Pierre, François, Joachim Henry-Larivière
1761 - 1838
- Informations générales
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- Né le 6 décembre 1761 à Falaise ( - Généralité d'Alençon - France)
- Décédé le 2 novembre 1838 à Paris (Seine - France)
1761 - 1838
Député à l'Assemblée législative de 1791, membre de la Convention, député au Conseil des Cinq-Cents, né à Falaise (Généralité d'Alençon, France) le 6 décembre 1761, mort à Paris (Seine) le 2 novembre 1838, fils d'un hôtelier de Falaise, homme de loi et avocat dans sa ville natale, il adopta, au début, les idées de la Révolution.
Il fut élu, le 7 septembre 1791, député du Calvados à l'Assemblée législative, le 4e sur 13, par 336 voix (509 votants). Lié avec les membres du parti de la Gironde, il demanda, dès les premiers temps de la session, qu'on exerçât des poursuites sévères contre les principaux auteurs d'un mouvement royaliste qui s'était produit en Normandie. En mars 1792, il attaqua vivement le ministère et appuya la motion de Brissot, tendant à la mise en accusation de de Lessart, ministre des Affaires étrangères. Henry-Larivière fut un des plus ardents à réclamer la déclaration de guerre à l'Autriche. Il se prononça pour qu'il fût donné communication au garde des Sceaux, Duport-Dutertre, des pièces et des chefs d'accusation présentés contre lui. Des soldats suisses ayant maltraité dans le jardin des Tuileries plusieurs citoyens qui se livraient à des manifestations hostiles contre le roi et la reine, il dénonça à l'Assemblée la conduite des soldats. Un autre jour, il combattit la motion de Jean Debry sur l'organisation d'une légion tyrannicide de douze cents hommes. Ses principes de liberté absolue en matière religieuse le conduisirent à demander, le 26 mai, que les prêtres ne fussent point soumis au serment : il s'appuya, pour motiver cette théorie, sur l'autorité de Rousseau, dont il cita le Contrat social avec enthousiasme.
Réélu, le 5 septembre 1792, membre de la Convention par le Calvados, le 4e sur 13, avec 517 voix (632 votants), Henry-Larivière parut bientôt effrayé des progrès de la Révolution qu'il avait d'abord servie. Dès la première séance, il qualifia d'usurpateur le pouvoir de la Commune, et, un peu plus tard, il fit décider que son président serait mandé à la barre de l'Assemblée pour rendre compte de sa conduite. Le 24 septembre, il appuya la proposition du serment de haine à la royauté et déclara « qu'il ne souffrirait jamais qu'un monarque français ou étranger souillât la terre de liberté ».
Henry-Larivière fut un des commissaires chargés d'examiner les pièces trouvées aux Tuileries dans l'armoire de fer. Dans son rapport, il signala spécialement, en lisant une des pièces, Lameth et Barnave comme dévoués à la royauté. Ces deux anciens députés furent décrétés d'accusation ; mais, lorsque le décret fut présenté, Henry-Larivière chercha à atténuer la déclaration qu'il avait faite. Il ne tarda pas, d'ailleurs, à se déclarer contre la Montagne. Dans le procès du roi, il répondit, sur la question de l'appel au peuple :
« Je déclare qu'ayant participé au décret qui porte que Louis sera jugé, mais non à l'amendement qui a décidé qu'il le serait par vous, je ne puis prononcer dans une affaire ou je cumulerais tous les pouvoirs. Je déclare ne pouvoir voter que le renvoi au souverain. »
Sur la peine à infliger à Louis XVI, il dit (3e appel nominal) :
« Ce ne peut être par humanité qu'on épargne un coupable. La pitié pour les scélérats est une cruauté envers les gens de bien. Je n'ai jamais douté que Louis ne fût un grand criminel, et, si je ne l'ai pas ainsi prononcé sur le fait, c'est parce qu'il m'a paru injuste d'être tout à la fois législateur et juré. Mais à présent qu'il s'agit d'employer contre Louis une mesure politique, et que je puis comme législateur prononcer sur son sort, je déclare en cette qualité, et d'après ma conscience, qui m'élève au-dessus de tous les dangers, que l'intérêt de la patrie exige que Louis soit détenu pendant la guerre et exilé à la paix. »
Après la condamnation à mort, il opina pour le sursis, et se rattacha de plus en plus étroitement aux Girondins.
Nommé, le 18 mars 1793, membre de la fameuse commission des Douze, chargée de vérifier les actes de la Commune, et qui prit contre plusieurs révolutionnaires des mesures de rigueur, il se vit en butte au ressentiment et aux attaques des représentants de la Montagne.
Lorsque, à la séance du 27 mai, le rapport du ministre de l'Intérieur, Garat, et le discours du maire de Paris, Pache, eurent donné le signal des récriminations contre le pouvoir extraordinaire dont la commission se trouvait investie, Henry-Larivière tenta de défendre ses collègues et s'écria :
« Vous ne pouvez refuser d'entendre la commission des Douze. Vous l'accusez de tyrannie ; mais c'est vous qui exercez un despotisme abominable en ne voulant entendre aucun des défenseurs de la commission ! Il faut lever la séance ou m'entendre. »
Mais la commission fut dissoute et les Jacobins vainqueurs firent, le 2 juin, décréter d'acusation Henry-Larivière, qui fut arrêté à son domicile. Toutefois, il trompa la vigilance de ses surveillants, se sauva dans le Calvados, où il fit tous ses efforts pour susciter un mouvement insurrectionnel contre l'Assemblée, et fut, en raison de ces menées, mis hors la loi par la Convention. Il parvint encore à se soustraire aux poursuites, continua de conspirer, et, après la chute de Robespierre, sollicita et obtint sa réintégration comme député.
Rentré à la Convention le 8 mars 1795, « il y apporta, dit la Biographie universelle et portative des contemporains, une soif infatigable de vengeance, » et devint l'un des plus ardents auxiliaires de la réaction. Il ne se borna pas à dénoncer les membres des anciens comités ; il voulut envelopper dans une même proscription Carnot, Robert Lindet et d'autres. Secrétaire de l'Assemblée, puis membre du comité de salut public, il se rendit un moment suspect par certaines motions trop ouvertement contre-révolutionnaires; mais son ressentiment trouva un ample dédommagement dans l'insurrection du 1er prairial ; il eut une part active à la chute et à l'exécution des derniers représentants de la Montagne.
Compromis à son tour dans la conspiration royaliste de Lemaître, il parvint à convaincre la Convention de la sincérité de son républicanisme, et passa, le 22 vendémiaire an IV, au Conseil des Cinq-Cents, où le Calvados l'élut par 183 voix (335 votants). Il fut également élu dans 62 autres départements. Il y redoubla de violence contre les Jacobins, ne perdit aucune occasion de battre en brèche les institutions républicaines, et devint un des principaux chefs du parti des clichiens. Chargé de plusieurs rapports sur les finances et les colonies, il combattit les mesures proposées par le Directoire, se déclara le protecteur et le champion de la Villeheurnais, et désigna Garat sous le nom de Garat-Septembre, pour rappeler que cet ancien ministre avait présenté les massacres de 1792 comme le résultat de notre situation politique et non comme l'œuvre de quelques scélérats.
Irrévocablement lié aux meneurs du parti royaliste, il appuya tous les projets de Pichegru, et fut placé en conséquence, un des premiers, sur la liste des proscrits du 18 fructidor. Une fois de plus, il échappa aux recherches de la police, et se réfugia à l'étranger, où il servit la cause monarchique par des intrigues qui firent naître depuis un bruyant débat entre lui et Fauche-Borel, relativement à l'emploi de certaines sommes dont quelques agents des Bourbons auraient changé la destination primitive.
Rentré en France en 1814 avec la famille royale, Henry-Larivière fut nommé, le 3 mars 1815, avocat général à la Cour de cassation.
En novembre 1818, il fut appelé aux fonctions de conseiller à la même cour.
Après la révolution de 1830, ayant refusé de prêter serment au nouveau roi, il se retira d'abord à Londres, ensuite à Nice.
En 1837, ses affaires le rappelèrent à Paris, où il mourut l'année suivante.