Louis, Gaspard, Amédée Girod de l'Ain

1781 - 1847

Informations générales
  • Né le 18 octobre 1781 à Gex ( - Généralité de Bourgogne France)
  • Décédé le 27 décembre 1847 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 1er août 1831 au 28 avril 1832

Mandat(s)

Régime politique
Cent-Jours
Législature
Chambre des représentants
Mandat
Du 14 mai 1815 au 13 juillet 1815
Département
Ain
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IVe législature
Mandat
Du 17 novembre 1827 au 16 mai 1830
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Groupe constitutionnel
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 12 juillet 1830 au 31 mai 1831
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Groupe constitutionnel
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 5 juillet 1831 au 11 octobre 1832
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Majorité gouvernementale

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant aux Cent-Jours, député de 1827 à 1832, pair de France et ministre, né à Gex (Généralité de Bourgogne) le 18 octobre 1781, mort à Paris le 27 décembre 1847, fils aîné du baron Jean-Louis Girod (V. ce nom) et de « dame Louise-Claudine-Armande Fabry, son épouse », il suivit la carrière du barreau, plaida sa première cause à l'âge de dix-sept ans devant le tribunal de cassation, et exerça la profession d'avocat jusqu'en 1806, époque à laquelle il fut nommé substitut du procureur impérial à Turin.

Devenu en 1807 procureur impérial à Alexandrie, en 1809 substitut du procureur général à la cour d'appel de Lyon, en 1810 auditeur au Conseil d'Etat, il fut appelé en 1811 à la cour impériale de Paris en qualité d'avocat général. Les événements de 1814 le trouvèrent dans ces fonctions.

Il fut de ceux dont la défection hâta la chute de Napoléon, et il signa avec Schonen et autres membres du parquet de la cour impériale le document suivant :
« Les magistrats du parquet... etc., déclarent qu'ils adhèrent purement et simplement aux actes et principes qui sont contenus dans les décrets du Sénat des 2 et 3 avril. Ils expriment en même temps leur vœu formel pour que la royauté héréditaire soit déférée à la maison de Bourbon... etc. »

Le zèle monarchique de Girod de l'Ain lui valut d'être maintenu à son poste par la première Restauration, ce qui ne l'empêcha pas d'accepter de l'empereur, pendant les Cent-Jours, la présidence du tribunal de première instance de la Seine.

Il remplit aussi le mandat législatif que lui confièrent (14 mai 1815) les électeurs de l'arrondissement de Gex par 13 voix sur 20 votants, contre 7 à M. Girod de Thoiry, fils aîné, se montra à la Chambre des représentants le zélé partisan de la cause impériale, participa à la déclaration de la Chambre, « déclaration de ses sentiments et de ses principes », et s'associa à la protestation des représentants contre la fermeture à main armée de la salle de leurs séances. Vers la même époque, il épousa Mlle Sivard de Beaulieu, petite-nièce du prince archi-trésorier Lebrun, duc de Plaisance.

La seconde Restauration destitua Girod de l'Ain, qui, rentré momentanément dans la vie privée, donna asile chez lui au général Drouot, compris dans l'ordonnance du 24 juillet, et se chargea de sa défense devant le conseil de guerre : le général fut acquitté. Bientôt la faveur ministérielle replaça Girod de l'Ain dans la magistrature, avec le rang de conseiller de la cour de Paris (1819), présidant successivement les assises de la Seine et celles de Versailles.

Le 17 novembre 1827, il fut élu député dans le 2e arrondissement d'Indre-et-Loire (Chinon), par 152 voix (298 votants, 409 inscrits), contre 73 à M. de Puységur et 56 au marquis de Lussac. Il prit une part assez active aux travaux parlementaires, siégea à gauche, dans les rangs des « constitutionnels », fut vice-président de la Chambre en 1829, soutint le ministère Martignac et vota l'adresse des 221. Réélu, le 12 juillet 1830, par 261 voix (392 votants, 458 inscrits), il se trouvait à Paris au moment de la révolution ; il ne s'associa à ses collègues que le dernier jour, pour rédiger l'adresse au duc d'Orléans. Il en proposa alors l'adoption et la publication avec une chaleur et une instance que le gouvernement de Louis-Philippe récompensa, le 1er août, par le poste de préfet de police.

Tous les vainqueurs de Juillet n'avaient pas encore déposé leurs armes ; quelques-uns d'entre eux, irrités de la tendance des députés à faire tourner la situation au profit d'une royauté nouvelle, s'émurent et convièrent le peuple à une démonstration. Cinq mille citoyens se présentèrent à la Chambre. Alors parut sur les marches du péristyle, en proie à un trouble extrême, Girod de l'Ain qui, s'adressant au chef de la troupe :
« Vous connaissez Montebello ? lui dit-il.
- Oui.
- C'était un brave, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Eh bien ! sa fille est mon gendre. »

Il obtint sa réélection comme député, le 21 octobre 1830, avec 300 voix (338 votants, 492 inscrits), contre 19 à M. Drouin-Desvarennes. Il s'efforça d'interdire les réunions de la Société des Amis du peuple et des autres associations politiques, en vertu de l'article 291 du code pénal. Mais bientôt la main de Girod de l'Ain ne parut plus au gouvernement assez ferme pour la tâche qu'on réclamait de lui, et il fut remplacé (novembre 1830) par M. Treilhard. Il passa alors au Conseil d'Etat, et reçut en même temps la croix de la Légion d'honneur.

Son mandat de député lui ayant été renouvelé le 5 juillet 1831, par 227 voix (333 votants, 538 inscrits), contre 78 à M. Cadet-Gassicourt, Girod de l'Ain fut élu, le 1er août, président de la Chambre des députés, grâce au patronage de Casimir Perier ; son concurrent était Jacques Laffitte, candidat de l'opposition. Girod de l'Ain ne l'emporta d'ailleurs qu'à une voix de majorité, et l'on fit observer que trois ministres avaient pris part au scrutin.

Son dévouement à la politique conservatrice le fit appeler, à l'issue de la session (30 avril 1832), au ministère de l'Instruction publique et des cultes, où il se fit d'ailleurs peu remarquer. « Il n'était là, lit-on dans la Biographie des hommes du jour, que pour servir les vues de Casimir Perier, et, ministre de pis-aller, il ne fit que passer à son ministère : on l'enleva à son portefeuille et on l'inhuma au Luxembourg. » En effet, Girod de l'Ain fut élevé à la dignité de pair de France le 11 octobre 1832, et nommé président du Conseil d'Etat, fonctions qu'il remplit jusqu'à sa mort, sauf une interruption de quelques semaines, durant lesquelles il reçut l'ingrate mission de faire partie du cabinet dit intérimaire de mai 1839 : il le présida en qualité de garde des Sceaux.

À la Chambre des pairs, comme précédemment à la Chambre des députés, Girod de l'Ain eut un rôle assez important. Orateur ou rapporteur, il fut mêlé notamment aux délibérations sur l'expropriation pour cause d'utilité publique, sur l'organisation du Conseil d'Etat, sur les associations, sur les attributions municipales, les caisses d'épargne, les douanes, sur la responsabilité des ministres, la garde nationale de Paris, l'organisation de l'état-major de l'armée, sur la compétence de la Cour des pairs, sur l'organisation judiciaire et pénitentiaire, sur la police, le régime des colonies, les livrets d'ouvriers, etc. Son rapport au sujet des tentatives insurrectionnelles d'avril 1834 fit du bruit et souleva les vives attaques de l'opposition démocratique. Ce rapport, présenté à la Cour des pairs le 24 novembre 1834 et jours suivants, forme la matière du premier des cinq volumes in-quarto publiés à l’imprimerie royale et qui contiennent toutes les pièces de l'instruction. Après avoir rappelé que cette instruction ne visait pas moins de deux mille inculpés, et qu'il avait fallu entendre près de quatre mille témoins, examiner plus de dix-sept mille pièces, faire parvenir à des distances éloignées les directions convenables, régler les nombreux incidents qui s'étaient présentés, coordonner les résultats des investigations, Girod de l'Ain incriminait les sociétés populaires et en particulier la Société des Droits de l'homme, tentait d'établir les preuves d'un grand complot ourdi par toute la France, reconnaissait la compétence des pairs et énumérait les charges qu'il faisait peser sur quelques centaines de personnes.

Grand-croix de la Légion d'honneur.