René Walter
1910 - 1960
WALTER (René, Charles)
Né le 16 avril 1910 à Troyes (Aube)
Décédé le 5 janvier 1960 à Auxerre (Yonne)
Député de l’Yonne de 1958 à 1960
René Walter voit le jour dans l’Aube, quelques années avant la première guerre mondiale. Sa famille appartient à la classe moyenne : le père est comptable quand son épouse travaille comme institutrice. Les résultats scolaires du jeune René Walter le signalent très tôt à l’attention de ses enseignants. Après le lycée de Troyes, il quitte la Champagne pour « faire son droit » à Dijon, ville de solide tradition juridique. Docteur en droit, il choisit la carrière d’avocat et s’inscrit au barreau d’Auxerre dans les années 30. Il y acquiert rapidement une réputation d’excellent orateur.
Mobilisé comme lieutenant au 227ème régiment d’infanterie en septembre 1939, René Walter est fait prisonnier par les forces allemandes pendant la campagne de France, en juin 1940. Une période de cinq années de captivité s’ouvre pour lui : il en revient profondément marqué et soucieux de défendre les intérêts de ses anciens camarades d’infortune. Fondateur de la mutuelle des prisonniers de guerre de l’Yonne à la Libération, il prend la présidence de l’Association des anciens combattants et victimes de guerre dans le département, qui compte 8.000 adhérents en 1948. La confiance et le respect de ses collègues lui valent d’occuper la charge de bâtonnier de l’ordre des avocats d’Auxerre de 1945 à 1947, puis à nouveau de 1951 à 1953.
Lorsque le général de Gaulle lance le Rassemblement du peuple français (RPF) à Strasbourg le 7 avril 1947, René Walter décide d’y adhérer. Le respect pour l’homme du 18 juin, l’anticommunisme et la crainte de voir la France renouer avec le régime d’Assemblée ont convaincu l’avocat auxerrois d’entrer en politique. Homme du verbe, il lance Le Rassemblement de Bourgogne et exerce les responsabilités de rédacteur en chef pour ce journal du RPF dans la région. Il convainc de nombreux anciens prisonniers de guerre de rejoindre le mouvement gaulliste : son dynamisme lui vaut d’être nommé délégué départemental du RPF par décision du général de Gaulle, le 24 novembre 1948. Candidat aux élections sénatoriales la même année, il échoue à se faire élire dans ce département modéré, représenté notamment par Pierre-Etienne Flandin à la Chambre des députés avant-guerre. En 1949, les électeurs du canton d’Auxerre-Est envoient cependant René Walter siéger au Conseil général. Excellent organisateur, il consacre une part importante de son temps à la propagande en faveur du RPF à l’approche des élections législatives de juin 1951. La direction du Rassemblement choisit l’ancien ambassadeur Léon Noël comme tête de liste dans l’Yonne : très écouté du général de Gaulle, l’homme qui pourtant signa l’armistice de Rethondes est autorisé à conclure un apparentement avec les Indépendants qu’emmène Jean Moreau, maire d’Auxerre et ancien secrétaire d’Etat. La liste du Rassemblement du peuple français, sur laquelle René Walter figure en seconde position, recueille 22 742 voix, soit 18,2% des suffrages exprimés. Ce résultat permet au seul Léon Noël de faire son entrée à l’Assemblée nationale.
Après ce demi-succès, René Walter s’écarte un temps de la vie publique. Il abandonne ses fonctions au sein du RPF de l’Yonne en août 1951 et ne sollicite pas le renouvellement de son mandat de conseiller général à l’occasion des élections cantonales de 1955. Il ne figure pas sur la liste des Républicains Sociaux, qui se réclame du gaullisme politique, au moment des élections législatives du 2 janvier 1956.
L’avocat auxerrois accueille très favorablement le retour du général de Gaulle au pouvoir en juin 1958. Il s’engage en faveur du « oui » à la Vème République lors du référendum du 28 septembre 1958 et se porte candidat aux législatives de novembre dans la première circonscription de l’Yonne.
C’est en fidèle du Libérateur de la patrie que René Walter se présente aux électeurs. Il a choisi comme suppléant un ancien combattant volontaire d’Indochine en la personne d’André Laffin. Leur profession de foi se distingue par une réelle économie de mots. La tonalité en est assez « libérale » et conservatrice, adaptée à un électorat plus modéré que gaulliste. Les candidats de l’UNR dénoncent « le train de vie dispendieux de l’Etat », les « organismes nombreux et parasitaires qui grèvent le budget », ainsi que la « superfiscalité » et proposent de « simplifier les méthodes du travail administratif ». Ils demeurent prudents quant au problème algérien et se contentent de réclamer « la Paix par une entente avec tous les Peuples ». René Walter a notamment pour adversaires deux anciens parlementaires : le socialiste Gérard Vée, député SFIO de 1946 à 1951 et l’homme de lettres Jean-Michel Renaitour, qui représenta l’Yonne à l’Assemblée nationale avant la deuxième guerre mondiale. Le principal concurrent des gaullistes demeure toutefois Jean Moreau : député sortant, il cumule la présidence du Conseil général et la mairie d’Auxerre. Au soir du premier tour, il est nettement distancé par l’avocat René Walter, qui obtient ses meilleurs résultats dans les cantons urbains d’Auxerre-Est, dont il fut l’élu (39,6%) et d’Auxerre-Ouest (36,5%). Le 30 novembre 1958, l’ancien délégué départemental du RPF est élu député de l’Yonne en rassemblant 19629 voix sur son nom dans le cadre d’une quadrangulaire, soit 50,6% des suffrages exprimés.
Il s’inscrit alors au groupe de l’Union pour la Nouvelle République (UNR) et siège à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de l’Assemblée nationale. Il ne prend pas la parole dans l’hémicycle en 1959 mais exprime son soutien à la politique conduite par le général de Gaulle en votant le programme du gouvernement de Michel Debré le 16 janvier 1959. Il approuve également la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 octobre 1959.
C’est dans son département d’élection que René Walter décède subitement dans la nuit du 4 au 5 janvier 1960, après un peu plus d’un an d’exercice de son mandat parlementaire. Le président Chaban-Delmas prononce son éloge funèbre à l’Assemblée nationale le 2 février 1960. Le maire de Bordeaux salue dans son discours la mémoire d’un « ardent républicain », « un homme de cœur et de qualité », à l’éloquence exceptionnelle.
Son suppléant André Laffin succède à l’avocat auxerrois comme député de la première circonscription de l’Yonne. Jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale à l’automne 1962, André Laffin défend la cause de l’Algérie française dans l’hémicycle et siège au groupe « Unité de la République ». Aux législatives de novembre 1962, l’UNR accorde son investiture à Pierre Lemarchand.