Suisse - audition d'Andreas Bergmann le 14 octobre 2015

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 La réunion a été consacrée à la situation des relations ferroviaires entre la Suisse et la France, et notamment, après l’attaque dans le train Thalys du 21 août dernier, au renforcement de la sécurité à bord des trains Lyria destiné à garantir aux passagers une sécurité optimale lors de leurs déplacements.

Mme Claudine Schmid a présenté M. Andreas Bergmann, directeur général de Lyria, qui succède depuis le 1er juillet 2015 à M. Alain Barbey, qui rejoint les chemins de fer fédéraux suisses (CFF) après avoir exercé cette fonction durant 5 ans, et que le groupe d’amitié avait reçu le 11 juin 2013.

M. Andreas Bergmann, après avoir rappelé qu’il avait les postes de direction qu’il avait précédemment occupés, a indiqué que TGV Lyria est une société à actions simplifiée, filiale de la SNCF (à 74%) et de CFF Voyageurs, qui exploite les liaisons TGV entre la France et la Suisse proposant  des temps de trajets rapides. Lyria possède sa propre flotte et pratique sa propre politique des tarifs. Le personnel à bord des trains en France est issu de la SNCF et en Suisse des CFF. Parmi les services offerts par Lyria le Swiss Travel System propose des pass de visite de la Suisse avec un seul billet, valables pour le train, l'autocar ou le bateau. Depuis 2011, un double accompagnement a été mis en place composé d’un chef de bord suisse et d’un chef de bord français. En 2005 Lyria a franchi pour la première fois la barre des 3 millions de passagers annuels et en 2015 l'entreprise a transporté 5,5 millions de passagers.

Le trafic de voyageurs est en forte augmentation entre Paris, Bâle et Zurich. De même le trafic est en augmentation entre Paris et Neuchâtel grâce à une bonne gestion partenariale régionale et une excellente correspondance à Frasne. Remportant dès son inauguration en 1984 un grand succès commercial, la ligne à grande vitesse Paris-Lausanne, qui a été la première liaison entre la France et la Suisse, et qui dessert aussi les gares de Dijon, Dôle, Frasne et Vallorbe, se développe bien. Sur la ligne Paris Genève la compétition existe encore avec les liaisons aériennes assurées par easyJet et Swiss ainsi qu’au départ ou à destination de Zurich. Lyria concurrence, en effet, très nettement les liaisons aériennes avec la Suisse en raison d’un gain de temps par rapport à la durée de l'enregistrement, de récupération des bagages à l'arrivée, et celle du trajet entre l'aéroport et le centre-ville. Une nouvelle politique tarifaire avantageuse vient d’être lancée pour le mois de septembre 2015, avec l’offre « dernière minute » à 45 euros en seconde classe et 68 euros en première classe pour un aller simple à destination ou en provenance de Paris. En effet, à Genève, Bâle et Zurich les voyageurs en TGV achètent de plus en plus leur billet dans les quinze jours précédant le départ. Les abonnements SNCF et CFF ou les cartes commerciales permettent de bénéficier de réductions sur les trajets en train avec TGV Lyria et SNCF. Afin d’attirer de plus en plus de voyageurs dans un mode de transport écologique et économique une intégration des cartes commerciales devrait bientôt entrer en vigueur. Au début 2016 les voyageurs pourront acheter un billet à destination d’une ville non desservie par Lyria. En hiver, la ligne Paris-Lausanne est prolongée jusqu'à Brigue. TGVLyria des Neiges  permet ainsi d‘atteindre les stations suisses du canton de Vaud (Château-d’Oex, Leysin, les Diablerets, Villars) et du Valais (Verbier, Crans Montana, Loèche-les-Bains, Saas Fee, Zermatt). 3 allers-retours hebdomadaires permettent de se rendre à Montreux, Aigle, Martigny, Sion, Sierre, Loèche, Viège et Brigue. Depuisdécembre 2012, TGV Lyria dessert Interlaken rendant plus facile l’accès à l’Oberland bernois. Enfin Lyria souhaiterait que ses trains puissent partir d’un hall fixe en gare de Paris-Lyon.

À Mme Arlette Grosskost ayant évoqué le statut des salariés travaillant sur les lignes transfrontalières, M. Andreas Bergmann a répondu que la Suisse fait partie de l’Europe s’agissant de l’application de la liberté du travail. Il a précisé que si les conducteurs sont tous français, les contrôleurs sont pour moitié suisses et pour moitié français – exclusivement français entre Paris, Dijon, Mulhouse et Bellegarde, et suisses vers Zurich et en Romandie, chacun gardant son statut national - alors que les personnels de restauration sont aux deux tiers français et pour un tiers suisses.

Suite à la réunion européenne sur la sécurité dans les transports ferroviaires frontaliers, le 29 août 2015, le gouvernement a annoncé le renforcement du  contrôle de l’identité des passagers, ainsi que l’inspection visuelle et le contrôle des bagages dans les gares et à bord des trains lorsque cela est nécessaire. Il a décidé  de recourir plus largement aux agents des forces de l’ordre de plusieurs pays sur le parcours des trains internationaux et de développer les patrouilles mixtes. Il a également annoncé travailler à l’évaluation des conséquences d’une généralisation des billets nominatifs pour les trains internationaux de longue distance. Afin de garantir aux citoyens une sécurité optimale lors de leurs déplacements, il évalue la possibilité de permettre aux agents habilités des polices ferroviaires de consulter les bases de données pertinentes au cours de leurs missions dans les transports. Il a déclaré être déterminé à exploiter autant que possible la complémentarité entre les différentes administrations compétentes en matière de sécurité des transports, en particulier les Services des Douanes et à renforcer la collaboration dans le cadre des centres de coopération policière et douanière (CCPD). Il a invité la Commission européenne à réaliser une étude d’impact visant à analyser l’intérêt d’une éventuelle initiative relative à la sûreté dans le transport ferroviaire, par exemple, avec le soutien du groupe d’experts LANDSEC.

Pour sa part, M. Bergmann a évoqué les réflexions politiques engagées lors d’une réunion qui venait de se tenir à Bruxelles, en vue de rendre un avis à la Commission européenne dans le cadre de Railteam, alliance créée en 2007 entre plusieurs compagnies ferroviaires à grande vitesse (Deutsche Bahn, SNCF, Eurostar UK, NS Hispeed, ÖBB, CFF et SNCB, ainsi que leurs filiales Eurostar, Thalys et Lyria) ayant pour objectif commun de faciliter les voyages sur le réseau européen à grande vitesse.

S’il est apparu que les Français avaient une approche plus sécuritaire que celle prévalant outre-Rhin de garantir l’anonymat des passagers, un consensus s’est dégagé au cours de la réunion sur le maintien d’un système ouvert des gares et des transports ferroviaires tenant compte des besoins des voyageurs en matière de fluidité, de ponctualité et de fiabilité. Ainsi les moyens de sécurité doivent être renforcés sur les quais, étant précisé que les aménagements de la sécurité des bâtiments et des quais ont un coût. Il s’agit aussi de compléter, dans le cadre de la loi, les compétences de la surveillance générale de la police ferroviaire (SUGE). Ainsi à l’instar des transports aériens transatlantiques, la sécurité doit être assurée à bord. Les contrôles effectués ne peuvent toutefois qu’être aléatoires en raison de la densité des flux à l’intérieur des gares et il n’est guère possible de généraliser le contrôle préventif des listes de passagers.

En réponse à une question de Mme Virginie Duby-Muller M. Andreas Bergmann a précisé que le taux de rentabilité est de 1 à 2 % par siège/kilomètre.

M. Etienne Blanc a évoqué les horaires, les durées de transfert entre les deux gares TGV et TER de Bellegarde la propreté à bord des trains. Il a transmis la satisfaction exprimée par les passagers en ce qui concerne la qualité du service rendu par les personnels de Lyria. M. Bergmann, sensible au nom des personnels à ses compliments, a indiqué qu’un taux de ponctualité de 93 %  a été atteint cette année.