Jean-Baptiste Harmand

1751 - 1816

Informations générales
  • Né le 10 novembre 1751 à Souilly ( - Duché de Lorraine - Généralité de Nancy)
  • Décédé le 26 février 1816 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 7 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Meuse
Groupe
Plaine
Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 14 avril 1799 au 26 décembre 1799
Département
Meuse
Groupe
Clichyens

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, député au Conseil des Anciens et au Conseil des Cinq-Cents, né à Souilly (Duché de Lorraine - Généralité de Nancy), le 10 novembre 1751 de Jean Dieudonné Harmand, marchand et de Françoise Baudot, mort à Paris (Seine), le 24 février 1816, il entra au séminaire qu'il quitta pour étudier le droit, puis servit quelque temps au régiment de Vivarais-infanterie, passa aux Indes, y fit la guerre, et ne revint qu'en 1787 à Bar-le-Duc, où il se fit avocat.

Juge de paix au début de la Révolution, il se déclara pour les idées nouvelles, et, le 7 septembre 1792, fut élu membre de la Convention par le département de la Meuse, le 8e et dernier, avec 85 voix sur 169 votants. Son attitude dans l'Assemblée fut sujette à quelques variations. C'est ainsi que lors du procès du roi, il rejeta d'abord l'appel au peuple; puis, sur la question de la peine, il opina avec les plus modérés en disant : « Je vote pour le bannissement immédiat. » Enfin il se prononça contre le sursis. Envoyé, en août 1793, en mission à l'armée de la Moselle, puis dans la Charente le 14 octobre 1793, pour la réquisition des chevaux, il constata que, « dans ce département, l'esprit public avait été livré à la fatale oscillation du royalisme et du fédéralisme, et que les habitants des campagnes disaient qu'il valait autant avoir affaire au roi d'Angleterre qu'à un autre. »

Siégeant à la Plaine, Harmand resta étranger aux débats des Girondins et de la Montagne, se fit oublier jusqu'à la chute des Jacobins, et figura ensuite parmi les plus zélés partisans de la réaction thermidorienne. Devenu membre du comité de sûreté générale, il poursuivit les sociétés populaires, parla sur « l'épuration » des autorités constituées, et dénonça les « continuateurs de Robespierre ». Il pressa l'organisation de la police et applaudit à la répression de l'insurrection de prairial an III. En l'an IV, il combattit la réunion de la Belgique à la France, en la représentant comme impolitique, dangereuse et contraire au vœu des Belges.

Le 21 vendémiaire de la même année, Harmand fut élu, par 243 voix (258 votants) député de la Meuse au Conseil des Cinq-Cents. Devenu secrétaire de la nouvelle assemblée, il fit tous ses efforts pour se ménager la faveur de la majorité que les élections récentes avaient fait passer du côté des clichyens, appuya les mesures contre-révolutionnaires, et, dans un rapport dont il fut chargé sur la situation des fugitifs des Haut et Bas-Rhin, attaqua vivement les actes des représentants précédemment envoyés en mission dans ces départements. Cependant, aux approches du 18 fructidor, sentant que la fortune tournait contre le parti royaliste, il l'abandonna pour revenir au Directoire, qui le désigna pour secrétaire dans cette fameuse journée.

Sorti du Conseil des Anciens en 1798, il reparut un an après, le 25 germinal an VII, au Conseil des Cinq-Cents, toujours comme député de la Meuse, se prononça contre la liberté de la presse, et se montra favorable au coup d'Etat de brumaire. Il fut récompensé de son adhésion par la préfecture du Haut-Rhin.

Nommé préfet du Haut-Rhin aussitôt après le 18 Brumaire, il eut une vive altercation avec son secrétaire général qui fut destitué; il donna lui-même sa démission quelques mois après. Il refusa successivement du premier Consul, les postes de consul à Santander puis à Dantzig; mécontent de ne pas obtenir la haute situation à laquelle il croyait avoir droit, il bouda l'Empire et fus mis en surveillance à Pouilly en 1813.

A son entrée en France, le comte d'Artois confirma la mise en surveillance (1814). Aux Cent-Jours Harmand signa l'Acte additionnel, et tomba ainsi sous le coup de la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides. Il écrivit alors une lettre de supplication à la duchesse d'Angoulême; des mesures allaient être prises pour l'expulser, lorsqu'on le trouva mort dans une rue de Paris, des suites d'une chute qui liu avait fendu l'arcade sourcilière; il était couvert de haillons. Le corps fut porté à la morgue, où il fut reconnu et réclamé par la famille.

Il a publié, en 1814, sous la Restauration, une brochure intitulée : Anecdotes relatives à quelques personnages et à plusieurs événements remarquables de la Révolution, et qui était destinée à appeler sur son auteur la bienveillance du pouvoir royal : « L'aurore d'un jour plus prospère et plus juste, y était-il dit, vient de luire pour la France; c'est sous ses auspices tutélaires que je livre aujourd'hui ces anecdotes à l'impression. Mon intention n'est pas de troubler les délicieuses jouissances du moment par des souvenirs déchirants, et lorsque la magnanimité du prince offre et garantit l'oubli du passé, je serais bien coupable si je cherchais à alarmer la confiance. » On peut juger, d'ailleurs, du degré de créance que méritaient ces anecdotes par celle qui a trait à Robespierre: Harmand raconte que ce dernier aurait été proposé en 1791 pour gouverneur du prince royal, et que Louis XVI, sur les instances de Mme de Lamballe, était tout prêt à l'accepter, lorsque la reine déclara qu'elle ne pouvait se résoudre à confier son fils à « un tel monstre! »

La perte de ses fonctions avait réduit Harmand à la misère ; il n'en souffrit pas longtemps, étant mort au commencement de 1816.