Jean Delobel

1933 - 2013

Informations générales
  • Né le 31 janvier 1933 à Armentières (Nord - France)
  • Décédé le 10 mai 2013 à Bailleul (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIe législature
Mandat
Du 1er juin 1997 au 18 juin 2002
Département
Nord
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 19 juin 2002 au 19 juin 2007
Département
Nord
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la Ve République







DELOBEL, Jean
Né le 31 janvier 1933 à Armentières (Nord)
Décédé le 10 mai 2013 à Bailleul (Nord)

Député du Nord de 1997 à 2007

Jean Delobel naît le 31 janvier 1933 dans le département du Nord, à Armentières. Après une formation d'enseignant, il devient instituteur, puis professeur de français et d'histoire en collège. Il termine sa carrière professionnelle en 1993, comme principal adjoint de collège.

Membre du parti socialiste (PS), Jean Delobel milite à Bailleul, commune du Nord, située entre Lille et Dunkerque, où il enseigne. Dans cette ville administrée depuis longtemps par la droite, une mobilisation énergique (en 1976 par exemple, une journée « ville morte » est organisée contre la fermeture d'une entreprise locale), et l'alliance avec le parti communiste, lui permettent d’être élu maire en 1977. Jean Delobel remporte en effet le mandat mayoral au second tour, le 20 mars, contre le maire sortant Joseph Legrand, candidat du Rassemblement pour la République (RPR), en poste depuis 1953. Jean Delobel sera réélu en mars 1983, mars 1989, juin 1995 et en mars 2001. À la suite d'un accident vasculaire cérébral survenu en 2005, il cède le siège à Michel Gilloen, son premier adjoint, qui est élu maire en janvier 2006.

Durant ses mandats édilitaires, Jean Delobel, encouragé par son expérience d'enseignant, développe de nombreux projets dans les domaines de la jeunesse et de la culture, notamment en s'engageant pour améliorer l'accès au savoir. Il modernise en particulier les locaux et les services de la bibliothèque municipale, et favorise la lecture pour les enfants. Il est également très attentif à la situation des seniors, et va souvent apporter son soutien aux patients âgés de l'Établissement public de santé mentale des Flandres de Bailleul. Grand défenseur de l'idée européenne, il signe de nombreux accords de jumelage, notamment en 1992 avec la commune d'Izegem, en Belgique. En 1999, il inaugure la Maison du Néerlandais, centre associatif d'apprentissage linguistique et culturel, dont l'un des objectifs principaux est d'aider la population à trouver un emploi de l'autre côté de la frontière, en Belgique. Homme indépendant, en parole comme en action, Jean Delobel entretient des relations parfois assez difficiles avec le parti socialiste. À plusieurs reprises, sur certains sujets importants, comme par exemple pour lutter contre les inondations, il n'hésite pas à coopérer avec des élus d'un autre bord politique.

En octobre 1988, Jean Delobel est élu conseiller général du Nord, dans le canton du Sud-Ouest. Il est réélu en mars 1994, et devient membre de la commission permanente du conseil général, où il siège jusqu'en 2001. Il est également conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais pendant trois ans.

Au niveau national, Jean Delobel se présente pour la première fois aux élections législatives en 1988, dans la quinzième circonscription du Nord, correspondant aux cantons de Bailleul Nord-Est, Bailleul Sud-Ouest, Hazebrouck Nord, Hazebrouck Sud, et Merville. Il est investi par le PS, pour une « Majorité présidentielle pour la France unie », avec comme suppléant Jean-Pierre Allossery. Au premier tour, le 5 juin, Jean Delobel remporte 19 191 voix, soit 40,6 % des suffrages exprimés. Il est devancé par Maurice Sergheraert, maire et conseiller général d'Hazebrouck, candidat divers droite, arrivé en tête avec 47,9% des voix. Au second tour, le 12 juin, Jean Delobel obtient 23 659 voix, soit 48,3 % des suffrages exprimés. Malgré un bon report des voix communistes, il doit donc s'incliner face à Maurice Sergheraert, vainqueur du scrutin avec 51,7 % des suffrages.

Jean Delobel est à nouveau candidat aux élections législatives dans le Nord en mars 1993. Il se présente au nom de l'« Alliance des Français pour le progrès avec les socialistes », avec pour suppléant Michel Ducornet, maire de Boeseghem. Huit autres candidats sont en lice. Au premier tour, le 21 mars, Jean Delobel arrive en deuxième position, avec 10 712 voix, soit 22,9 % des suffrages exprimés. Devancé par Marie-Fanny Gournay, candidate du Rassemblement pour la République (RPR), placée en tête du scrutin avec 25,1 % des voix, il est notamment suivi par Michel Grasset, candidat de l'Union pour la Démocratie française (UDF) (19,7%), Guy Benault, candidat du FN (10,5 %), Alain Dubois, candidat de Génération écologie - Les Verts (6,8 %) et Gilbert Nugou, candidat du PCF (6,6 %). Au second tour, le 28 mars, le candidat socialiste obtient 20 213 voix, soit 44,5 % des suffrages exprimés, un score témoignant d'un assez bon report des voix de gauche en sa faveur, mais insuffisant pour battre en duel Marie-Fanny Gournay, qui est élue.

Jean Delobel se représente aux élections législatives suivantes, en 1997, dans la quinzième circonscription du Nord. Son suppléant est Paul Plouvier, retraité de l'éducation nationale, ancien membre et ancien premier vice-président du conseil économique et social régional. Dans sa première circulaire, le candidat socialiste se présente comme « deux hommes de dialogue et de terrain, des bâtisseurs pugnaces ». Contre « la loi de l'argent » imposée par « Messieurs Chirac et Juppé qui ne cessent de [...] mentir et de [...] vendre du vent », contre « la délocalisation outrancière », face à « l'Europe du fric et à la finance internationale qui exploitent les habitants du tiers monde et imposent la misère en Europe », il plaide pour une « solidarité de tous les instants », pour l'appui à « toute initiative en matière de création d'emplois », « une concertation permanente », afin d'apporter « la prospérité et la justice fiscale », « une vraie défense de notre environnement » et « le droit au bonheur pour tous ». Fidèle à sa réputation d'homme de franc parler, d'indépendance d'esprit et d'ouverture, il promet d'inviter « systématiquement, autour d'une table, tous les partenaires : syndicats, chefs d'entreprises, financeurs, investisseurs, responsables économiques et associatifs et l'ensemble des élus de quelque parti qu'ils soient », et à faire « le siège des décideurs à Lille, à Paris, à Bruxelles avec des dossiers bien ficelés ». Et il conclut sur cet engagement : « Je n'obéirai qu'à ma conscience et je voterai toutes mesures allant dans le sens de l'intérêt général ».

Au premier tour, le 25 mai 1997, Jean Delobel, qui se présente comme candidat socialiste « Pour une réelle démocratie, un enjeu pour la Flandre », recueille 13 438 voix, soit 28,9 % des suffrages exprimés, avec un gain de près de 3 000 bulletins par rapport à son résultat de 1993. Ce score le place en tête du scrutin, devant Paul Blondel, maire d'Hazebrouck, candidat Divers droite non inscrit (28,5 %), Hubert Maes, candidat FN (13,9 %) et Alain Pocholle, candidat du PCF (9,6 %), notamment.

Dans sa deuxième circulaire, Jean Delobel lance un appel fédérateur aux électeurs de la circonscription : « tous ensemble pour gagner notre pari, gommons, quand il le faut, nos différences ». Les deux candidats socialistes se présentent « désormais porteurs des idées généreuses exprimées par l'ensemble des hommes de progrès lors du premier tour ». Au deuxième tour, le 1er juin, bénéficiant d'un très bon report des voix communistes et écologistes en sa faveur, Jean Delobel remporte le scrutin avec 25 952 voix, soit 54,1 % des suffrages exprimés, devant Paul Blondel (45,9 %).

À l'Assemblée nationale, le député s'inscrit au groupe socialiste. Pendant toute la législature, il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est également membre de la mission d'information commune sur la prévention et la lutte contre les exclusions (5 mars 1998), de la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi d'orientation relatif à la lutte contre l'exclusion (28 mars 1998) et de la mission d'information commune sur les perspectives économiques et sociales de l'aménagement de l'axe européen Rhin-Rhône (31 mars - 2 avril 1998). Il est également membre de la commission spéciale chargée d'examiner la proposition de loi organique relative aux lois de finances (6 octobre 2000). Il siège aussi à la commission d'enquête sur les causes, les conséquences et la prévention des inondations (23 mai 2001).

Pendant son mandat, Jean Delobel ne présente aucun texte, mais pose une question au Gouvernement, le 3 novembre 1998, sur les aides de l'Etat pour l'élevage de porcs, et plusieurs questions orales : le 7 janvier 1998, sur la défense et l'armement ; le 7 juin 1999 sur l'enseignement maternel et primaire ; le 6 décembre 1999, sur l'Outre-mer, notamment La Réunion ; le 25 décembre 2000, sur la coopération intercommunale.

Jean Delobel intervient à plusieurs autres reprises en séance plénière. L’un de ses domaines de prédilection concerne la santé et la politique familiale. Il le fait ainsi par exemple en octobre et novembre 1997, dans la discussion des articles du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998, sur les prestations familiales (allocation de garde d'enfant à domicile) et des établissements de santé (schéma d'organisation sanitaire). Il prend également la parole, le 6 mai 1999, lors de la discussion du projet de loi tendant à favoriser le développement des soins palliatifs et l'accompagnement des malades en fin de vie, plus particulièrement sur l'article premier (définition des soins palliatifs et accès à des soins). À la tribune, il témoigne de son expérience : « Nous avons constitué un groupe de gens de bonne volonté s’occupant de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et dispensant des soins palliatifs. Selon moi, homme de terrain, pour que ces soins palliatifs se développent rapidement, il faut que tous les hommes et les femmes de bonne volonté se rencontrent : les hospitaliers, les médecins généralistes, les travailleurs sociaux et les bénévoles. Nous avons tout simplement essayé de réfléchir, de travailler, de former et de mettre en place ces équipes mobiles, dont vous parlez, pour qu’elles soient à la disposition des maisons de retraite rurales qui n’ont pas le personnel nécessaire pour faire face à ce type de problème.

Un autre sujet privilégié par le député-maire de Bailleul concerne le droit du travail. Il intervient ainsi en janvier et février 1998 dans la discussion du projet de loi d'orientation et d'incitation relatif à la réduction du temps de travail, en particulier sur l'article premier (réduction à trente-cinq heures de la durée légale hebdomadaire du travail effectif des salariés). En 1999, il prend également part à la discussion du projet de loi rectifié relatif à la réduction négociée du temps de travail, notamment sur le thème de la fracture sociale. Par ailleurs, Jean Delobel s'intéresse à la politique migratoire. Lors de la discussion sur le projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des étrangers en France et au droit d'asile, le 25 février 1998, il aborde en particulier le trafic de drogue, les conditions d'entrée et de séjour des étrangers, et termine sur la politique extérieure et les relations Nord-Sud de la France, en s'exclamant : « Et si, tous partis politiques confondus, déclare-t-il, nous acceptions de balayer devant notre porte, si nous avions l’honnêteté de reconnaître que, durant des décennies, l’aide de la France à l’Afrique a surtout servi à enrichir des politiciens véreux, que de trop nombreux projets pharaoniques ont vu le jour sans concertation aucune et sans étude suffisamment approfondie ? Le FMI et la dévaluation du franc CFA ont ruiné les Etats africains. ».

Pendant son mandat, Jean Delobel vote en conformité avec les autres membres de son groupe. Il vote notamment pour le projet de loi d'orientation et d'incitation relatif à la réduction du temps de travail, le 10 février 1998, et pour celui relatif à la lutte contre les exclusions, le 20 mai 1998. Le 30 mars 1999, il approuve le projet renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes. Lors du scrutin public du 13 octobre 1999, il vote en faveur de la proposition de loi relative au pacte civil de solidarité. Il approuve également le projet de loi relatif à la solidarité et au renouvellement urbains, le 21 mars 2000, et le projet de loi constitutionnelle relatif à la durée du mandat du Président de la République (réduction de sept à cinq ans), le 20 juin 2000. Lors de la séance du 22 janvier 2002, il vote pour l'ensemble du projet de loi relatif à la bioéthique.

Jean Delobel est candidat à sa propre succession aux élections législatives de 2002, avec Françoise Polnecq, conseillère municipale socialiste d'Hazebrouck, comme suppléante. Au premier tour, le 9 juin, le député-maire de Bailleul arrive largement en tête avec 14 169 voix, soit 31,5 % des suffrages exprimés. Il devance nettement les dix-sept autres candidats avec, d’abord, Béatrice Descamps, candidate de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP) (18 %), Marie Perrel, du FN (11,7 %), Françoise Hostalier, de Démocratie libérale (9,3 %), Christian Defebvre, de l'UDF (8,3 %), et Jean-Pierre Laczny, Divers droite (7,9 %). Au second tour, le 16 juin, le député socialiste sortant remporte de justesse l'élection avec 21 486 voix, soit 50,3 % des suffrages exprimés, contre Béatrice Descamps (21 259 suffrages et 49,7 %).

Au Palais-Bourbon, Jean Delobel rejoint à nouveau le groupe socialiste. Durant les deux premières années de son mandat, il est membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. À partir de 2005, et jusqu'à la fin de la législature, il siège successivement et brièvement dans plusieurs commissions différentes (commission des affaires culturelles, familiales et sociales ; commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République ; commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire ; commission de la défense nationale et des forces armées). Pendant la durée de son mandat, Jean Delobel ne dépose pas de proposition de loi ni d'amendement, et n'intervient pas en séance. Au cours de la législature, il suit, lors des scrutins publics, les positions de son groupe. Le 24 juillet 2003, il vote ainsi contre le projet de loi portant réforme des retraites, et désapprouve également, le 25 novembre 2003, le projet de loi, adopté par le Sénat, portant décentralisation en matière de revenu minimum d'insertion et créant un revenu minimum d'activité. Le 10 février 2004, il approuve le projet de loi relatif à l'application du principe de laïcité dans les écoles, collèges et lycées publics. Le 1er juin 2004, il s'abstient sur le projet de loi constitutionnelle relatif à la Charte de l'environnement.

Aux législatives de 2007, Jean Delobel souhaite se représenter, mais la direction fédérale préfère investir sa suppléante, Françoise Polnecq, qui sera battue au deuxième tour, le 17 juin, par la candidate de l'UMP Françoise Hostalier.

Jean Delobel décède à son domicile le 10 mai 2013. Le 14 mai, plusieurs centaines de personnes se réunissent pour l'hommage civil rendu à celui qui était surnommé « le Lion des Flandres ». À la mairie de Bailleul, Didier Manier, vice-président du conseil général du Nord, salue un « homme de combat et de valeurs », et un « bâtisseur ». Le maire, Michel Gilloen, qui fut élève de Jean Delobel au collège, évoque « un jeune prof décontracté, sans blouse grise, qui faisait certes son cours mais nous parlait aussi de notre quotidien d’ados, de nos préoccupations, de nos doutes ». Jean Delobel était marié, père de deux enfants.