Évolution de l'architecture du Palais Bourbon

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1722-1728

Louise-Françoise de Bourbon, dite Mlle de Nantes, fille légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan, veuve de Louis III, prince de Condé, acheta, sur les conseils de son « ami », Armand de Madaillan de Lesparre, marquis de Lassay, des terrains à proximité du château des Tuileries où résidaient le jeune roi Louis XV et sa cour pendant la Régence.

Le Palais Bourbon et l'hôtel de Lassay furent construits entre 1722 et 1728 sur les plans de l'architecte Giardini que Lassay avait connu en Italie et qui avait adopté un parti architectural rappelant le Grand Trianon. Mort à peine les travaux commencés, Lassurance lui succéda, mais mourut deux ans plus tard. La duchesse confia alors la responsabilité de tous les travaux à l'architecte des Condé, Jean Aubert.

1728-1789

Le règlement de la succession de la duchesse aboutit à la vente du palais que racheta Louis XV pour protéger la perspective de la place royale qu'il faisait alors construire. Le prince de Condé, petit-fils de la duchesse, qui s'était couvert de gloire pendant la guerre de Sept ans, demanda au roi de lui vendre le Palais Bourbon. Louis XV le lui céda en 1764 pour le prix du terrain et des glaces. Trop petit pour y loger son importante « maison », le prince devait l'agrandir. Sur les conseils de Soufflot, il organisa un concours remporté par Barreau de Chefdeville qui décéda peu après ; il fut remplacé par Le Carpentier qui disparut quelques années plus tard et que remplaça Bellisard auquel succéda Leroy.

À l'exception du prolongement des deux ailes bordant la cour d'honneur, les agrandissements ne devaient pas modifier l'ancien palais ; ils consistèrent seulement à édifier divers bâtiments autour de cours intérieures entre le palais et l'hôtel de Lassay et à fermer la grande cour dont le portique monumental fut aussi modifié.

1789-1798

Création de la première salle des séances
Création d'une galerie entre l'hôtel de Lassay et le Palais Bourbon

Confisqué comme bien d'émigré en 1791, le Palais Bourbon fut affecté à divers services de l'administration militaire et l'hôtel de Lassay à l'Ecole centrale des travaux publics, future École polytechnique.

La Constitution de l'an III avait institué le bicamérisme. La Convention nationale fixa au Palais Bourbon le siège du Conseil des Cinq-Cents. Les architectes Jacques-Pierre Gisors et Emmanuel-Chérubin Leconte y aménagèrent une salle des séances en forme d'hémicycle, qui fut inaugurée le 21 janvier 1798.

L'hôtel de Lassay, où étaient installés le vestiaire et la bibliothèque, fut relié au Palais Bourbon par une galerie de bois.

1798-1814

Création du fronton face au Pont de la Concorde

Pour masquer l'effet disgracieux que produisait le comble de la salle des séances au-dessus d'une construction de plain-pied et pour corriger le biais du bâtiment par rapport au pont de la Concorde édifié à la fin du XVIIIe siècle, les questeurs du Corps législatif présentèrent en 1806 à Napoléon un projet de façade conçu dans le style de celui de la Madeleine par l'architecte Bernard Poyet.

Le décor sculpté comprenait deux hautes statues allégoriques, quatre statues de ministres célèbres et un fronton à la gloire de l'Empereur ; sous la colonnade, des bas-reliefs célébraient ses exploits militaires et son oeuvre législative.

1814-1832

Reconstruction de l'hémicycle
Construction de la Bibliothèque
Création des grands salons

Avec la Restauration, le prince de Condé put récupérer l'hôtel de Lassay, mais fut contraint de louer à la Chambre des députés le Palais Bourbon dont l'architecture intérieure et extérieure avait été bouleversée.

Après sa mort, son fils, Louis-Joseph-Henri, duc de Bourbon, consentit, après de longues et difficiles négociations, à vendre à l'État la partie occupée par la Chambre des députés au prix de 5 250 000 francs par contrat passé le 22 juillet 1827.

Depuis de nombreuses années, la salle des séances donnait des signes alarmants de dégradation. En 1827, l'architecte Jules de Joly présenta un plan de reconstruction qui comprenait, en outre, l'aménagement de trois salons pris sur la cour d'honneur : un vestibule pour une entrée solennelle dans le temple des lois, entouré, à gauche, d'une salle occupée par le trône du roi le jour d'ouverture de la session, à droite, d'une salle de distribution des documents nécessaires au travail législatif. Il avait aussi prévu l'installation d'une grande bibliothèque dont la décoration fut confiée à Delacroix qui la réalisa à partir de 1838.

Les députés prirent possession du nouvel hémicycle le 21 novembre 1832 et l'occupent aujourd'hui encore.

De 1832 à nos jours

La parcelle côté esplanade des Invalides fût cédée en 1845 pour permettre la construction par l’architecte Lacornée de l’hôtel du Ministère des Affaires étrangères entre 1845 et 1855.
Á part cette cession, l'architecture extérieure du Palais-Bourbon subit des modifications de moindre importance : surélévation de l’hôtel de Lassay en 1848, rénovation complète de l’Hôtel de la Questure dans les années trente, installation dans la Cour d’honneur d’un monument symbolisant l'universalité du message de la Révolution française en 1989, surélévation du 3e étage en 1975, réorganisation de la cour en 2017.
D’autres modifications sont moins visibles : creusement de la Cour Montesquieu en 1970 ou creusement de la Cour d’honneur en 1980 pour la création de salles de réunion et de parkings, par exemple.
L'Assemblée, installée depuis maintenant plus de deux siècles dans un Palais conçu pour une tout autre destination, doit, chaque jour, répondre aux nouveaux besoins du législateur dont les activités nombreuses et complexes ne s'exercent pas seulement dans la salle des séances. C'est pourquoi d’autres immeubles ont été acquis alentour pour fournir aux députés des bureaux-chambres, des bureaux, des salles de réunion, des lieux de restauration, etc.