Charles, Guillaume Etienne

1777 - 1845

Informations générales
  • Né le 5 juin 1777 à Chamouilley ( - Généralité de Châlons en Champagne France)
  • Décédé le 13 mars 1845 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IIe législature
Mandat
Du 13 novembre 1820 au 1er mai 1822
Département
Meuse
Groupe
Gauche
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IIe législature
Mandat
Du 16 mai 1822 au 24 décembre 1823
Département
Meuse
Groupe
Gauche
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IVe législature
Mandat
Du 17 novembre 1827 au 16 mai 1830
Département
Meuse
Groupe
Gauche
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 23 juin 1830 au 31 mai 1831
Département
Meuse
Groupe
Gauche
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 5 juillet 1831 au 25 mai 1834
Département
Meuse
Groupe
Majorité ministérielle
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 21 juin 1834 au 3 octobre 1837
Département
Meuse
Groupe
Majorité ministérielle
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 4 novembre 1837 au 6 novembre 1839
Département
Meuse
Groupe
Majorité ministérielle

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1820 à 1824 et de 1827 à 1839, pair de France, né à Chamouilley (Généralité de Châlons-en-Champagne) le 5 juin 1777, mort à Paris (Seine) le 13 mars 1845, il vint à Paris en 1796, et fut d'abord employé à la rédaction de différents journaux ; mais il abandonna bientôt la presse pour le théâtre, où le poussait sa véritable vocation.

Il avait déjà fait représenter avec succès plusieurs pièces sur des scènes inférieures, quand il donna au Théâtre-Français une piquante comédie : Brueys et Palaprat. Peu de temps après le succès qu'il y remporta, il se vit appelé comme secrétaire auprès du duc de Bassano, ministre dont le crédit ne lui fut pas inutile. Etienne fut nommé, en 1810, censeur du Journal de l'Empire, à la place de Fiévée, puis chargé, en qualité de chef de la division littéraire, de la police des journaux. En 1811, il donna au Théâtre-Français une pièce nouvelle : les Deux Gendres, qui fit du bruit et ouvrit à Etienne les portes de l'Académie française à la mort de Laujon. Il reçut avis de sa nomination par un billet qui ne contenait que ce passage des Actes des apôtres : Et elegerunt Stephanum, virum plenum spiritu. Dans son discours de réception, prononcé le 7 novembre 1811, il s'attacha à montrer l'union étroite de la comédie et de l'histoire. Mais le succès des Deux Gendres se trouva mêlé de quelque amertume. « Un homme, dit la Biographie nouvelle des Contemporains, que le scandale qu'il provoqua en cette circonstance n'a pas même tiré de l'obscurité (c'était Lebrun Tossa), dénonça M. Etienne comme plagiaire, en se fondant sur ce que M. Etienne avait emprunté le sujet des Deux Gendres à un jésuite qui l'avait tiré d'un vieux fabliau. La rumeur fut grande dans la basse littérature. Les gens qui croient avoir acquis la propriété d'un sujet quand ils l'ont gâté, dénoncèrent comme plagiaire un homme qui avait embelli le fond qu'il avait emprunté. Ils firent imprimer et même jouer Conaxa (la pièce du jésuite). Dès lors, leurs traits retournèrent contre eux-mêmes. Le public ayant sous les yeux les pièces du procès, n'hésita pas à se prononcer en faveur de M. Etienne ; le larcin dont on l'accusait est de ceux qu'il y a intérêt à encourager... » Etienne, d'ailleurs, ne tarda, pas à prouver la réalité et l'originalité de son talent en faisant représenter, toujours au Théâtre-Français : l'Intrigante, comédie en cinq actes, qui réussit pleinement dès la première représentation. Elle ne fut pourtant jouée que onze fois. La pièce ayant été représentée au château des Tuileries, l'Empereur se trouva choqué de plusieurs vers, particulièrement de ceux-ci :

LE COURTISAN. Monsieur, je sers le prince.

LE MILITAIRE. Et moi, je le défends.

LE NEGOCIANT Je suis sujet du prince et roi dans ma famille.

Une interdiction fut lancée contre l'Intrigante, qui n'en obtint que plus de faveur ; chacun voulut la lire, et les exemplaires s'enlevèrent à un prix très élevé.

En 1814, le gouvernement de la Restauration rapporta l'interdiction; mais l'auteur ne crut pas devoir profiter de cette mesure bienveillante : il publia les causes de son refus dans une lettre à l'ancien Journal de l'Empire, où il s'exprimait ainsi : « Quand ces mots : Défendu sous tel ou tel régime, cesseront d'avoir de l'influence; quand les ouvrages seront jugés indépendamment de toute circonstance politique, peut-être me déciderai-je à remettre l'Intrigante sous les yeux du public ; mais jusque-là je garderai soigneusement cet ouvrage dans mon portefeuille, parce que je serais au désespoir de donner lieu, par ma faute, à des réflexions désobligeantes pour ceux dont j'ai reçu les bienfaits. La défense d'une comédie n'est pas un malheur pour un auteur; mais l'ingratitude est un malheur pour tout le monde. »

Le retour de Napoléon rendit à Etienne les places qu'il avait perdues sous la première Restauration : ce fut le poète qui, le 4 avril 1815, en sa qualité de président de l'Institut, se trouva chargé de féliciter l'Empereur au nom de ce corps ; il ne négligea pas de faire connaître dans son discours le vœu de l'opinion en faveur de la liberté de la presse.

La seconde Restauration le dépouilla de nouveau de ses titres, et le raya de la liste des membres de l'Institut (1816) ; il fut même noté par le Moniteur pour la proscription, à laquelle, toutefois, il échappa.

Etienne rentra alors dans la vie privée, et donna à la Minerve française une série de « Lettres sur Paris », qui constitue une piquante histoire des intrigues de cour de 1818 à 1820 : ces lettres et le vif succès qu'elles obtinrent déterminèrent, le 13 novembre 1820, les libéraux du collège de département de la Meuse à choisir Etienne pour député : élu par 78 voix, 142 votants et 162 inscrits, il prit place dans l'opposition constitutionnelle, fut réélu le 16 mai 1822, par 84 voix sur 140 votants et 164 inscrits, continua de voter avec le côté gauche, et sortit de la Chambre en 1824 pour y rentrer le 17 novembre 1827, comme représentant du 1er arrondissement de la Meuse (Bar-le-Duc), qui lui donna 125 suffrages sur 154 votants et 227 inscrits. Lors de la discussion du budget, en 1828, M. Etienne signala « comme la principale plaie de la nation, cette fureur de places et d'emplois salariés, source permanente de corruption qui faisait fermenter dans tous les rangs l'envie, la délation, toutes les passions viles, en ruinant le Trésor ».

Il fut l'adversaire du ministère de Polignac, fut membre de la commission et le principal rédacteur de l'adresse des 221, et applaudit à la révolution de 1830 : il venait alors d'être réélu député (23 juin) par 127 voix (158 votants, 229 inscrits).

Après l'établissement de la monarchie de Louis-Philippe, il soutint le gouvernement, et obtint successivement sa réélection :
- le 5 juillet 1831, dans le 2e collège de la Meuse (Commercy), par 133 voix sur 161 votants et 229 inscrits ;
- le 21 juin 1834, par 136 voix sur 163 votants et 230 inscrits, contre 18 à M. Bazoche ;
- le 4 novembre 1837, par 133 voix sur 178 votants et 269 inscrits ;
- et le 2 mars 1839, par 151 voix sur 227 votants, contre 39 à M. Hast et 32 à M. Doublet.

Durant cette période, il opina le plus souvent avec les ministres; toutefois, il se rapprocha du centre gauche lors de la chute de Thiers et entra dans la coalition contre le ministère Molé. Une biographie parlementaire de 1839 le félicite ironiquement de « posséder au plus haut degré l'art heureux de parler sans rien dire ; aussi, ajoute-t-elle, est-ce lui qui est presque toujours chargé de rédiger les adresses au roi. On doit dire qu'il s'acquitte à merveille de cette mission, et que ses formules, académiquement équivoques, ont souvent défié la pénétration la plus subtile. »

M. Etienne fut l'un des vice-présidents de la Chambre.

Nommé pair de France le 7 novembre 1839, il termina au Luxembourg sa carrière parlementaire. Il a joué sous la Restauration, comme écrivain de l'opposition, rédacteur de plusieurs journaux et co-propriétaire fondateur du Constitutionnel, un rôle important.

On a de lui, comme auteur dramatique, un grand nombre de pièces comiques, dont le succès fut presque toujours très vif :
- Les plaideurs sans procès, comédie (1822) ;
- les Dieux à Tivoli, ou l'Ascension de l'Olympe, « arlequinade impromptu » (1800) ;
- la Vente après décès ou Rembrandt, vaudeville (1801) ;
- le Nouveau réveil d'Epiménide comédie (1806) ;
- Cendrillon, opéra comique (1810) ;
- Joconde, opéra comique (1814) ;
- Jeannot et Colin, opéra comique (1814), etc., etc.

Etienne est aussi l'auteur d'une Histoire du Théâtre-Français (1802, 4 volumes.)