Antony Thouret

1807 - 1871

Informations générales
  • Né le 15 juillet 1807 à Tarragone (Espagne)
  • Décédé le 6 octobre 1871 à Bouvignies (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 4 juin 1848 au 26 mai 1849
Département
Nord
Groupe
Cavaignac
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Nord
Groupe
Gauche modérée

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant en 1848 et en 1849, né à Tarragone (Espagne) le 15 juillet 1807, mort à Bouvignies (Nord) le 6 octobre 1871, de parents français qui s'étaient établis en Espagne sous le règne de Joseph Bonaparte, il fit ses classes à Douai, se maria au sortir du collège (1825), et alla étudier le droit à Paris.

Reçu avocat, il collabora, à plusieurs journaux de l'opposition démocratique, prit part à la fondation de diverses sociétés secrètes, et encourut de très nombreuses condamnations à la prison et à l'amende. Une lettre qu'il écrivait à M. de Genoude, de la prison de Saint-Vaast (Douai) le 20 juillet 1834, est signée, A. T. condamné à 39 mois de prison et 60,000 francs d'amendes personnelles. Il fut longtemps détenu à Sainte-Pélagie, à la Force, à la Conciergerie, utilisa ses loisirs forcés en composant des romans populaires: Toussaint le mulâtre (1834) Blanche de Saint-Simon (1835); l'Enfant de Dieu (1836); le Roi des Frenelles (1841), appartint à la rédaction de la Réforme, et salua avec joie, en 1848, l'avènement de la République.

Envoyé en qualité de commissaire dans le département du Nord, il y suivit une politique de conciliation, et fut élu, en remplacement de Lamartine, le 4 juin 1848, représentant du Nord à l'Assemblée constituante, par 48,862 voix, contre 26,774 à M. Mimerel, 11,641 à M. Ulysse Tencé et 6,479 à M. de Genoude. Il fit partie du comité de l'administration départementale, et vota généralement avec les partisans du général Cavaignac,

- pour le rétablissement du cautionnement,
- contre les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- contre le rétablissement de la contrainte par corps,
- contre l'abolition de la peine de mort,
- contre l'amendement Grévy,
- contre le droit au travail,
- contre la proposition Rateau,
- pour l'amnistie.

En novembre 1848, il avait déposé une proposition tendant à rendre inéligibles les membres des familles ayant régné sur la France. Cette proposition fut combattue à la tribune par le prince Louis-Napoléon, alors simple représentant, et d'une façon si peu heureuse, que Thouret se contenta de répondre : « Après ce que l'Assemblée vient d'entendre, et ce que la France entière lira demain, mon amendement paraît inutile, je le retire.»

Réélu, le 13 mai 1849, représentant du Nord à l'Assemblée législative, le 8e sur 24, par 92,309 voix (183,521 votants, 290,196 inscrits), M. Thouret appartint à la minorité républicaine avec laquelle il protesta et vota contre les diverses lois répressives adoptées par le pouvoir exécutif et la majorité. Il prit souvent la parole, réclama contre la substitution de la qualification de « monsieur» à celle de « citoyen » dans les comptes rendus du Moniteur et, après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, fut momentanément exclu du territoire français.

Rentré quelque temps après en France, il vécut dans la retraite jusqu'à l'époque de sa mort (1871). M. Antony Thouret était d'une corpulence telle qu'il avait fallu installer pour lui à l'Assemblée un siège de dimensions spéciales. Cet embonpoint avait aiguisé la verve des journaux satiriques de l'époque, qui le représentaient notamment sortant de prison, la mine fleurie, en disant: « J'ai tant souffert ! »