Pierre, Alpinien, Bertrand Bourdeau
1770 - 1845
- Informations générales
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- Né le 18 mars 1770 à Rochechouart ( - Généralité de Poitiers France)
- Décédé le 11 juillet 1845 à Limoges (Haute-Vienne - France)
1770 - 1845
Député de 1815 à 1831, de 1834 à 1837, ministre et pair de France, né à Rochechouart (Généralité de Poitiers), le 18 mars 1770, mort à Limoges (Haute-Vienne), le 11 juillet 1845, il fut, pendant le premier Empire, un des premiers avocats de Limoges, dont il devint adjoint au maire à la première Restauration en raison de ses opinions royalistes ; il fut destitué pendant les Cent-jours, puis réintégré après le retour de Gand, et nommé procureur général à la cour de Limoges.
Elu député, le 22 août 1815, dans le collège de département de la Haute-Vienne, par 129 voix sur 178 votants et 218 inscrits, et successivement réélu, le 4 octobre 1816 par 117 voix sur 161 votants et 211 inscrits, et le 13 novembre 1820, il siégea jusqu'en 1824, parmi les ultra-royalistes, vota pour l'institution des cours prévôtales, pour la loi contre les cris séditieux, pour la loi dite d'amnistie (12 janvier 1816), pour la suspension de la liberté de la presse, déclarant même, dans cette discussion, qu'on n'avait pas le droit d'interpeller les ministres qui ne devaient répondre que quand ils le jugeaient à propos. Il avait déjà exposé cette théorie politique, lors du débat relatif à l'évasion du comte de Lavalette (22 décembre 1815) : « Exiger un compte, disait-il alors, c'est empiéter sur l'autorité royale. Les Français ont trop d'esprit pour se méprendre sur nos intentions ; en nous immisçant dans une affaire de police, ils verraient que nous n'avons plus de confiance dans les ministres de Sa Majesté ». Il combattit aussi le droit de pétition.
Le gouvernement l'avait nommé en 1816, procureur général près la cour de Rennes. Croyant, en 1824, à la chute imminente de M. de Villèle, Bourdeau se tourna du côté de la contre-opposition et vota contre le ministère, qui le destitua des fonctions de procureur général.
Réélu par le 2e collège électoral de la Haute-Vienne (Limoges), le 25 février 1824, il vota sans merci contre l'administration de MM. de Villèle et de Peyronnet, fit une vive opposition (1825) au projet de conversion des rentes, et traça un tableau très noir de l'agiotage qu'on allait déchaîner ; il parla aussi contre les empiétements du clergé, à propos de la pétition d'un curé de village, qui demandait la conciliation, au point de vue du mariage, des lois canoniques et des lois civiles (1826). A la séance du 11 avril 1825, sur la loi du sacrilège, il avait pris le premier la parole contre le projet : « On invoque, dit-il, je ne sais quelles nécessités d'opinions dont je cherche vainement les interprètes et les organes. S'ils sortent de ces associations mystiques qui ne se mêlent des affaires du ciel que pour se rendre puissantes sur la terre, la France chrétienne et sincèrement royaliste les récuse et les désavoue. »
Le mandat de M. Bourdeau fut renouvelé, le 17 novembre 1827, par 313 voix sur 427 votants et 476 inscrits, et, à la chute du ministère Villèle, il fut nommé par M. de Martignac (1828) directeur général de l'enregistrement et des domaines, et conseiller d'Etat en service extraordinaire.
L'année suivante, il passa sous-secrétaire d'Etat à la Justice, puis ministre de la Justice, du 14 mai au 8 août 1829. Dans ce court passage au ministère, il déploya quelque sévérité contre la presse.
Retraité comme ministre de la Justice, quatre jours seulement après sa sortie du ministère, il fut nommé premier président à Limoges et grand officier de la Légion d'honneur.
Il fut encore élu à la Chambre des députés, le 23 juin 1830, par 344 voix sur 483 votants et 525 inscrits contre M. Desales-Beauregard (128 voix). Son passé royaliste ne l'empêcha pas de prêter serment à la monarchie de Juillet, et, élu de nouveau, le 21 juin 1834, dans le 1er collège électoral de la Haute-Vienne (Limoges), par 226 voix sur 396 votants et 453 inscrits, contre Jacques Laffitte (145 voix), il fit partie de la majorité ministérielle.
Le gouvernement de Juillet le nomma pair de France, le 3 octobre 1837. Il est moins connu par ses services administratifs et parlementaires que par le procès qu'il intenta pour diffamation au journal radical de Limoges, le Progressif, qu'il fit condamner, en police correctionnelle, à 10,000 fr. de dommages-intérêts. Le cautionnement du journal s'étant trouvé insuffisant, Bourdeau prétendit faire compléter la somme par les gérants antérieurs au gérant condamné. Le tribunal n'admit pas ce système de complicité rétrospective, célèbre, dans la presse de l'époque, sous le nom de « jurisprudence Bourdeau ».