Henri, Jean, Lucien Bouret

1916 - 1971

Informations générales
  • Né le 14 mai 1916 à Lanvollon (Côtes-du-Nord - France)
  • Décédé le 24 février 1971 à Bobigny (Seine-St-Denis - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Côtes-du-Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Côtes-du-Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Côtes-du-Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Côtes-du-Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 14 mai 1916 à Lanvollon (Côtes-du-Nord)

Décédé le 24 février 1971 à Bobigny (Seine-Saint-Denis)

Membre de la Première et de la Seconde Assemblée Nationale Constituante (Côtes-du-Nord)

Député des Côtes-du-Nord de 1946 à 1955

Henri Bouret devient officier en 1937 et termine la guerre de 1939-1945 comme capitaine d'aviation avec la Croix de guerre. Il prend une part active à la Résistance, ce qui lui vaut la médaille de la Résistance et le grade d'officier de la Légion d'honneur à titre militaire. Nommé sous-préfet en 1944, il entre vite dans la vie politique sous les couleurs de la démocratie chrétienne en se présentant aux élections pour la Première Assemblée nationale Constituante dans son département d'origine, les Côtes-du-Nord.

La liste du MRP qu'il conduit arrive en tête avec 88609 suffrages contre 72786 à la liste communiste, 57215 à la liste socialiste et 48350 à la liste de la résistance républicaine et socialiste de René Pleven. Henri Bouret et deux de ses colistiers sont donc élus. Il fait partie de la Commission de la Constitution et intervient à deux reprises dans les débats. Lors de la discussion générale du budget des travaux publics, il demande le dragage d'urgence du port de Saint-Brieuc et présente un amendement sur l'article 81bis du premier projet de Constitution.

Pour la Seconde Constituante, la liste MRP conduite par Henri Bouret améliore encore son score avec 97734 voix contre 78976 aux communistes, 62857 aux socialistes, 24593 au RGR de René Pleven et 16120 à la « liste d'action républicaine ». Ce sont à nouveau les trois premiers de la liste MRP qui deviennent députés aux côtés de deux communistes et de deux socialistes. Dans cette assemblée, Henri Bouret siège, comme précédemment, dans la Commission de la Constitution. Lors de la discussion des propositions de loi relatives à l'élection des députés, le 30 septembre 1946, il se prononce contre le panachage.

Pour les élections législatives de 1946, les rapports de force des élections précédentes se retrouvent. Toutefois la liste d'Henri Bouret et celle du parti communiste creusent l'écart avec leurs concurrentes socialiste et RGR. La liste du MRP recueille 99717 voix, celle des communistes 86717, contre, respectivement, 54 954 et 33 989 suffrages aux socialistes et aux radicaux. Pendant la législature, le député des Côtes-du-Nord, siège à la Commission de l'intérieur, à celle de la marine marchande, à celle des moyens de communication et, à partir du 8 mars 1949, à celle de la défense nationale. Il remplit en outre des fonctions temporaires à la commission chargée de la réforme administrative (1er août 1947) et est élu secrétaire de la Commission d'enquête sur l'accident de l'avion Cormoran NC 211. Il dépose quatre rapports liés à ses fonctions de commissaire : l'un sur le projet de loi portant création de postes préfectoraux pour les départements d'outre-mer ; deux sur des propositions de loi accordant des dérogations aux règles de recrutement de la fonction publique aux personnes ayant pris une part active dans la Résistance et le dernier sur le projet de loi portant organisation de l'aéronautique marchande. La plupart de ses interventions dans les débats sont centrées sur les questions aéronautiques dont il devient l'un des spécialistes à l'Assemblée, en raison de son passé professionnel. Il participe non seulement aux débats budgétaires dont il est fréquemment l'un des rapporteurs pour avis mais aussi, au printemps 1948, à la discussion du projet de loi instituant la Compagnie Air France et à celui concernant le statut de la SNECMA. Il déplore, à ce propos, que ce projet ne se situe pas au sein d'un programme aéronautique d'ensemble du gouvernement et dépose plusieurs amendements (23 juin 1948). Il revient à plusieurs reprises sur le sujet au cours des années suivantes pour critiquer la gestion et les résultats de sociétés des constructions aéronautiques notamment les 23 et 28 juin 1949.

Il y renouvelle sa demande d'un plan d'ensemble et s'inquiète des risques de démantèlement du potentiel aéronautique national sous couvert d'économies. Lors de la séance du 2 mai 1950, il met en cause aussi l'action retardatrice du personnel sur la production soit, sur les instances des militants communistes, pour freiner la fabrication de matériel de guerre, soit par crainte des licenciements qu'on envisage à la SNECMA. Le 10 mai suivant, en tant que rapporteur pour avis du budget de l'Air, il s'inquiète de la diminution du potentiel militaire de l'armée de l'air alors que celui de l'Union soviétique ne cesse d'augmenter. Un mois plus tard, le 19 juin, à propos de l'aéronautique civile, il met en évidence le retard des rémunérations du personnel navigant par rapport au niveau de responsabilité qui est le sien. Le 26 octobre suivant, lors de la discussion du projet de prolongation du service militaire, il souligne le manque de formation morale des recrues du contingent et la lenteur des réformes des institutions militaires, contrairement aux espoirs nés à la Libération. Dans ses dernières interventions de la législature, Henri Bouret insiste aussi sur le retard du développement technique de la construction aéronautique française en dépit des observations réitérées du Parlement.

Aux élections du 17 juin 1951, le système des apparentements joue en faveur des partis de la troisième force qui ont conclu une alliance dans les Côtes-du-Nord et ceci en dépit du tassement du nombre de leurs voix du fait du succès de la liste du RPF (16,9 % des voix) et de la résistance de l'audience des communistes (69340 voix). La liste du MRP recueille en moyenne 37874 voix et compte deux élus, Henri Bouret et Marie-Madeleine Dienesch. Pendant la nouvelle législature, Henri Bouret siège à la Commission de la Défense nationale dont il est nommé vice-président, ainsi qu'à la Commission du suffrage universel et à celle de la marine marchande.

Il dépose un avis sur les crédits de fonctionnement et d'équipement des services militaires de la section Air et le budget annexe des constructions aéronautiques et trois rapports : l'un sur le projet de loi modifiant le statut du personnel navigant de l'aéronautique, le second sur un projet de loi fixant les contingents annuels de décorations de la Légion d'honneur et de la médaille militaire avec traitement à attribuer aux personnels militaires de l'armée d'active, et le dernier sur un projet de loi relatif à l'institution d'une aide de l'Etat en faveur de l'armement au cabotage.

Ses interventions dans les débats portent non seulement sur les problèmes d'aéronautique militaire et civile, comme dans la précédente législature, mais également sur les questions internationales si importantes pendant cette période et sur les problèmes agricoles cruciaux pour son département dont il devient conseiller général en octobre 1951. Ainsi, lors du débat d'une interpellation concernant le projet d'armée européenne, il prend en partie ses distances par rapport aux positions de son parti en soutenant notamment : « Le réarmement de l'Allemagne occidentale, même avec les modalités actuellement prévues, creuserait plus profondément le fossé qui sépare les deux Allemagnes, et en conséquence, le monde de l'Est du monde de l'Ouest. » Le 18 juin 1952, il présente les explications de vote du MRP sur les crédits militaires notant au passage le choix nécessaire entre l'engagement des forces françaises en Extrême-orient et le réarmement en Europe. Il estime qu'une négociation s'avère nécessaire avec les Etats-Unis pour qu'ils participent de manière accrue à cette lutte dans cette partie du monde à moins que, comme le souhaitent d'autres, elle ne soit engagée à un niveau international sur le problème indochinois. A ce propos, au cours de la séance du 27 octobre 1953, il émet un pronostic pessimiste sur l'évolution de la guerre d'Indochine et souhaite de nouveau l'engagement de négociations à l'instar de ce qui s'est passé dans le conflit coréen et ceci afin de renforcer la défense de l'Europe.

Les problèmes agricoles motivent ses interventions les 15 octobre et 4 décembre de la même année. Il cite des chiffres montrant l'insuffisance du niveau de vie paysan et s'inquiète de la politique d'importation du gouvernement qui concurrence de façon déloyale les productions bretonnes comme la viande ou les œufs. Le 4 décembre suivant, il annonce qu'il ne pourra soutenir le budget présenté par le gouvernement car celui-ci n'apporte pas les moyens nécessaires à l'amélioration de la situation des agriculteurs notamment dans les régions les plus défavorisées ni l'espoir d'une politique d'exportation agricole dynamique. Au cours de l'année 1954, Henri Bouret prend de plus en plus ses distances avec la politique de son parti et du gouvernement Laniel auquel le MRP participe. Ainsi le 6 mai 1954, lors d'un vote de confiance, il s'exprime en ces termes : « S'il s'agissait, Monsieur le président du conseil, d'approuver votre politique générale suivie depuis le débat sur la précédente question de confiance, je n'hésite pas à vous déclarer que nous voterions contre. » Il reproche par la suite au MRP d'avoir investi des présidents du conseil « réactionnaires ». Le MRP décide donc son exclusion ainsi que celle de Léo Hamon tenant des mêmes positions.

Du fait de son exclusion, Henri Bouret conduit, toujours dans les Côtes-du-Nord, une liste « d'action travailliste pour l'expansion économique et le progrès social soutenue par l'Entente gauche indépendante Jeune République », aux élections du 2 janvier 1956. 22 368 électeurs se portent sur son nom mais c'est insuffisant pour obtenir un siège. L'ancien député quitte donc la vie publique pour devenir secrétaire général de la Société d'économie mixte pour l'aménagement du secteur Maine-Montparnasse, puis chargé du département des relations extérieures de la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Est.