André Jarrot

1909 - 2000

Informations générales
  • Né le 13 décembre 1909 à Lux (Saône-et-Loire - France)
  • Décédé le 21 avril 2000 à Chalon-sur-saône (Saône-et-Loire - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 décembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 6 décembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 3 avril 1967 au 30 mai 1968
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 1er avril 1973
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 28 juin 1974
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Rassemblement pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 30 septembre 1986
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Rassemblement pour la République

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1986 au 1er octobre 1995

Biographies

Biographie de la Ve République

JARROT (André)
Né le 13 décembre 1909 à Lux (Saône-et-Loire)
Décédé le 21 avril 2000 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire)

Député de la Saône-et-Loire de 1958 à 1974, puis de 1978 à 1981 et en 1986
Sénateur de Saône-et-Loire de 1986 à 1995
Ministre de la Qualité de la vie du 26 mai 1974 au 12 janvier 1976


André Jarrot naît le 13 décembre 1909 à Lux, petite commune peuplée d’un demi-millier d’habitants alors encore essentiellement rurale au sud de Chalon-sur-Saône. Par ses branches maternelles et paternelles, il est issu de familles paysannes sur six générations même si son père est cheminot sur le réseau Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) et sa mère couturière. Après le certificat d’études primaires supérieures, il suit les cours d’une école professionnelle (CPEI) de Chalon-sur-Saône dont il sort diplômé en 1926. Après son service militaire en 1929-1930 au régiment du génie à Versailles, il travaille comme chef d’équipement à la Compagnie du gaz et de l’électricité du Sud-Est. En 1937, il s’installe comme garagiste électro-mécanicien à Chalon (il est secrétaire départemental du syndicat de cette branche professionnelle) et se spécialise dans les poids lourds. André Jarrot est un sportif accompli qui pratique le football et le rugby en club, d’abord à Lux puis à Chalon. De 1937 à 1939, il est aussi moniteur d’aviation – une activité que le Front Populaire voulait démocratiser –, et fondera à la Libération le club des parachutistes de Chalon-sur-Saône. Passionné de mécanique, André Jarrot enchaine les compétitions motocyclistes (courses de vitesse et courses d’endurance comme le Paris-Nice), d’abord comme coureur amateur, puis professionnel à partir de 1935. En 1937, il est champion de France dans la catégorie 500 cm3. L’année suivante, il bat un record du monde sur 24 heures avec son co-équipier Georges Monneret.

Mobilisé en septembre 1939, il est fait prisonnier le 22 juin 1940 à Pont-du-Château dans le Puy-de-Dôme mais s’évade trois jours plus tard, gagne Toulouse, avant, démobilisé, de retourner à Chalon-sur-Saône. Il participe bientôt à des activités de Résistance, organisant des passages dans la zone sud à partir de son village natal de Lux, proche de la ligne de démarcation. De 1940 à 1942, celui dont le pseudonyme est Claude Goujon, appartient à plusieurs réseaux (dont ALI-France) qui permettent à des pilotes britanniques, prisonniers évadés et Résistants menacés de gagner l’Espagne. Fin 1942, il passe à son tour les Pyrénées et rejoint les Forces françaises libres. Il rencontre le général de Gaulle avant d’être affecté au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA). En novembre 1943, parachuté en Saône-et-Loire, il y multiplie les sabotages contre les usines du Creusot réquisitionnées par la Wehrmacht avant de regagner l’Angleterre via l’Espagne. Parachuté une nouvelle fois dans le même département en juillet 1944 comme délégué militaire, il y organise des maquis qui participent à la libération du territoire. Fait Compagnon de la Libération le 16 juin 1944, il est démobilisé le 8 août 1945. Ses deux frères, déportés, connaissent des destins tragiques. Le premier revient en France très malade tandis que l’autre meurt, le 3 mai 1945, lors du bombardement par l’aviation britannique, dans la baie de Lübeck, du paquebot « Cap Arcona » qui transporte des détenus du camp de Neuengamme et de Stutthof. En 1976, André Jarrot prendra la présidence de la Confédération nationale des combattants volontaires de la Résistance avant, en 1983, de revenir sur ses années de guerre dans un ouvrage de mémoire, Les chemins de la destinée. 

Cet ancien chargé de mission auprès de l’état-major du général de Gaulle reste après la Libération un fervent gaulliste. Il s’inscrit au Rassemblement du peuple français (RPF) dès sa fondation au printemps 1947 et en est le responsable départemental pour la Saône-et-Loire. Lors des législatives de 1951, il figure sur la liste du Rassemblement en Saône-et-Loire, mais ne rejoint pas le Palais-Bourbon. Il est élu en 1953 maire de Lux, petite commune située entre Chalon et Tournus, et conserve cette fonction jusqu’en 1965. La mise en sommeil du RPF à partir de 1953 n’ébranle pas les convictions gaullistes d’André Jarrot qui, durant les années de « traversée du désert », reste en contact avec les anciens du Rassemblement.

Satisfait du retour au pouvoir du général de Gaulle début juin 1958, André Jarrot participe à la création à l’automne 1958 du nouveau parti gaulliste, l’Union pour la nouvelle République (UNR), au comité central duquel il siège d’emblée. Il obtient l’investiture de ce mouvement lors des législatives de novembre 1958 où il se présente dans la 4e circonscription de Saône-et-Loire (composée à l’est du département des cantons de Buxy, Chagny, Chalon-sur-Saône Sud, Givry, Montceau-les-Mines, Montchanin-les-Mines, Mont-Saint-Vincent et Sennecey-le-Grand). Avec l’aide de son suppléant, l’avocat André Chossegros, conseiller municipal de Montceau-les-Mines, il arrive nettement en tête au soir du premier tour avec 45 % des suffrages exprimés, loin devant l’instituteur communiste Rémy Boutavant (22,1 %) et le socialiste député sortant, Pierre Mazuez. Il s’impose facilement au second tour avec 72,2 %. Il rejoint le groupe UNR et la commission de la défense nationale et des forces armées. Le député de Saône-et-Loire représente la France à la délégation parlementaire auprès de l'OTAN entre 1959 et 1962. Il siège au sénat de la Communauté dès juillet 1959. Lors de l’examen des projets de loi de finances, il évoque l’importance du service des essences de l’armée, le caractère industriel du service des poudres et les difficultés pour recruter des ingénieurs chimistes. A partir d’avril 1962, André Jarrot est secrétaire de l’Assemblée nationale. Il vote le projet de loi autorisant le gouvernement à prendre, par application de l’article 38 de la constitution, certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’Etat, à la pacification et à l’administration de l’Algérie (la loi du 4 février 1960). Il ne vote pas la motion de censure du 4 octobre 1962, dont l’adoption entraîne le renversement du gouvernement de Georges Pompidou.

Lors des législatives de novembre 1962 provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, André Jarrot se représente dans la même 4e circonscription de Saône-et-Loire sous l’étiquette UNR-Union démocratique du travail (UDT). Il retrouve son adversaire de 1958, le communiste Rémy Boutavant, qu’il bat nettement au second tour avec 57,6 % des suffrages exprimés. Il reste fidèle au groupe UNR et à la commission de la défense nationale et des forces armées. A partir de cette législature, André Jarrot siège également au Parlement européen (il y reste jusqu’en 1974). Durant cette législature, le député de Saône-et-Loire intervient régulièrement lors de l’examen des projets de loi de finances lorsqu’il est question des crédits et budgets militaires.

Lors des municipales de printemps 1965, le député améliore nettement son ancrage politique local en s’emparant de la mairie de Montceau-les-Mines, ville moyenne d’un peu plus de 27 000 habitants. La commune ouvrière entame au milieu des années 1960 un lent déclin. Si ses mines de charbon continuent d’alimenter les usines sidérurgiques et métallurgiques de la région, la production baisse régulièrement (2 millions de tonnes de charbon en 1965 contre 2,5 millions en 1960) sous l’effet notamment de la concurrence étrangère. Cette situation et le malaise qu’elle entraîne bénéficient au gaulliste André Jarrot qui met ainsi un terme à la domination socialiste sur l’hôtel de ville, incarnée depuis 1944 par le maire SFIO Pierre Mazuez. C’est le début d’un long règne puisque le nouvel édile reste en poste jusqu’en 1987, résistant à la fermeture progressive des mines de charbon (12 000 mineurs en 1948, 651 en 1991) et au déclin démographique (29 364 habitants en 1962 contre 22 999 en 1990) et économique de la cité. En 1967, André Jarrot devient conseiller général de Chalon-Sud et le demeure jusqu’en 1979. En 1970, il prend la présidence de la communauté urbaine Le Creusot-Montceau-les-Mines et conserve cette fonction jusqu’en 1977.

Les législatives du printemps 1967 s’annoncent plus difficiles pour le député sortant en raison du contexte politique national compliqué pour le pouvoir gaulliste. De fait, même si André Jarrot, aidé de son suppléant, l’ingénieur agricole et maire de Saint-Rémy Pierre-Henri Maréchal, frôle la réélection dès le premier tour avec 49,5 % des suffrages exprimés, il s’impose avec peine au second tour, faute de réserve de voix, avec seulement 51,6 %, derrière le socialiste Olivier Mitterrand. Ce dernier a bénéficié d’un bon report des voix qui s’étaient portées au premier tour vers le candidat du Parti communiste français (PCF) Roger Becquet. André Jarrot reste dans le groupe gaulliste et la commission de la défense nationale et des forces armées. Il intervient en octobre et novembre 1967 en qualité de rapporteur pour avis lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1968, lorsque les députés examinent les crédits du service des essences et des poudres, des rapatriés, de la protection civile.

Les législatives de juin 1968 constituent une formalité pour André Jarrot qui, profitant d’une dynamique favorable dans l’opinion après les événements de Mai, s’impose dès le premier tour avec 57,4 % des suffrages exprimés, loin devant le communiste André Faivre (22,9 %). Il rejoint le groupe Union des démocrates pour la République (UDR) et la commission de la défense nationale et des forces armées, qu’il quitte en avril 1971 pour celle de la production et des échanges. A partir d’octobre 1972, il représente l’Assemblée nationale à l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes et siège au comité consultatif de l’utilisation de l’énergie. En mai 1971, il dépose une proposition de loi relative à la validation des services accomplis en qualité d'infirmiers et d'infirmières religieux auprès des établissements hospitaliers publics. Emerge déjà chez lui une sensibilité écologique qui s’exprime, en novembre 1971, lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1972. Lors des débats, le député-maire de Montceau-les-Mines souhaite que soit adressée au conseil d'administration des Charbonnages de France une directive pour mettre en place des dispositions antipollution. Il appelle également de ses vœux une politique de lutte contre la pollution des eaux, évoque la salubrité des cours d'eau, et demande que soit donné un caractère légal à tous les textes portant sur la protection de l’environnement. Il vote en faveur du projet de loi portant création et organisation des Régions (la loi du 5 juillet 1972). Durant cette législature, André Jarrot s’inscrit aussi dans le gaullisme d’ordre qui exige un retour à l’autorité, la vigilance face à la « subversion marxiste » et le respect des valeurs morales traditionnelles. En 1969, au conseil général de Saône-et-Loire, il obtient ainsi que soient réduits les crédits accordés à la Maison de la Culture de Chalon-sur-Saône et que Francis Jeanson ne soit pas non plus nommé, comme prévu initialement. Celui-ci démissionne du Conseil d’administration provisoire de directeur (l’intervention de Georges Pompidou et de Jacques Chaban-Delmas permet le rétablissement des subventions). Il s’oppose ensuite à la nomination comme aumônier de l’hôpital psychothérapeutique de Sevrey de l’abbé Jean Desgouttes, curé de Saint-Vincent de Chalon, en raison de ses opinions de gauche.

Lors des législatives de mars 1973, André Jarrot, membre du comité central de l’UDR, se représente dans la même 4e circonscription de Saône-et-Loire, sous l’étiquette UDR-Union des républicains de progrès (URP). Il s’impose dès le premier tour avec 51 % des suffrages exprimés, devant ses rivaux de gauche, le socialiste Daniel Malingre (23,4 %) et le communiste André Faivre (22,4 %). Il retrouve le groupe UDR et la commission de la production et des échanges. Il représente l’Assemblée nationale à l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes. Il siège au Comité consultatif de l’utilisation de l’énergie. Au sein du groupe gaulliste, le maire de Montceau-les-Mines incarne toujours la frange conservatrice. Il est opposé à deux reprises mais en vain à Lucien Neuwirth pour le poste de questeur de l’Assemblée, une candidature symbolique de l’hostilité de certains députés UDR aux thèses libérales en matière d’avortement et de contraception défendues par le député de la Loire. Il soutient le projet de loi Royer d’orientation du commerce et de l’artisanat (la loi du 27 décembre 1973). A partir de novembre 1973, André Jarrot siège au conseil régional de Bourgogne.

Lors de la présidentielle du printemps 1974, à la suite de la mort prématurée de Georges Pompidou, André Jarrot fait partie des 43 députés gaullistes qui, sous l’inspiration de Jacques Chirac, apportent leur soutien à la candidature du libéral Valéry Giscard d’Estaing, qui est élu. Ce dernier, au cours de sa campagne, tient à Montceau-les-Mines une vaste réunion publique où il est chaleureusement accueilli par le maire de Saint-Etienne, Michel Durafour, et par André Jarrot. La victoire de l’ancien ministre des Finances ouvre les portes du gouvernement au maire de Montceau-les-Mines. Le 28 juin 1974, il devient ministre de la Qualité de la Vie. Il est remplacé au Palais-Bourbon par son suppléant, l’agriculteur Républicain indépendant (RI) Jean Braillon, conseiller général du canton de Sennecey-le-Grand et maire de Boyer. Ce nouveau portefeuille ministériel, sans précédent dans l’histoire politique française, s’inscrit dans les réformes attendues de la « société libérale avancée », chère au nouveau chef de l’Etat. Il s’agit pour son titulaire de marquer les esprits en proposant des initiatives à caractère écologique. Depuis la création en 1971 du ministère de l’Environnement (« ce ministère de l’impossible ») confié à Robert Poujade, cette préoccupation est en effet émergente dans la vie politique française. André Jarrot, dont les attributions touchent aussi à la Jeunesse et aux sports, aux loisirs et au tourisme, s’engage avec passion dans sa nouvelle tâche. Il annonce d’emblée plusieurs chantiers : lutte contre la pollution et les nuisances, protection de la nature, amélioration du cadre de vie. En lien étroit avec le secrétaire d’Etat à l’environnement, le radical Gabriel Péronnet, il entend « lutter contre la laideur », protéger les espaces verts, créer « des zones naturelles d’équilibre » dans les aires urbaines et assurer un développement harmonieux des villes moyennes.

Le départ rapide, dès la fin octobre 1974, pour la Fonction publique de Gabriel Péronnet incite André Jarrot à se concentrer sur le seul dossier de l’environnement au détriment du tourisme, de la jeunesse et des sports. Trois mois après son arrivée rue Royale, le maire de Montceau-les-Mines annonce un train de six nouvelles lois et de trente mesures concrètes présentées comme des « coups de poing ». Il parvient à faire signer plusieurs accords antipollution à des branches industrielles, à relancer le Centre national d’étude et de recherche du paysage créé en 1972, à lancer une concertation régionale avec les associations, à publier de nombreux rapports sur l’anti-gaspillage, les centrales nucléaires et les voitures électriques, à patronner l’installation du Haut comité de l’environnement. Mais deux ans plus tard, ce ministère prometteur n’a pas rempli toutes ses missions, faute notamment de crédits budgétaires suffisants dans un contexte de crise (0,007 % du total des dépenses) et d’une communication parfois mal maîtrisée. Sur les six projets de loi présentés, trois seulement sont examinés par le Parlement : le permis de chasser, les établissements classés, l’élimination et l’utilisation des déchets. Les trois autres sont reportés à plus tard, à commencer par celui, pourtant capital, qui rendait obligatoire, avant tout projet d’équipement, une étude d’impact sur l’environnement. Le ministre s’est vite heurté à la guerre d’usure des ingénieurs de l’équipement et à la résistance de défenseurs traditionnels des intérêts privés. André Jarrot doit quitter le gouvernement le 12 janvier 1976. Il est remplacé par le démocrate-chrétien André Fosset dans le cadre d’un rééquilibrage de la majorité présidentielle au détriment de la famille néo-gaulliste. L’ancien député redevient maire de Montceau-les-Mines.

Membre du comité central du nouveau parti gaulliste lancé par Jacques Chirac le Rassemblement pour la République (RPR), créé fin 1976, André Jarrot obtient l’investiture de ce dernier lors des législatives du printemps 1978. Dans un contexte politique pourtant difficile, marqué par la montée en puissance de l’opposition de gauche à la faveur de la crise économique et sociale croissante (le taux de chômage à Montceau-les-Mines est très supérieur à la moyenne nationale), il arrive en tête au premier tour avec 46,8 % des suffrages devant le socialiste André Lotte (24,5 %) et le communiste André Faivre (23,6 %). Comme en 1973 toutefois, le maire de Montceau-les-Mines manque de réserves de voix, il ne s’impose donc au second tour que d’extrême justesse avec 50,1 % des suffrages exprimés devant son rival socialiste. 171 voix seulement séparent les deux adversaires… André Jarrot est inscrit au groupe RPR et à la commission de la production et des échanges. Il est membre à partir de juin 1978 du conseil consultatif pour la gestion du Fonds national pour le développement des adductions d’eau dans les communes rurales. A partir de 1978, le député préside le conseil supérieur de l’électricité et du gaz. En octobre 1979, André Jarrot profite des questions au gouvernement pour interroger le gouvernement sur le tracé du TGV Paris-Lyon et les contentieux autour de cette ligne. En décembre 1980, il siège dans la commission d’enquête sur les industries textiles. Toujours intéressé par les questions environnementales, il intervient à plusieurs reprises lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1981 sur le dossier des parcs naturels régionaux. Mais André Jarrot reste d’abord l’élu d’une circonscription marquée par la désindustrialisation. En novembre 1980, il défend à la tribune le charbon français, suggérant en terme de débouchés la construction de centrales électriques fonctionnant au charbon, et exige le maintien en activité du gisement de Blanzy-Montceau-les-Mines. Il vote en faveur du projet de loi Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (la loi du 2 février 1981).

En juin 1981, lors des législatives qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République François Mitterrand, André Jarrot qui se présente à nouveau dans la 4e circonscription (cantons de Chalon-sur-Saône Sud et Montceau-les-Mines), est victime de la « vague rose ». Pour la première fois, il n’arrive pas en tête du premier tour : il obtient 39,1 % des suffrages exprimés soit 20 340 voix contre 40,1% (20 900 voix) pour son rival de 1978, le conseiller général socialiste André Lotte, le communiste André Faivre totalisant, pour sa part, 10 770 voix. Au second tour, en dépit d’une abstention moindre, le député sortant est nettement battu avec seulement 42,8 %. En décembre 1984, lors d’une cantonale partielle pour remplacer le socialiste André Lotte décédé en septembre, il se relance en étant élu conseiller général du canton de Montceau-les-Mines Nord, profitant de la division de la gauche locale sur la politique charbonnière dans le bassin des Houillères de Blanzy. Il siège dans l’assemblée départementale jusqu’en 1992.

Les législatives du printemps 1986, organisées au scrutin proportionnel départemental de liste, permettent à André Jarrot de retrouver le Palais-Bourbon. Le maire de Montceau-les-Mines, qui figure sur la liste d’opposition RPR-Union pour la démocratie française (UDF), conduite en Saône-et-Loire par l’UDF Marcel Lucotte, est élu député. La victoire de la droite qui remporte les trois sièges à pourvoir marque un basculement politique du département. André Jarrot s’inscrit au groupe RPR et siège à la commission de la production et des échanges. Il vote notamment le projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France (la loi du 9 septembre 1986).

Mais le maire de Montceau-les-Mines, député d’un territoire en crise, sait que sa réélection n’est pas acquise dans le cadre classique d’un scrutin uninominal d’arrondissement (de fait lors des législatives de 1988, le ministre socialiste Pierre Joxe est facilement élu avec 55,1 % des suffrages exprimés face au RPR Jacques Marchand et cette 4e circonscription de Saône-et-Loire est conservée par le Parti socialiste lors des législatives pourtant difficiles de 1993). Agé de 77 ans, André Jarrot préfère se tourner vers le Sénat. Il est élu sénateur RPR de Saône-et-Loire lors du scrutin du 28 septembre 1986 et annonce sa démission de l’Assemblée le lendemain (l’élection d’André Jarrot au Palais du Luxembourg fait entrer à l’Assemblée nationale le suivant de la liste RPR en Saône-et-Loire, Roger Couturier, conseiller général de Mâcon-Sud). Conformément à la loi sur le cumul des mandats, il démissionne de la mairie de Montceau-les-Mines où il est remplacé par son premier adjoint, le RPR Michel Thomas. Au Sénat, André Jarrot rejoint la commission des affaires économiques, puis, en octobre 1988, la commission des affaires étrangères, de la Défense nationale et des forces armées. Membre de la délégation sénatoriale pour l'Union européenne, il participe dès 1986 au Conseil supérieur de la sûreté et de l'information nucléaires, organisme consultatif. En avril 1993, il devient juge suppléant de la Haute Cour de justice. De 1986 à 1988, le sénateur se montre un opposant résolu à François Mitterrand et soutient la politique menée par le Premier ministre Jacques Chirac notamment dans le domaine agricole. A partir de 1988, le Compagnon de la Libération s’intéresse prioritairement au dossier des anciens combattants et intervient dans les médias, de manière parfois polémique, comme lors des procès Barbie puis Touvier. Il vote le projet de loi relatif au revenu minimum d'insertion (la loi du 1er décembre 1988). Il vote contre le projet de loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre : « De l'Union européenne » (la loi du 25 juin 1992). Il approuve le projet de loi relatif aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale (la loi du 22 juillet 1993).

André Jarrot ne se représente pas aux sénatoriales de septembre 1995. L’ancien pilote de moto professionnel et le Résistant n’ayant jamais répugné aux missions dangereuses effectue, à l’âge de 86 ans, un dernier saut en parachute pour marquer la fin de sa carrière politique. Cette grande figure gaulliste de Saône-et-Loire décède le 21 avril 2000. Plusieurs personnalités politiques assistent à ses obsèques parmi lesquelles Valéry Giscard d'Estaing, Michèle Alliot-Marie, Dominique Perben et Jean-Pierre Soisson. Il était Grand officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945 (trois palmes), de la Médaille des évadés, de l’insigne des blessés militaires. Il s’était vu également décerner plusieurs médailles étrangères (Etats-Unis, Royaume-Uni, Belgique, Pologne).