Adélaïde, Edouard Lelièvre de Lagrange
1796 - 1876
Député de 1837 à 1848, représentant en 1849 et sénateur du Second Empire, né à Paris le 16 décembre 1796, mort à Paris le 17 janvier 1876, il fit ses études au lycée Napoléon, entra dans les gardes d'honneur en 1813, dans les mousquetaires en 1814, fut nommé capitaine d'état-major en 1815, donna sa démission en 1821, passa dans la diplomatie, fut attaché à l'ambassade de France à Madrid, puis à la légation de Carlsruhe, devint secrétaire d'ambassade à Vienne en 1824, et chargé d'affaires à la Haye (1828).
Rendu à la vie privée par la révolution de Juillet, il se retira dans ses propriétés à Blaye, s'occupa d'agriculture, d'archéologie et de littérature, traduisit des romans allemands, collabora à plusieurs revues, publia des travaux de numismatique, et prépara une édition des Mémoires du maréchal duc de la Force, ouvrage qui le fit entrer en 1846 à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Chevalier de la Légion d'honneur et conseiller général, il se mêla aussi à la politique, et se porta, le 4 novembre 1837, candidat à la députation, dans le 6e collège de la Gironde (Blaye), qui l'élut avec 108 voix (193 votants, 228 inscrits), et le réélut successivement :
- le 2 mars 1839, avec 126 voix (204 votants) ;
- le 9 juillet 1842, avec 170 voix (225 votants, 282 inscrits), contre 65 à M. Merlet ;
- le 1er août 1846, avec 175 voix (273 votants, 300 inscrits), contre 97 à M. de Caumont.
Ministériel intermittent, il prit une certaine part aux discussions de la Chambre, parla en faveur de l'occupation totale de l'Algérie, sur les impôts, sur les attributions des conseils généraux, sur la création d'aumôniers dans les troupes employées hors de France, et reprocha au cabinet son attitude vis-à-vis du prince Louis-Napoléon Bonaparte, « qu'il avait grandi de toute la force qu'on avait déployée contre lui ».
Il vota :
- pour l'adresse de 1839,
- pour le recensement,
- pour l'indemnité Pritchard,
- contre la dotation au duc de Nemours,
- contre les fortifications de Paris,
- contre les incompatibilités,
- contre l'adjonction des capacités,
- contre la proposition sur les députés fonctionnaires.
Il combattit le cabinet Thiers (du 1er mars), refusa de voter la flétrissure contre les pèlerins de Belgrave-Square, fut rapporteur du budget (1846) et donna son avis sur la propriété littéraire, sur l'expropriation pour cause d'utilité publique, sur l'établissement des grandes lignes de chemins de fer, sur les douanes, les octrois, contre la fabrication des vins, sur les brevets d'invention, etc.
Après la révolution de février, il lutta, dans le conseil général de la Gironde, dont il était membre (1846-1863) en faveur du principe d'autorité, et contribua à l'élection du prince Louis-Napoléon à la présidence de la République.
Elu, le 13 mars 1849, représentant de la Gironde à l'Assemblée législative, le 10e sur 13, par 68 208 voix (125 001 votants, 179 161 inscrits), il soutint sans réserve la politique personnelle du prince-président, fit partie de la Commission consultative après le coup d'Etat de décembre, fut nommé sénateur le 26 janvier 1852, puis grand-officier de la Légion d'honneur le 21 juin 1856, et membre du conseil du sceau.
M. de Lagrange a publié :
- Mémoires authentiques de Jacques Nompar Caumont, duc de la Force (1843) ;
- Les Suédois à Prague (1821) et La délivrance de Bude (1824), romans traduits de l'allemand ;
- de la Noblesse considérée comme une institution impériale (1857) ;
- Nouvelles lettres de Mme Swetchine (1875) ;
- Hugues Capet, chanson de geste ; et des brochures de circonstance, Sur la situation politique du pays (1842) ; Sur les octrois (1846), etc.
Par testament, il a légué à l'académie de Bordeaux une rente de 600 francs, destinée à donner un prix annuel alternativement à l'auteur du meilleur mémoire sur la langue gasconne, et à l'auteur du meilleur mémoire sur la numismatique du midi de la France.