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6 février 2024
M. Damien Abad, président du groupe d’amitié, a remercié les représentants de l’Agence française de développement (AFD) de leur présence.
Mme Sandra Kassab, directrice-adjointe du département Orients de l’AFD, a ouvert son propos par une présentation du groupe qui comprend environ 3 600 collaborateurs et représente 12,3 milliards d’euros de projets signés en 2022. Le groupe AFD (AFD, Proparco, Expertise France) constitue une singularité parmi nos partenaires européens et participe de la diplomatie d’influence française, en lien étroit avec le reste de la "Team France". Les objectifs de développement durable sont au cœur de son activité. Le groupe AFD mobilise des partenaires afin de cofinancer les projets. Encadré par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, le ministère de l’économie et des finances ainsi que le ministère en charge des outre-mers, il est le bras armé de la politique de développement décidée par la France. La direction Orients est l’une des 4 directions de l’AFD : elle représente environ 3 milliards d’euros de projets. En son sein, la direction régionale Proche et Moyen-Orient, dont le siège est à Beyrouth, a mis en œuvre, en 2023, pour 321 millions d’euros de projets dans les territoires qui relèvent de sa compétence, à savoir la Jordanie, les territoires palestiniens, l’Irak, et le Liban. Cette direction régionale et ses 4 agences pays comprennent 43 ETPT.
Mme Catherine Bonnaud, directrice régionale Proche et Moyen-Orient, a rappelé que l’AFD est présente au Liban depuis 1999. Depuis 2019 et le défaut libanais sur sa dette souveraine, l’activité de prêt est suspendue : seule les subventions perdurent. Il est remarquable que la France est le seul pays à faire preuve de constance dans son aide au développement au Liban : la plupart des autres partenaires se sont lassés.
La directrice a souligné qu’il faut faire preuve d’imagination afin de trouver les bons canaux de financements. Certaines collectivités locales françaises participent à des financements directs de collectivités locales libanaises.
Le but de l’AFD au Liban est d’empêcher, autant que faire se peut, la dégradation du capital physique et de protéger le capital humain. L’AFD finance des projets dans les secteurs de l’eau-assainissement, du développement local, de la santé, de l’éducation et de la gouvernance économique et financière.
Le portefeuille du groupe AFD au Liban comprend actuellement 34 projets pour 346 millions d’euros d’engagements AFD, ainsi que 55 millions d’euros d’engagements d’Expertise France et 54 millions d’euros d’engagements Proparco.
Les besoins du Liban sont immenses et les perspectives inquiétantes : aujourd’hui, près d’un million et demi de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, auxquels s’ajoutent 1 million et demi de Syriens : de fait, la moitié de la population du territoire vit avec moins de 2 dollars par jour.
Mme Mirelle Clapot a interrogé les invités sur les projets en cours relatifs à l’eau et à l’assainissement.
Mme Catherine Bonnaud a souligné que c’était effectivement un domaine d’intervention majeur de l’AFD au Liban. Plusieurs projets d’adduction en eau sont en cours de déploiement ou en instruction, en dialogue avec le ministère de l’énergie et de l’eau libanais. En revanche, plusieurs projets d’assainissements ont dû être annulés du fait des défaillances des partenaires publics locaux. Certaines stations de traitement des eaux usées financées par d’autres bailleurs de fonds n’ont jamais été mises en marche en raison des difficultés de l’État libanais à en assurer la maintenance.
M. Karim Ben Cheikh s’est interrogé sur la réalité des inégalités géographiques.
Mme Catherine Bonnaud a confirmé que la plaine de la Bekaa et le Gouvernorat de l’Akkar, où résident de nombreux réfugiés syriens, agrègent les difficultés économiques.
M. Damien Abad a questionné les invités sur la fiabilité des canaux de distribution d’aide et l’impact des tensions régionales sur les activités de l’AFD.
Mme Catherine Bonnaud a confirmé qu’un travail de fiabilisation important était mené par l’AFD, qui mène des audits avant, pendant et après les projets. Par ailleurs, l’AFD mobilise régulièrement des opérateurs internationaux, comme le CICR, l’UNICEF ou des ONG internationales, qui sont des partenaires fiables. Mme Bonnaud a confirmé que les tensions régionales avaient mis un coup d’arrêt aux projets en Cisjordanie et à Gaza. Plus globalement, il est remarqué par les acteurs de terrain une montée en puissance des conservatismes, notamment ce qui touche aux droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre, notamment en Irak et au Liban.
Mme Brigitte Klinkert s’est enquise de l’état d’esprit des Libanais.
Mme Catherine Bonnaud a jugé que les Libanais sont globalement résilients, mais qu’il est difficile de généraliser : certains, dans le secteur privé, profitent des difficultés de l’État. Elle considère que le problème de fond est de parvenir à faire nation dans un État ou le confessionnalisme règne.
M. le président Abad a remercié les intervenants pour leur participation et la richesse des échanges.