Alphonse, Marie Bedeau
1804 - 1863
- Informations générales
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- Né le 19 août 1804 à Vertou (Loire-Inférieure - France)
- Décédé le 28 octobre 1863 à Nantes (Loire-Inférieure - France)
1804 - 1863
Représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848-1849 et ministre, né à Vertou, près de Nantes (Loire Inférieure), le 19 août 1804, mort à Nantes, le 28 octobre 1863.
Son père, capitaine de vaisseau à l'époque de la Révolution, quitta le service à son retour de l'Inde en 1793. Elève des écoles militaires de la Flèche et de Saint-Cyr, Bedeau servit (1825) en qualité d'officier d'état-major au 8e dragons; il passa de là aux lanciers de la garde royale, (1826), au 2e d'artillerie à cheval (1829) et au 3e d'infanterie légère (1830). Capitaine en 1831, il fut attaché, comme aide de camp, au général de division Gérard, puis, à la mort de cet officier, il alla assister au siège d'Anvers, reçut, en 1833, la croix de la Légion d'honneur, et devint, le 3 février 1836, chef de bataillon dans la Légion étrangère.
La même année, sur son refus de passer provisoirement au service de l'Espagne, il fut envoyé en Algérie, à la tête d'un bataillon, prit part à l'expédition de Constantine, et, après la prise de cette ville, fut investi du commandement de la place. Lieutenant-colonel en 1837, puis colonel en 1839, il combattit les Arabes pendant près de dix ans dans des luttes presque quotidiennes, fut promu officier de la Légion d'honneur (1840) et général de brigade (mai 1811). En février 1842, le gouverneur général de l'Algérie remettait au général Bedeau la direction des affaires politiques et militaires de la colonie et le chargeait d'assurer l'occupation de Tlemcen. Après de nombreux combats livrés par lui à l'émir Abd-el-Kader, il prit une part considérable à la victoire d'Isly (1844), fut nommé général de division, commandeur de la Légion d'honneur, battit et soumit les Kabyles, et prit, le 1er juillet 1847, à Alger, en vertu d'une ordonnance royale, le gouvernement général de la colonie.
Grand officier de la Légion d'honneur, le général de division Bedeau se trouvait en congé à Paris lors des événements de février 1848. Dans la matinée du 24, le maréchal Bugeaud le chargea de commander une des six colonnes de troupes destinées à combattre l'insurrection, si la formation du ministère Thiers et Odilon Barrot ne suffisait pas à contenter le peuple. La colonne commandée par le général marcha sur les barricades construites dans la rue Montmartre, et les enleva rapidement. Arrivé sur le boulevard, il comprit que les événements allaient prendre une tournure nouvelle, et s'arrêta. Quelques instants après, il recevait l'ordre de laisser à la garde nationale le soin de rétablir la tranquillité publique. Depuis, le maréchal Bugeaud lui reprocha sa mollesse dans cette journée. Le même jour, à 10 heures du soir, Bedeau fut invité par une lettre signée Lamartine et Garnier-Pagès à se rendre a l'Hôtel de Ville. On le pria de prendre le commandement des troupes de Paris. Il refusa d'abord en faisant remarquer qu'il valait mieux s'adresser à des généraux qui n'avaient pas encore été employés ce jour là dans Paris. Lamartine et Garnier-Pagès insistèrent. Le général accepta alors, à la condition que pas un officier ne serait inquiété par le gouvernement nouveau pour cause politique. Son nom avait même figuré comme ministre provisoire de la guerre sur un premier décret du gouvernement en date du 24 février 1848 ; mais il était, dès le lendemain, remplacé à ce poste par le général Subervie. Commandant de la 1re division militaire, il s'opposa à l'établissement des clubs militaires, et insista auprès du gouvernement provisoire pour que l'organisation militaire du régime précédent fût conservée intacte.
Aux élections du 23 avril 1848, le département de la Loire Inférieure l'ayant nommé représentant du peuple à la Constituante, le 3e sur 13, avec 97,420 voix (124,699 votants, 153,494 inscrits), il vota presque sans exception avec la droite :
- contre le bannissement de la famille d'Orléans,
- contre l'amendement Grévy sur la présidence,
- contre l'abolition du remplacement militaire,
- contre le droit au travail,
- pour l'ordre du jour en l'honneur du général Cavaignac,
- pour la proposition Rateau,
- contre l'amnistie
- et pour l'expédition de Rome.
Il ne vota avec la gauche que dans les questions du maintien de l'état de siège (2 septembre 1848) et de la réduction de l'impôt du sel (28 décembre.) Après la journée du 15 mai, Bedeau se mit à la tête de la garde nationale mobile; il entretint dans cette troupe l'esprit de résistance qui y domina constamment, et qui éclata surtout dans les journées de juin. Chargé, le 23 juin, par Cavaignac, ministre de la guerre, du commandement de dix bataillons réunis à l'Hôtel de Ville, Bedeau engagea un des premiers combats contre les insurgés; il leur avait péniblement enlevé dans la cité neuf barricades, opiniâtrement défendues; « mais les munitions vont manquer; les barricades se multiplient à mesure qu'on avance... La nuit tombe, il n'est plus possible de songer à gagner la place du Panthéon; le général Bedeau donne l'ordre de se replier sur l'Hôtel de Ville. On l'y ramène sur un brancard; un coup de feu, parti de la rue des Noyers vient de l'atteindre à la cuisse. »
Quelques jours après, le 29 juin, il acceptait le portefeuille des affaires étrangères en remplacement de Bastide (v. ce nom) nommé de la veille, et qui passait au ministère de la marine. Le 17 juillet, nouvelle modification : la chaleur de la saison, jointe à l'irritation de sa blessure, avait rallumé les fièvres d'Afrique, et Bedeau avait du renoncer à occuper le ministère : Bastide revint aux affaires étrangères.
Sa santé rétablie, Bedeau reprit sa place à l'Assemblée. Dans la séance du 25 novembre 1848, où Cavaignac présenta à la tribune la longue justification de sa conduite personnelle pendant les événements de juin, justification qui aboutit au vote de l'ordre du jour Dupont (de l'Eure), le général Bedeau ajouta au récit de l'ancien ministre de la guerre quelques observations touchant les difficultés que la concentration des troupes avait éprouvées pour s'effectuer le 23 juin à l'Hôtel de Ville.
Réélu, le 13 mai 1849, représentant à l'Assemblée législative par le département de la Seine, le 5e sur 28, avec 125,110 voix (281,140 votants, 378,043 inscrits), il y vota presque toujours avec la majorité de droite, et appuya l'expédition de Rome. En juillet 1849, il avait été chargé par le président de la République d'une mission confidentielle auprès du commandant en chef du corps expéditionnaire de la Méditerranée qui assiégeait Rome; mais l'occupation ayant eu lieu avant que le général ait put arriver auprès du commandant en chef, la mission devint sans objet. Dans les derniers mois de la législature, le général Bedeau, nommé questeur de l'Assemblée législative, prit une attitude peu favorable aux projets du coup d'Etat médité et préparé par le prince président; il fut un des auteurs de la proposition dite des « questeurs » qui mettait la force armée à la disposition du président de la Chambre.
Arrêté dans la nuit du 2 décembre 1851, il fut exilé bientôt après, et ne rentra en France qu'à la suite de l'amnistie de 1859. Il vécut, alors, très retiré dans son pays natal.