Gustave, Auguste la Bonninière de Beaumont
1802 - 1866
Député de 1839 à 1848 et représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848 et 1849, né à Beaumont la Chartre (Sarthe), le 16 février 1802, mort à Tours (Indre-et-Loire), le 30 mars 1866, il entra dans la magistrature sous la Restauration, et y resta après 1830 ; il était procureur du roi au début du règne de Louis-Philippe.
Chargé par le gouvernement, en 1831, d'une mission aux Etats-Unis afin d'étudier le système pénitentiaire américain, il s'acquitta de cette tâche avec M. de Tocqueville ; à son retour, il fut désigné pour être l'organe du ministère public dans le procès intenté par la baronne de Feuchères à la famille de Rohan. Sur son refus, on le destitua.
Il se retira alors dans son département et s'y occupa de travaux littéraires et historiques. Son voyage aux Etats-Unis lui fournit la matière de deux ouvrages qui lui valurent chacun un prix Monthyon, l'un sur le Système pénitentiaire en collaboration avec Tocqueville, l'autre sur la question de l'Esclavage.
Le 15 décembre 1839, les électeurs du 6e collège de la Sarthe (Mamers) l'appelèrent au siège de M. Letrône, décédé. Il prit place dans l'opposition dynastique, et se posa en adversaire résolu et redoutable des ministres doctrinaires de Louis-Philippe. Il parla sur les chemins de fer, sur l'Algérie, etc.
Réélu, le 9 juillet 1842, avec 226 voix (287 votants, 368 inscrits), puis le 1er août 1846 avec 233 voix (299 votants, 362 inscrits) dans le même collège électoral, il fut également, à cette dernière date, l'élu du 4e collège de la Sarthe (Saint-Calais) ; il opta alors pour la circonscription de Mamers, et reprit sa place dans les rangs de la gauche constitutionnelle. En 1844, il proposa un amendement au paragraphe du projet d'adresse relatif à la politique extérieure, et intervint fréquemment dans le débat sur la réforme des prisons. En 1845, il soutint la proposition Rémusat sur les incompatibilités, celle de M. Vatry, sur les députés intéressés dans les marchés passés avec l'Etat, et celle de Crémieux en faveur de la réforme électorale.
Son infatigable activité parlementaire était diversement appréciée : « Aucune fatigue ne l'arrête, aucun échec ne le décourage, » écrivait en 1846 l'auteur de la Biographie des députés. « Sa vie est un combat perpétuel où se déploient les ressources de son esprit et les qualités de son cœur. » Par contre, un biographe légitimiste (le Procuste parlementaire), l'appelle par dérision « ce grand cœur » et « ce beau génie », et le dépeint comme « une vanité impuissante qui se croit un Hercule, parce qu'elle fait le moulinet dans le vide avec un bâton de sureau. »
Après la révolution de Février 1848, M. Gustave de Beaumont fut élu représentant du peuple par le département de la Somme, le 5e sur 12, avec 83 985 voix (114 212 votants).
Rallié à une République très modérée, il soutint dans l'Assemblée constituante la politique de Cavaignac, fit partie du Comité de constitution, mais fut empêché de prendre part à un grand nombre de débats par les fonctions diplomatiques dont l'investit le gouvernement : il représenta, en effet, la France d'abord à Londres, puis à Vienne, comme ambassadeur. Ses principaux votes furent d'accord avec ceux de la droite :
- le 9 août 1848, pour le rétablissement du cautionnement ;
- le 28 décembre, contre la réduction de l'impôt du sel ;
- le 12 janvier 1849, pour la proposition Rateau ;
- le 16 avril, pour les crédits de l'expédition romaine ;
- le 2 mai, contre l'amnistie.
Dans la séance du 23 mai 1849 (affaires d'Italie et de Hongrie), M. de Beaumont prit la parole pour soutenir l'amendement Cavaignac, qui fut adopté par 436 voix contre 184. Cet amendement recommandait au gouvernement de « prendre les mesures nécessaires pour protéger énergiquement » les intérêts intérieurs et extérieurs de la République.
Réélu à l'Assemblée législative, le 13 mai 1849, par 67 850 voix (103 029 votants et 135 640 inscrits), il resta fidèle à la même politique, conservant ses préférences pour la République constitutionnelle, mais assez loin de la Montagne et des représentants de la démocratie avancée. Il ne soutint pas le prince président dans les préparatifs de son coup d'Etat, et protesta contre le 2 décembre à la mairie du Xe arrondissement.
Arrêté et conduit au Mont-Valérien, il fut relâché au bout de quelques jours, et rendu à la vie privée.
Il faisait partie de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques) depuis 1841.
Le 1er juin 1863 il fit une tentative infructueuse, comme candidat de l'opposition, pour entrer au Corps législatif : il échoua, dans la 4e circonscription de la Sarthe, avec 7 078 voix contre 14 708 accordées au député impérialiste sortant, M. Marc de Beauvau, qui fut réélu.
L'ouvrage le plus remarquable de M. Gustave de Beaumont est une étude sur l'Irlande politique, sociale et religieuse (1839-1842).