Pierre Bourdellès
1908 - 2002
Né le 23 avril 1908 à Louannec (Côtes-du-Nord)
Député des Côtes-du-Nord de 1951 à 1955
Fils d'un exploitant d'une ferme de vingt hectares à Louannec, Pierre Bourdellès, après des études à l'Institution Saint-Joseph à Lannion, obtient le baccalauréat de philosophie. Il se destinait à des études de médecine mais doit y renoncer en raison du décès de son père en 1928. Aîné de cinq enfants, il lui faut reprendre l'exploitation familiale pour subvenir aux besoins de sa famille. Dès 1935, il est élu maire de son village natal, poste qu'il conserve sans interruption par la suite. Mais ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale qu'il entre dans la politique active. Il figure en quatrième position sur la liste de la Résistance républicaine et socialiste dirigée par René Pleven dans les Côtes-du-Nord, aux élections pour la Première Assemblée nationale Constituante. Avec 48 350 voix, cette liste ne peut prétendre qu'à un seul élu. Pour la Seconde Constituante, Pierre Bourdellès est en troisième position sur la liste du Rassemblement des gauches républicaines (R.G.R.). Celle-ci connaît un tassement de son influence (24 593 suffrages) et n'a aucun élu. Aux élections législatives de 1946, Pierre Bourdellès figure en seconde place derrière René Pleven sur la liste du R.G.R. Comme au scrutin précédent, avec 33 989 voix, celle-ci ne compte qu'un député. Trois ans plus tard, Pierre Bourdellès devient conseiller général du canton de Perros-Guirec. Il étend encore son rayonnement en présidant la coopérative agricole « la Perrosienne » et le comice agricole de Perros-Guirec.
Aux élections législatives de juin 1951, un accord d'apparentement est conclu entre la liste présentée par le parti radical, l'U.D.S.R., le R.G.R. et l'Union des indépendants paysans, sur laquelle figure Pierre Bourdellès, et les listes du parti socialiste et du M.R.P. Le changement du mode de scrutin permet à cette liste de remporter trois sièges avec 60 578 voix, et ce au détriment du parti communiste qui, avec 69 340 suffrages, perd ses deux députés sortants.
Dans la nouvelle assemblée, Pierre Bourdellès est successivement membre de trois commissions : celle de la marine marchande et des pêches, celle des boissons et celle de l'agriculture. Dès le 24 août, le nouveau député des Côtes-du-Nord dépose une proposition de loi tendant à abroger l'article premier de la loi du 14 août 1947 portant autorisation de dépenses et ouverture de crédits au titre du budget de reconstruction et à instituer un plan de financement et une loi de programme en ce qui concerne les adductions d'eau dans les communes rurales. En dehors de diverses propositions de résolution sur des mesures catégorielles, Pierre Bourdellès est l'auteur d'une seconde proposition de loi tendant à permettre la réintégration dans les cadres de femmes fonctionnaires admises à la retraite par anticipation (9 avril 1954). Enfin, le 4 février 1955, il dépose un rapport sur une proposition de loi de son ami René Pleven demandant l'augmentation du nombre des ingénieurs du corps du génie rural.
Son activité en séance se concentre sur les discussions du budget du ministère de l'agriculture dans lesquelles il intervient régulièrement. Ainsi, lors de la séance du 3 décembre 1953, il attire l'attention du ministre sur la nécessité de modifier la méthode d'attribution des prêts du Crédit agricole en raison des difficultés de trésorerie des agriculteurs liées à la mauvaise récolte. Or l'aide aux petits agriculteurs est, selon lui, l'une des missions essentielles de cet organisme. L'année suivante, pendant la séance du 26 novembre 1954, il souligne la nécessité de l'extension, à l'instar de ce qui est pratiqué en Hollande, du contrôle laitier qui est très peu fréquent, notamment dans les départements bretons. Il rappelle aussi au ministre les problèmes d'écoulement des blés bretons du fait de leur taux d'humidité excessif et demande des mesures pour empêcher leur déperdition complète. Enfin, il plaide à nouveau pour l'octroi de prêts à long terme aux jeunes agriculteurs des petites exploitations pour éviter, lors du remembrement, le rachat des terres par des tiers étrangers à la profession. Il souligne également l'intérêt de la multiplication des foyers ruraux pour lutter contre l'exode rural.
Aux élections du 2 janvier 1956, Pierre Bourdellès se présente avec René Pleven pour défendre les couleurs du parti radical et de l'U.D.S.R. En dépit d'un nombre de voix supérieur (44 423), seul René Pleven retrouve son siège en raison de l'application de la proportionnelle simple qui redonne au parti communiste les deux sièges perdus en 1951. Cependant, Pierre Bourdellès retrouvera un fauteuil au Parlement dès le début de la Ve République. Célibataire, Pierre Bourdellès est titulaire de la Croix de guerre (1939-1945).