Jean-Baptiste, André Amar

1755 - 1816

Informations générales
  • Né le 11 mai 1755 à Grenoble ( - Généralité de Grenoble France)
  • Décédé le 21 décembre 1816 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 5 avril 1794 au 20 avril 1794

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 9 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Isère
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention pour le département de l'Isère, né à Grenoble (Généralité de Grenoble), le 11 mai 1755, mort à Paris, le 21 décembre 1816, il appartenait à une famille aisée. Reçu avocat au parlement de Grenoble, il venait d'acheter pour 200 000 francs la charge de trésorier de France, qui donnait la noblesse, quand éclata la Révolution.

Amar, qui se trouvait des privilégiés, se montra d'abord réfractaire aux idées nouvelles ; ce n'est que vers 1792 qu'il s'y rallia chaudement. Nommé, le 9 septembre, par le département de l'Isère, membre de la Convention nationale, par 276 voix sur 494 votants, il débuta dans l'Assemblée en dénonçant les machinations qui se préparaient en Alsace et sur les bords du Rhin parmi les émigrés.

Dans le procès de Louis XVI, un des plus ardents contre l'accusé, il attaqua avec force Lanjuinais, qui prétendait que la Convention était incompétente pour juger le procès du roi. Il vota successivement contre l'appel au peuple, pour la peine de mort, pour l'exécution dans les vingt-quatre heures et contre le sursis.
Voici ses paroles en réponse au 2e appel nominal :
« J'énonce mon opinion et je la motive. Fidèle à la souveraineté du peuple je maintiens les principes, et je les maintiendrai de tout mon pouvoir. La souveraineté du peuple consiste à faire des actes généraux; on ne doit pas confondre les actes délégués avec les actes de législature. Le peuple ne peut être magistrat ; le peuple ne peut remplir aucune des fonctions qu'il a le droit de déléguer. Si vous envoyez cette affaire au peuple, souvenez-vous, citoyens, que vous oubliez le mandat qu'il vous a donné. L'Assemblée législative ne crut pas avoir les pouvoirs suffisants que des mesures de sûreté exigeaient. Le décret du 11 août nous a envoyés pour sauver la République, c'est pourquoi je dis non. »

Au 3e appel nominal, il dit :
« Louis est convaincu d'attentats contre la sûreté générale de l'Etat, et de conspiration contre la liberté ; sa vie publique, depuis la Révolution, est un long tissu de crimes ; son existence est odieuse, sa mort est nécessaire pour consolider une Révolution dont il serait l'éternel ennemi. Ainsi le veut la liberté qu'il a outragée ; ainsi l'ordonne l'égalité des droits ; c'est le seul despotisme qui puisse nous diriger; j'en jure par Brutus ; je le jure devant le peuple français. Je conclus à la mort. »

Dans la séance du 21 janvier, le jour même de l'exécution du roi, Amar demanda l'arrestation de tous ceux qui tiendraient des discours suspects. Le 10 mars, il appuya la création, proposée par Robert Lindet, d'un tribunal révolutionnaire, et dit que cette mesure seule pouvait sauver le peuple. Le 21 mai, il dénonça Kellermann à la Convention, et protesta contre la décision qui venait de lui confier le commandement de l'armée des Alpes. Vers la même époque, il fut envoyé avec Merlin en mission dans les départements de l'Ain et de l'Isère ; il y déploya la plus grande rigueur et ordonna de si nombreuses incarcérations, que les habitants envoyèrent une députation à la Convention (10 mai 1793), pour réclamer contre ces mesures exceptionnelles. La pétition des délégués, présentée par Populus, fut renvoyée au comité de sûreté générale, et Amar écrivit, le 16 mai, aux administrateurs du département de l'Ain: « S'il nous restait quelques regrets ce serait de ne pas avoir doublé la mesure (des arrestations.) Vous verrez incessamment que la Convention, loin de faire droit à votre adresse, rendra un décret qui vous obligera à rechercher jusqu'aux moindres suspicions. »

Adversaire acharné de la Gironde, Amar devint plus influent encore après le 31 mai ; ce fut lui qui provoqua le décret d'accusation contre Buzot, Duprat, Mainvielle ; ce fut encore lui qui, le 3 octobre, fut chargé au nom du comité de sûreté générale de conclure contre Vergniaud, Guadet et les autres Girondins ; lui même arrêta les deux frères Rabaud. Enfin il fut l'auteur du rapport qui inculpait de royalisme et d'agiotage Bazire, Chabot, Delaunay, Fabre d'Eglantine et Julien. Il s'efforçait de prouver que les dispositions du décret qui réglait les intérêts de la nation dans les comptes de la Compagnie des Indes avaient été falsifiées par eux.

Après la chute d'Hébert et de ses adhérents, qui avaient attaqué Amar aux Cordeliers, il fut président de la Convention (4 avril 1794) et fit, en cette qualité, devant l'Assemblée un discours sur Jean-Jacques Rousseau, dont il proclama les titres aux honneurs du Panthéon.

Dans les jours qui précédèrent le 9 Thermidor, il se déclara violemment contre Robespierre et contribua à l'envoyer à la mort. Mais les Thermidoriens au pouvoir le dénoncèrent à leur tour, le 11 fructidor (28 août) ; il fut absous cependant ce jour là par l'Assemblée.

Le 12 germinal an III (avril 1795), impliqué dans la révolte contre la Convention avec Barrère, Collot d'Herbois et Billaud-Varenne, il fut arrêté et conduit au château de Ham, d'où l'amnistie du 4 brumaire suivant le fit bientôt sortir.

Il vivait à Paris, éloigné des affaires, lorsque le Directoire ordonna de nouveau son arrestation, comme complice de la conspiration de Babeuf. Transféré à Vendôme devant la Haute Cour de justice, il y fit l'apologie de sa conduite politique et du gouvernement révolutionnaire ; le jugement le renvoya devant le tribunal de la Seine pour l'application de la loi du 22 floréal, qui exilait de Paris plusieurs conventionnels. Il n'en continua pas moins de vivre paisiblement à Paris, où il demeura tout le temps de l'Empire, complètement étranger aux affaires publiques. A cause de cela sans doute il ne fut pas compris, après le retour des Bourbons, dans la catégorie des régicides proscrits en 1816.