François, Louis Bourdon de l'Oise
1758 - 1798
Membre de la Convention et député au Conseil des Cinq-Cents, né à Rouy-le-Petit (Généralité d'Amiens), le 11 janvier 1758, mort à Sinnamary (Guyane), le 22 juin 1798, il était né « de légitime mariage, fils de Robert Bourdon, receveur des Grand et Petit Rouy et de Marguerite Maurise ».
Ancien procureur au Parlement de Paris, il profita de la Révolution pour entrer dans la politique, et se signala dès le début par une violence qui chez lui n'excluait pas la dissimulation. Il se battit, le 10 août, à l'attaque des Tuileries; quelques jours après, dans une séance de la Convention, il demanda que les blessés de cette journée fussent présents quand le roi comparaîtrait. La manière dont il entra à l'Assemblée, d'après un de ses biographes, ne lui ferait pas honneur. Son concurrent, Léonard Bourdon de la Cronière (V. ce nom), ayant été nommé tout à la fois par le collège électoral de l'Oise et par celui du Loiret, opta pour ce dernier département ; François-Louis Bourdon, candidat de l'Oise, profita de la similitude du nom (sans être de la même famille), pour se présenter à la Convention où il fut admis sans réclamation.
Bourdon (de l'Oise) vota la mort du roi, se prononça contre le sursis et contre l'appel, et voua à toute la colère du peuple les députés qui parleraient en sens contraire.
Il prit une grande part à la révolution du 31 mai 1793, défendit chaudement à plusieurs reprises le régime révolutionnaire, fit maintes sorties contre le côté droit, attaqua les « bureaucrates », les journalistes, accusa les monts-de-piété d'usure, demanda la suppression des ministres, dénonça Lavallette, Dufraisse, Hérault de Séchelles, Payne, Daubigny, Dentzel, Dalbarade, Mogue, Gaudin, Héron et beaucoup d'autres, et poursuivit Bouchotte des plus violentes accusations, ce qui le mit mal avec Robespierre. Il se déclara aussi l'adversaire acharné de Grégoire, à qui il reprochait de vouloir « christianiser » la Révolution, et obtint l'arrestation des fermiers généraux qui furent traduits au tribunal révolutionnaire et exécutés.
Puis brusquement, il se fit un des plus ardents champions de la réaction, fut bientôt déclaré traître à la patrie par les Sociétés des Droits de l'homme et des Cordeliers, se posa en ennemi implacable des clubs révolutionnaires et en protecteur des prêtres et des nobles. Se réunissant à Tallien, Legendre, Léonard Bourdon et Lecointre, il joua un rôle actif dans les événements de Thermidor, s'opposa, le 8, à l'impression de la défense présentée par Robespierre en disant : « Ce discours contient des matières assez graves pour être examinées ; il peut y avoir des erreurs comme des vérités, et il est de la prudence de la Convention de le renvoyer à l'examen des deux comités de salut public et de sûreté générale. »
Le 9 thermidor au soir, il monta à la tribune pour déclarer que « la commune de Paris s'était liguée avec les Jacobins pour opérer une insurrection ».
Au mois de décembre 1794, il opina pour le rapport de la loi qui ordonnait aux ex-nobles de se tenir éloignés de Paris et provoqua celle qui portait que les biens des pères et mères d'émigrés seraient confisqués au profit de la nation. Adversaire acharné des derniers Montagnards, il les poursuivit de sa haine, coopéra, en prairial an III, à l'arrestation des représentants Duroy, Duquesnoy et autres, et dénonça surtout Goujon. Revenant sur des accusations maintes fois portées par lui à la tribune de la Convention, il demanda un rapport sur Pache et sur Bouchotte, dénonça encore Panis et Santerre, réclama la mise hors la loi de Charbonnier, s'opposa à la traduction des accusés de prairial devant le tribunal criminel de la Seine :
« Je dis moi, s'écria-t-il à la séance du 10 prairial, que la Convention a laissé échapper le seul moyen qu'elle avait de s'assurer qu'une pareille rébellion ne se renouvellerait plus. Il fallait que, le lendemain du jour de cette scène sanglante, on lût au milieu d'un bataillon carré, formé sur la place du Palais-National, le procès-verbal de cette soirée de crimes, et que ceux qui les avaient commis fussent fusillés sur le champ... Savez-vous ce qui, depuis le 9 thermidor, a ranimé l'audace de cette minorité factieuse, qui vous fatiguait et vous insultait sans cesse ? C'est la faiblesse que vous avez eue de ne prendre que des demi-mesures. Suivez encore la même marche et tout sera perdu. Quoi ! vous craindriez d'être fermes lorsque la dignité du peuple français a été violée, lorsqu'on a attenté à la vie de ses représentants, lorsque l'un d'eux est tombé sous le fer assassin ! Eh ! pour quels crimes, grands dieux, réservez-vous donc votre sévérité ? ... »
Bourdon (de l'Oise) demanda la déportation même de ses anciens alliés du 9 thermidor, tels que Billaud-Varennes, Collot d'Herbois et Barère.
Il fut du nombre des conventionnels qui entrèrent, le 4 brumaire an IV, au Conseil des Cinq-Cents. Se rangeant toujours du côté du plus fort, il s'enrôla sous la bannière des Clichyens, et fut un des plus mortels ennemis de tout ce qui avait été républicain. Il était devenu fort riche en spéculant sur les assignats et les biens nationaux, et ce changement de position, qui avait déjà été une des causes de l'éloignement de Robespierre et de Saint-Just, contribua aussi à le pousser vers les conservateurs royalistes. Aussi le Directoire, qui avait à se venger de lui, l'inscrivit-il, au lendemain du 18 fructidor, sur la liste des déportes embarqués pour Cayenne.
Il mourut peu de temps après son arrivée à Sinnamary.
Date de mise à jour: août 2017