Alphonse, Alexandre Bouloux
1887 - 1978
Né le 30 septembre 1887 à Leignes-sur-Fontaine (Vienne)
Décédé le 15 avril 1978 à Poitiers (Vienne).
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Vienne)
Député de la Vienne en 1946
Sénateur de la Vienne de 1946 à 1948
Député de la Vienne de 1956 à 1958
D'une famille de petits propriétaires terriens, Alphonse Bouloux réussit le concours de l'Ecole normale de Poitiers. Il est nommé instituteur dans la Vienne, à Béruges, puis à Saint-Pierre-les-Eglises et devient un actif militant syndicaliste. Secrétaire du syndicat de l'enseignement de la Vienne en 1914, il combat l'Union sacrée.
Séduit par les idées pacifistes, il participe aux conférences internationales de Zimmerwald et de Kienthal en 1916 et 1917. Il mène, dans la Vienne, une action difficile, ponctuée de procès, pour la reconnaissance du syndicat des instituteurs et il participe aux congrès de la Fédération nationale de l'enseignement. Après la scission syndicale, il se prononce pour la C.G.T.U. et crée, à Chauvigny, avec le syndicat des carriers, une Union départementale C.G.T.U. C'est qu'Alphonse Bouloux, en plein accord avec sa femme, elle-même institutrice et militante, est devenu en 1920 un membre actif du nouveau Parti communiste qu'il fonde dans la Vienne avec Jean-Richard Bloch. Il en est le secrétaire fédéral de 1934 à 1950.
Il se présente en 1936 aux élections législatives dans la circonscription de Loudun où il est aidé par tout un réseau d'amis instituteurs mais il ne recueille que 790 voix. Il n'a pas plus de chance aux élections cantonales de 1937. Il écrit dans le journal du Front populaire local, « le Front populaire de la Vienne ». Considéré comme un des communistes les plus influents du département, il est muté dans le Cantal en 1940 où il prend une part active à la Résistance. En 1943, il est commissaire aux effectifs d'un bataillon de F.T.P. Dès la Libération, il travaille à reconstituer une fédération communiste dans le Cantal avant de revenir dans la Vienne à la fin de l'année 1944 pour assurer la responsabilité du secrétariat de la fédération du Parti communiste. Il est titulaire de la Croix de la Résistance.
Elu conseiller municipal de Poitiers en 1945, il le restera jusqu'en 1959. Le 21 octobre 1945 aux élections pour la première Constituante la liste communiste qu'il dirige recueille 39 521 voix - le plus grand nombre de suffrages dans la Vienne - et obtient deux des quatre sièges. Sont également élus un M.R.P. et un candidat modéré. Il est nommé membre de la Commission de l'éducation nationale et de la Commission de la presse. Il intervient en faveur d'une large indemnisation des sinistrés de guerre et analyse, à partir de l'exemple de la Vienne, les moyens d'accélérer la reconstruction. Au cours d'une interpellation de Joseph Denais sur la liberté de presse il justifie la mise à la disposition du « Libre Poitou », journal de la résistance, de l'imprimerie Texier. Il présente le 21 mars 1946, un rapport au nom de la Commission de l'éducation nationale sur l'ouverture de cours d'agriculture postscolaires et d'enseignement ménager par des instituteurs formés par des stages et voudrait que trois ou quatre communes s'associent pour créer un centre permanent.
Les scrutins de juin pour la seconde Assemblée nationale Constituante et de novembre 1946 pour la première législature lui permettent d'augmenter encore le nombre de suffrages qui se portent sur la liste communiste (45 405 et 48 849 voix). A l'issue de ces élections deux députés communistes et deux députés du M.R.P. représentent la Vienne. Nommé membre de la Commission de l'éducation nationale en juin 1946, Alphonse Bouloux n'a que le temps de participer à la discussion d'un projet de loi sur la situation des fonctionnaires et des pensionnés de guerre avant de donner sa démission le 23 décembre 1946 à la suite de son élection, au plan national, au Conseil de la République. Il n'y est pas réélu en 1948 et en 1952. Au Conseil de la République, il appartient à la Commission de la presse et à la Commission de l'éducation nationale. Il intervient pour que soient maintenues au Budget les dépenses de l'éducation nationale et que soit revalorisée la profession enseignante et développée une politique de laïcisation.
Le 17 juin 1951 il conduit, à nouveau pour les élections législatives, la liste communiste dans la Vienne. La perte d'influence est sensible par rapport à 1946 puisqu'elle ne recueille que 36 156 voix ce qui lui permet cependant de se maintenir au premier rang devant le R.P.F. (31 963 voix). Mais il est victime de l'apparentement conclu entre les listes S.F.I.O., M.R.P., radicale et modérée qui remportent, avec 80 220 voix, tous les sièges. Alphonse Bouloux prend sa revanche aux élections du 2 janvier 1956 où la présence des listes poujadistes, la division des listes qui s'étaient apparentées en 1951 mais qui en 1956 réalisent deux apparentements, l'un socialiste et radical-socialiste, l'autre M.R.P.-R.G.R., rétablissent une plus large concurrence. Il se présente en candidat de la paix et dénonce les « apparentés » et les socialistes locaux. Sa liste, stable par rapport à 1951, recueille les 36 867 voix qui lui permettent d'être élu à la représentation proportionnelle ; les trois autres sièges vont à un poujadiste (20 957 voix), à un M.R.P. (19 189 voix) et à un radical-socialiste (20 610 voix).
Alphonse Bouloux retrouve la Commission de l'éducation nationale. Il est également membre de la Commission de la famille et, en 1957, de la Commission des affaires économiques. Il plaide le dossier des habitants de la Vienne, qu'il s'agisse des petits exploitants producteurs de blé et de vin victimes des gelées de 1957, des ouvriers licenciés des usines métallurgiques de Ce-non ou des membres d'une coopérative de construction, l'Entraide familiale, en proie à des difficultés financières qui entravent l'achèvement de pavillons pour les mal logés de Poitiers. Ses préoccupations dans le domaine agricole ont une orientation pragmatique. S'il vote contre le Traité de Rome en 1957, il cherche à améliorer l'enseignement agricole post-scolaire, demandant de maintenir le premier degré de cet enseignement sous la tutelle du ministère de l'éducation nationale. Alphonse Bouloux ne vote pas la confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958 et n'est pas réélu en novembre 1958 (8821 voix).