Jean-Baptiste Lebas

1878 - 1944

Mort pour la France

Informations générales
  • Né le 24 octobre 1878 à Roubaix (Nord - France)
  • Décédé le 15 mars 1944 à Sonnenburg (Allemagne)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Nord
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Nord
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 1er mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Nord
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Nord
Groupe
Socialiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 24 octobre 1878 à Roubaix (Nord).

Député du Nord de 1919 à 1928 et de 1932 à 1942.

Ministre du Travail du 4 juin 1936 au 22 juin 1937.

Ministre des P.T.T. du 22 juin 1937 au 18 juin 1938 et du 23 mars au 10 avril 1938.

Jean Lebas fréquente l'école communale, puis l'école primaire supérieure de Roubaix. Les convictions de son père, ouvrier tisserand engagé dans l'action syndicale, mais surtout la misère qu'il côtoie décident de sa vocation socialiste. A 14 anis, il assiste pour la première fois à une réunion de propagande de Jules Guesde. Il consacre ses heures de loisir à la lecture des écrits du grand tribun et du Capital de Karl Marx.

Agé de 15 ans, il prend la parole dans une réunion publique à Wasquehal. Sous le pseudonyme de Jacques Vingtras il se fait, à Roubaix, le propagandiste écouté des revendications ouvrières. D'abord lui-même apprenti tisserand, ses activités de militants lui valent d'être licencié par son employeur.

Il finit par entrer comme expéditionnaire à la recette municipale de Roubaix après que la mairie eût été enlevée par le parti ouvrier français avec Henri Carrette en 1892.

Il a 18 ans quand paraissent ses premiers écrits. Sous ce même pseudonyme du héros de Jules Vallès, il publie en 1900 une brochure préfacée par Jules Guesde et intitulée : Socialisme et patriotisme, véritable profession de foi à laquelle il demeurera constamment fidèle. «Le devoir du parti socialiste, y écrivait-il, est de vouloir la paix. Mais si par malheur la France se trouvait dans la douloureuse nécessité de se défendre contre des attaques venant de l'extérieur, le devoir des socialistes serait de marcher résolument pour la défense du pays. »

En 1906, Jules Guesde qui avait remarqué son esprit méthodique et ses qualités d'organisateur l'appelle au secrétariat de la fédération socialiste du Nord. Deux ans plus tard, Jean Lebas est élu conseiller municipal de Roubaix et, en 1910, conseiller général. Il devait, après la Grande Guerre, présider avec autorité l'assemblée départementale.

Au conseil municipal, il combat l'administration du maire en place depuis 1902, représentant du patronat du textile. En 1912, il fait triompher la liste socialiste et devient, à 34 ans, maire de sa ville natale. Il le demeurera vingt-neuf ans.

L'œuvre qu'il entreprend, à peine installé à la mairie, pour la rénovation de la cité du textile est interrompue par la guerre et l'occupation allemande. Au début de 1915, mis en demeure par la Kommandantur de lui communiquer la liste des jeunes gens de 18 ans que les autorités allemandes se proposent de déporter, il oppose un refus catégorique. Arrêté en même temps que le préfet Trépont et d'autres personnalités, il est déporté et enfermé dans la forteresse de Rastatt. Malade, il est échangé avec d'autres otages- en janvier 1916 et est accueilli en France par Edouard Herriot.

Le 18 octobre 1916, Jean Lebas est fait chevalier de la Légion d'honneur.

La guerre finie, il reprend sa tâche à la mairie de Roubaix. Pendant la durée de son mandat municipal, il s'est employé à l'amélioration de la santé publique, et singulièrement de la jeunesse, créant des colonies de vacances, écoles de plein air, cantines, installations sportives, développant les organismes d'assistance et de prévoyance sociale.

L'enseignement est pour lui l'instrument essentiel de la promotion ouvrière. « A une industrie développée et en progrès constants, surtout sans l'aiguillon d'une législation protectrice du travail, doit correspondre un enseignement professionnel approprié accessible à tous, capable de former des ouvriers conscients de leur valeur comme des citoyens doivent l'être de leur rôle dans la cité et dans la nation. »

Les élections législatives de 1919 lui ouvrent les portes du parlement. Il est élu aux côtés de Jules Guesde et de Delory, dans la 7e circonscription du Nord, sur la liste du parti socialiste, avec 152.548 voix sur 374.022 votants.

A la Chambre, il se fait le défenseur actif des travailleurs, ceux des usines de textile, de la métallurgie. Orateur sobre, il s'exprimait avec une lenteur mesurée, d'une voix un peu aigre, bien timbrée, recherchant l'expression juste mais sans effet déclamatoire, en homme qui veut être écouté et qui l'était.

Dès 1920, développant une interpellation sur l'exploitation des services publics au profit de la nation, il réclame la nationalisation des chemins de fer, des mines, des transports maritimes. Le chômage, les conflits du travail qui se déroulent dans le Nord motivent de nombreuses interventions de sa part. Le 28 octobre 1921, il demande la fixation d'un salaire minimum et la conciliation obligatoire dans les conflits du travail.

Dans les congrès, au Conseil général du Nord, à la Chambre, il s'élève contre la politique de Poincaré, notamment l'ouverture de crédits pour l'occupation de la Ruhr.

Ce militant, pour qui la condition de la victoire socialiste est l'union, l'organisation de toutes les forces des travailleurs dans les syndicats, les coopératives, les formations politiques, ne peut que réprouver la scission du parti socialiste consommée au congrès de Tours. Dès lors, il se consacre à la reconstitution de la section française de l'internationale ouvrière. L'ascendant qu'il exerce sur ses camarades de parti - et en particulier ceux de la fédération du Nord - il le devait à sa foi socialiste, à son respect scrupuleux de la règle démocratique, à son intransigeance sur les principes moraux qui forçaient le respect de ses adversaires politiques.

Son opposition au communisme lui vaudra la perte de son siège de député. En effet, s'il est réélu en 1924, dans la 7e circonscription de Lille, sur la liste socialiste S.F.I.O. et paysans, avec 161.822 voix sur 451.028 votants, en revanche, aux élections de 1928 qui se déroulent au scrutin uninominal à deux tours, la dispersion des voix de l'extrême gauche permet au républicain de gauche, Detailleur, de le distancer au second tour dans la 8e circonscription de Lille, mais de 256 voix seulement : 11.408 contre 11.152.

Il retrouvera son siège en 1932, où il l'emportera par 14.284 voix contre 10.952 à son adversaire immédiat, Lierman. Membre de la commission d'assurance et de prévoyance sociale et de la commission du travail, nommé le 30 juin 1926 membre du Conseil supérieur du travail, il est chargé - au cours de la 13e législature, de 1924 à 1928 - de rapporter divers projets : conventions élaborées par la conférence internationale du travail et relatives au travail des femmes ; travail de nuit des enfants ; chômage ; repos hebdomadaire ; égalité de traitement des travailleurs étrangers et nationaux en matière de réparation des accidents du travail.

Aux élections de 1936, Jean Lebas est élu par 16.534 voix contre 11.095 à son adversaire le plus proche. Léon Blum, chargé de constituer le gouvernement, lui confie le ministère du Travail.

C'est à lui que revient, en cette qualité, la tâche de traduire dans des textes de lois les grandes réformes sociales que le Front populaire avait inscrites dans son programme : la semaine de 40 heures ; les conventions collectives ; les procédures de conciliation et d'arbitrage dans les conflits collectifs du travail ; les congés payés ; le plan de grands travaux ; la généralisation des assurances sociales. Les premiers textes étaient déposés par Léon Blum dès le 9 juin sur le Bureau de la Chambre. La plupart étaient votés dix semaines après.

Niais les difficultés financières contraignent bientôt Léon Blum à demander les pleins pouvoirs. Le Sénat n'acceptant de ne lui consentir que des pouvoirs limités, il démissionne le 21 juin 1937. '

Jean Lebas quitte donc le ministère du Travail mais prend celui des P.T.T. dans le 2e cabinet Chautemps, le 22 juin 1937.

Il quitte le ministère des P.T.T. sous le 3e cabinet Chautemps, mais le reprend dans le second cabinet Léon Blum qui ne dure qu'un mois, du 13 mars au 10 avril 1938.

Il ne prit pas part au vote accordant les pouvoirs constituants au maréchal Pétain le 10 juillet 1940.




Né le 24 octobre 1878 à Roubaix (Nord)
Décédé le 10 mars 1944 à Sonnenbourg (Allemagne)

Député du Nord de 1919 à 1928 et de 1932 à 1942
Ministre du travail du 4 juin 1936 au 22 juin 1937
Ministre des PTT du 22 juin 1937 au 17 janvier 1938 et du 9 mars au 10 avril 1938

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires, 1889-1940, Tome VI, p. 2173, 2174)

Pendant la seconde guerre mondiale, Jean-Baptiste Lebas entre dans la Résistance et appartient, avec son fils et sa nièce, à un réseau qui a pour mission de recevoir et d'héberger les parachutistes anglais. Il édite aussi un journal clandestin, L'Homme Libre.

Arrêté chez lui par la Gestapo le 21 mai 1941, il est transféré à Loos le 2 septembre 1941, à Hambourg le 23 décembre, puis à la prison Charlottenbourg à Berlin le 20 avril 1942, pour être jugé le 21 avril 1942 par un tribunal allemand. Il est condamné à trois ans et demi de travaux forcés. Après être passé à la prison de Tegel en juin 1942 puis à celle de Lutterstrasse en juillet 1942, il part pour le camp de Sonnenbourg, où il travaille dans un atelier de ficellerie.

En mars 1944, atteint de bronchite et de rhumatismes, il se présente à la visite médicale, est exempté de travail et meurt le lendemain, à l'âge de 65 ans.

Sa mort n'a été connue qu'en juin 1945. Il a fait l'objet de funérailles officielles, à Roubaix, le 2 septembre 1951, en présence du président du Conseil, René Pleven.