvent être très resserrées, formeraient un tribunal révolutionnaire qui proscrirait arbitrairement des écrivains, et prononceraient des arrêts de mort contre leurs écrits. Non seulement,

Horace et Virgile y passeraient pour avoir préconisé un tyran, mais encore pour avoir été souvent imprimés avec privilège d'un autre tyran.

Comment se défendre d'une juste indignation, quand pour justifier le brûlement, on vient nous dire que ces livres sont mal reliés ? Faut-il donc rappeler de nouveau que souvent tous les attributs du luxe typographique étaient prodigués aux écrits dans lesquels on encense le vice et la tyrannie, tandis que des ouvrages précieux par la pureté des principes, et qui contiennent aussi une poudre révolutionnaire, étaient condamnés à l’obscurité des galetas ?

Beaucoup de bibliothèques de moines mendiants, auxquelles certaines gens attachent très peu d'importance, renferment des éditions du premier âge de l'imprimerie. […]

Ces éditions sont d'une, cherté excessive, et les exemplaires dont nous parlons n'ayant jamais été dans le commerce, sont parfaitement conservés. Ce sont des livres de ce genre qui composaient la bibliothèque d'un Monsieur Paris, dont les Anglais ont fait imprimer le catalogue, et qu’on eut la maladresse de laisser sortir de France. Tel livre qui n’était encore évalué ici qu’à quelques écus, s’est vendu 125 guinées à Londres.

Observons aux brûleurs de livres et aux nouveaux iconoclastes plus fougueux que les anciens, que certains ouvrages ont une grande valeur par leurs accessoires. Le missel de la chapelle de Capet, à Versailles, allait être livré pour faire des gargousses, lorsque la bibliothèque nationale s’empara de ce livre dont la matière, le travail, les vignettes et les lettres historiées sont des chefs‑d’œuvre.

D’ailleurs des miniatures même peu soignées, des culs-de-lampe mal dessinés, des reliures chargées de figures informes, ont servi souvent à éclaircir des faits historiques, en fixant les dates, en retraçant des instruments de musique, des machines de guerre, des costumes dont on ne trouvait dans les écrits que des descriptions très imparfaites.

Je passe à des dilapidations d’un autre genre : les antiques, les médailles, les pierres gravées, les émaux de Pétiter, les bijoux, les morceaux d’histoire naturelle d’un petit volume, ont été fréquemment la proie des fripons. […]

De toutes parts s’élèvent contre des commissaires les plaintes les plus amères et les plus justes. Comme ils ont des deniers à pomper sur les sommes produites par les ventes, ils évitent de mettre en réserve les objets précieux à l’instruction publique. Il est à remarquer d’ailleurs que la plupart des hommes choisis pour commissaires sont des marchands, des fripiers, qui, étant par état plus capables d’apprécier les objets rares présentés aux enchères, s’assurent des bénéfices exorbitants […].

Ainsi, par les spéculations de l’agiotage, des objets de sciences et d’arts, qui ne devaient pas même être mise en vente, ont été livrés fort au-dessous de leur valeur. […]

De toutes parts le pillage et la destruction étaient à l’ordre du jour. […]

Permettez-moi de vous présenter ici une série de faits dont le rapprochement est un trait de lumière.

Manuel proposait de détruire la porte Saint-Denis ; ce qui causa pendant huit jours une insomnie à tous les gens de goût et à tous ceux qui chérissent les arts.

Chaumet, qui faisait arracher des arbres sous prétexte de planter des pommes de terre, avait fait prendre un arrêté pour tuer les animaux rares, que les citoyens ne se lassent point d’aller voir au Muséum d’histoire naturelle.

Hébert insultait à la majesté nationale en avilissant la langue de la liberté.

Chabot disait qu’il n’aimait pas les savants : lui et ses complices avaient rendu ce mot synonyme à celui d’aristocrate.

Lacroix voulait qu’un soldat pût aspirer à tous les grades sans savoir lire. […]

Dumas disait qu’il fallait guillotiner tous les hommes d’esprit.

Chez Robespierre, on disait qu’il n’en fallait plus qu’un. Il voulait d’ailleurs, comme on sait, ravir aux pères, qui ont reçu leur mission de la nature, le droit sacré d’élever leurs enfants. Ce qui dans Lepeletier n’était qu’une erreur, était un crime dans Robespierre. Sous prétexte de nous rendre Spartiates, il voulait faire de nous des ilotes, et préparer le régime militaire, qui n’est autre que celui de la tyrannie. […].

Anéantir tous les monuments qui honorent le génie français et tous les hommes capables d’agrandir l’horizon des connaissances, provoquer ces crimes, puis faire le procès à la révolution en nous les attribuant, en un mot nous barbariser, puis crier aux nations étrangères que nous étions des barbares pires que ces musulmans qui marchent avec dédain sur les débris de la majestueuse antiquité : tel était une des branches du système contre-révolutionnaire.

Dévoiler, ce plan conspirateur, c’est le déjouer. Les citoyens connaîtront les pièges tendus à leur loyauté, ils signaleront ces émissaires de l’étranger que le char révolutionnaire doit écraser dans sa course. Une horde de brigands ont émigré ; mais les arts n’émigreront pas. Comme nous, les arts sont enfants de la liberté, comme nous, ils ont une patrie, et nous transmettrons ce double héritage à la postérité.

Ce que les législateurs ont fait pour vivifier les sciences et pour en répandre les bienfaits, ce qu’ils feront encore est une réponse victorieuse à toutes les impostures. […]

Législateurs, c’est votre ouvrage.

Le projet d’uniformiser l’idiome, et de donner à la langue la liberté le caractère qui lui convient, commence à s’exécuter. Déjà, plusieurs sociétés populaires du midi ont arrêté de ne plus discuter qu’en français. […]

Législateurs, que vous prescrit l’intérêt national ? C’est d’utiliser au plus tôt vos immenses et précieuses collections, en les faisant servir à l’instruction de tous les citoyens. Le comité vous présentera un mode de répartition ; et puisque, d’après la nouvelle organisation, les musées sont confiés à la surveillance, il faut les établir. Hâtez-vous de créer des hommes à talent qui promettent des successeurs à la génération peu nombreuse de ceux qui existent. On parle quelquefois de l’aristocratie de la science : elle entre peut-être dans les vues de certains individus qui déclament contre tous les plans d’éducation, et qui voudraient condamner à l’ignorance les artisans et les cultivateurs, tandis qu’ils prodiguent les moyens d’instruction à leurs enfants. Il est un infaillible moyen pour n’être pas obligé de perpétuer la gestion des affaires dans les mêmes mains, et pour éviter le monopole des talents : c’est de les disséminer, c’est de provigner les connaissances utiles, en organisant promptement l’éducation nationale, en formant surtout des écoles normales ; car, si nous avons de bons maîtres, le succès est infaillible : et souvenez-vous que quand il s’agit d’éducation, comme en matière de gouvernement, des vues mesquines sont des vues détestables. Il y a quinze mois que le comité de salut public vous disait que cette organisation était une mesure de sûreté générale ; et cependant cette mesure n’est pas encore prise ; l’éducation nationale n’offre plus que des décombres. Il vous reste vingt collèges agonisants. Sur près de six cents districts, soixante-sept seulement ont quelques écoles primaires ; et de ce nombre, seize seulement ont quelques écoles primaires ; et de ce nombre, seize seulement présentent un état qu’il faut bien trouver satisfaisant, faute de mieux. Cette lacune de six années a presque fait écrouler les mœurs et la science. Ses résultats se feront sentir d’une manière funeste dans les autorités constituées, et peut-être jusque dans le sein des corps législatifs.

Et cependant la jeunesse est tourmentée par le besoin d’apprendre : la Bibliothèque nationale nous sert de thermomètres à cet égard. Quoiqu’une grande partie de ceux qui seraient dans le cas d’y aller soient présentement dans les armées, elle est plus fréquentée qu’autrefois, et l’on n’y demande plus guère que des livres utiles.

Vainement dirions-nous que les connaissances utiles, comme la vertu, sont à l’ordre du jour : on ne les commande pas. Celles-là, on les enseigne ; celle-ci, on l’inspire. L’un et l’autre sont les fruits de l’éducation ; et vous n’obtiendrez pas même des fruits abortifs, si l’on n’organise promptement une éducation nationale qui fera chérir la liberté par principes et par sentiments : quand la révolution sera dans les esprits et dans les cœurs, elle sera partout.

Pour remplir totalement le but de ce rapport, nous vous proposerons des moyens de réprimer les dilapidations. Elles ont pour cause l’ignorance ; il faut l’éclairer : la négligence ; il faut la stimuler : la malveillance et l’aristocratie ; il faut les comprimer. […]

Les fripons ont des lettres de naturalité pour toutes les monarchies ; mais ils doivent être étrangers dans une République : ne pas les dénoncer, c’est être leur complice, c’est haïr la patrie. Ne confondons pas avec eux des hommes dont la droiture égale la simplicité ; discernons les vrais coupables dont le cœur dirigeait la main, de ceux qui, coupables en apparence, n’ont été qu’égarés ; mais frappons sans pitié tous les voleurs, tous les contre-révolutionnaires, et rendons, par là même, plus utile l’activité du gouvernement révolutionnaire que l’aristocratie essaye vainement de décrier. Ses clameurs n’aboutiront qu’à démasquer des pervers longtemps déguisés, qui n’échapperont point à la masse nationale.

Nous sommes loin de vous proposer, comme chez les Grecs, la peine de mort pour les délits dont il s’agit. Vous avez rendu un décret à cet égard : il suffit d’en rappeler et d’en étendre les dispositions qui ne s’appliquent qu’aux sculptures ; car les tableaux, les bibliothèques, les cabinets d’histoire naturelle ne sont pas moins dignes d’être conservés.

L’organisation nouvelle des comités donnera plus d’énergie à la surveillance.

Aux mesures répressives joignons des moyens moraux ; faisons un appel à toutes les sociétés populaires, à tous les bons citoyens ; surtout que les représentants du peuple, par leur correspondance dans les départements, s’efforcent d’éveiller, d’éclairer le patriotisme à cet égard.

En Italie, le peuple est habitué à respecter tous les monuments, et même ceux qui les dessinent. Accoutumons les citoyens à se pénétrer des mêmes sentiments. Que le respect public entoure particulièrement les objets nationaux, qui, n’étant à personne, sont la propriété de tous.

Ces monuments contribuent à la splendeur d’une nation, et ajoutent à sa prépondérance politique. C’est là ce que les étrangers viennent admirer. Les arènes de Nîmes et le pont du Gard ont peut-être plus rapporté à la France qu’ils n’avaient coûté aux Romains.

La Sicile n’a presque plus de consistance que par des ruines célèbres ; de toutes parts on va les interroger. Rome moderne n’a plus de grands hommes ; mais ses obélisques, ses statues, appellent les regards de l’univers savant. Tel Anglais dépensait deux mille guinées pour aller voir les monuments qui ornent les bords du Tibre. Certes, si nos armées victorieuses pénètrent en Italie, l’enlèvement de l’Apollon du Belvédère et de l’Hercule Farnèse serait la plus brillante conquête. C’est la Grèce qui a décoré Rome ; mais les chefs‑d’oeuvre des républiques grecques doivent-ils décorer le pays des esclaves ? La République française devrait être leur dernier domicile.

Philippe de Macédoine disait : « Je réussirai plutôt à dompter la belliqueuse Sparte que la savante Athènes ». Réunissons donc le courage de Sparte et le génie d’Athènes : que de la France on voit s’échapper sans cesse des torrents de lumières pour éclairer tous les peuples et brûler tous les trônes. Puisque les tyrans craignent les lumières, il en résulte la preuve incontestable qu’elles sont nécessaires aux républicains : la liberté est fille de la raison cultivée, et rien n’est plus contre-révolutionnaire que l’ignorance ; on doit la haïr à l’égal de la royauté.

Inscrivons donc, s’il est possible, sur tous les monuments, et gravons dans tous les cœurs cette sentence : « Les barbares et les esclaves détestent les sciences, et détruisent les monuments des arts ; les hommes libres les aiment et les conservent ».