Antoine Boin
1769 - 1852
Député de 1815 à 1827, né à Bourges (Généralité de Bourges, France), le 19 janvier 1769, mort à Saint-Denis-de-Palin (Cher), le 29 janvier 1852, il était étudiant en médecine au moment de la Révolution ; il fut employé pendant dix ans comme médecin à l'armée du Nord. Ayant obtenu sa retraite, il retourna à Bourges, où il exerça sa profession avec succès. Il refusa pendant les Cent-jours son adhésion au gouvernement impérial, et fut nommé par la Restauration inspecteur général des eaux minérales aux appointements de 20,000 francs par an.
Elu député du Cher, le 22 août 1815, au collège de département, par 69 voix sur 134 votants et 188 inscrits, puis réélu le 4 octobre 1816, par 72 voix (136 votants, 185 inscrits), il fit partie, dans la Chambre introuvable, de la minorité ministérielle, puis siégea au centre gauche dans les législatures suivantes. Il prit une part très active aux débats parlementaires. Le 9 novembre 1815, Boin avait demandé la peine de mort contre quiconque arborerait le drapeau tricolore. Dans la loi sur les élections il se prononça pour les élections cantonales, à deux degrés, et pour le renouvellement partiel. En 1817-1818 (projet de loi sur la presse), il opina en faveur du jury dont il fit ressortir les avantages. Rapporteur de la commission des pétitions, il proposa, notamment, l'ordre du jour sur une pétition du sieur Brissot-Thivars, le publiciste libéral, qui se plaignait d'avoir été arrêté à onze heures du soir par cinq agents de police habillés en bourgeois, spolié de ses papiers sans notification légale, d'avoir été mis sous la surveillance de deux gendarmes, comme prévenu d'attentat contre Wellington (coup de pistolet), et d'avoir été, sur simple mandat de dépôt, incarcéré définitivement; comme prévenu d'avoir enfin, dans l'intérêt des bannis, fait un ouvrage qui n'a pas été publié. - Il intervint souvent dans la discussion du budget, parla contre la manie des places, et blâma la forme de perception des contributions directes. A propos de la faculté donnée aux plus imposés de voter les taxes d'urgence, il mit en contradiction ses adversaires avec eux-mêmes en soutenant, lors de la discussion sur la loi des élections, qu'il fallait appeler dans le collège les plus petits propriétaires, et en demandant de restreindre aux plus imposés la faculté de voter seuls les sommes auxquelles tous les contribuables doivent être assujettis. Il défendit le monopole des tabacs. Dans la session de 1819, il vota contre les deux lois d'exception et pour le nouveau système électoral amendé. Son amendement, analogue à celui de Courvoisier, était inspiré par le ministère ; il augmentait la Chambre de 172 députés et donnait aux plus imposés le droit de nommer ces 172 députés.
Très attaché au ministre Decazes, c'est peu de temps après le dépôt de cet amendement, qui décida, d'ailleurs, du sort de la loi, que Boin reçut le titre et les fonctions d'inspecteur des eaux minérales.
Resté ministériel après l'avènement de M. de Villèle, « quoique ce dernier, dit un biographe, ne lui ait point encore demandé d'amendement, » il fut réélu le 4 novembre 1820 et le 25 février 1824, par le 1er arrondissement du Cher (Bourges), et parut alors moins souvent à la tribune. « M. Boin, médecin de Bourges, et médecin aussi des ministères, réserve, disait-on, ses ordonnances pour les grandes crises » - Il fut fait officier de la Légion d'honneur en 1823; en 1815, il avait reçu la croix de chevalier, des mains du duc d'Angoulême. On doit à Antoine Boin, comme médecin, quelques ouvrages spéciaux: Dissertation sur la chaleur vitale ; un Coup d'oeil sur le magnétisme, et un Mémoire sur la maladie qui, en 1809, régna sur les Espagnols prisonniers de guerre à Bourges.