Alexandre Martin dit Albert
1815 - 1895
Membre du Gouvernement provisoire de 1848 et représentant du peuple à l'Assemblée constituante, né à Bury (Oise), le 27 mars 1815, mort à Mello (Oise) le 27 mai 1895, il était fils d'un cultivateur. Il fut placé en apprentissage chez un de ses oncles, mécanicien modeleur, et, après avoir fait son tour de France, vint à Paris, où il s'affilia aux Sociétés secrètes et se lia avec plusieurs membres du parti républicain.
En septembre 1840, il fut un des fondateurs du journal populaire mensuel l'Atelier, organisé par des ouvriers, à leurs frais. « Pour être reçu fondateur, disait l'avis placé en tête de cette feuille, il faut vivre de son travail personnel, être présenté par deux des premiers fondateurs, qui se portent garants de la moralité de l'ouvrier convié à notre oeuvre. Les hommes de lettres ne sont admis que comme correspondants. » Albert fut au nombre des rédacteurs anonymes du journal.
Quand éclata la Révolution de 1848, il prit les armes, et se battit aux Journées du 23 et du 24 février. À la fin de la lutte, le peuple ayant envahi les bureaux de la Réforme, pour désigner par acclamation les membres du nouveau gouvernement, le nom d'Albert, qui ne figurait pas tout d'abord sur la liste du journal, fut prononcé ; Louis Blanc, qui avait donné lecture du projet de liste, écrivit aussitôt le nom d'Albert, qu'il « n'avait jamais vu », a-t-il dit depuis, et qui, suivi de la qualification d'ouvrier, parut pour la première lois au bas d'une proclamation officielle.
Dans les délibérations du Gouvernement provisoire, Albert vota constamment avec Louis Blanc ; il lui fut adjoint comme vice-président de la commission de gouvernement pour les travailleurs, qui siégea au Luxembourg. Président de la commission des récompenses nationales, il fut élu le 23 avril 1848, par le département de la Seine, le 21e sur 34, avec 133 041 voix sur 399 191 inscrits et 267 888 votants. Il ne siégea que peu de jours ; le 15 mai mit fin à sa carrière parlementaire.
Ce jour-là, au moment de l'envahissement de l'Assemblée par le peuple, Albert se rendit avec Louis Blanc à l'une des fenêtres de la cour donnant sur la place de Bourgogne, et joignit ses exhortations à celles de son collègue qui s'efforçait de calmer les envahisseurs. Cette attitude fut interprétée comme un encouragement à l'insurrection ; Albert fut arrêté et conduit au fort de Vincennes. Traduit devant la Haute Cour de justice de Bourges, il en déclina la compétence, refusa de répondre aux juges et fut condamné, le 2 avril 1849, à la peine de la déportation qu'il subit à Doullens, puis à Belle-Isle-en-Mer, d'où il passa au pénitencier de Tours.
Après l'amnistie de 1859, il se fixa à Paris, accepta un modeste emploi dans l'administration de la Compagnie du gaz et cessa dès lors de jouer un rôle politique.
Cependant, après le 4 Septembre 1870, il fut nommé par le gouvernement de la Défense nationale membre de la commission des barricades, avec MM. Henri Rochefort, Jules Bastide, Schoelcher, Martin Bernard, Dréo, Floquet et Cournet.
Aux élections législatives du 8 février 1871, il figura sur quelques listes de candidats dans le département de la Seine, mais il n'obtint qu'un petit nombre de voix ; il a toujours refusé, depuis, d'accepter les candidatures qui lui ont été offertes à la Chambre ou au Sénat.
Date de mise à jour : février 2016