Jean, Gérard Lacuée de Cessac
1752 - 1841
Député en 1791 et au Conseil des Anciens, pair de France, né à Lamassas, commune de Hautefage-la-Tour (Généralité de Bordeaux, France) le 4 novembre 1752, mort à Paris (Seine) le 14 juin 1841, il fit ses études au collège d'Agen, alla à Montargis comme élève de l'Ecole d'artillerie, et, après un duel qui le priva pendant quelques mois de l'usage du bras droit, se décida (1770) à entrer dans l'infanterie comme cadet, au régiment de Dauphin-infanterie.
Sous-lieutenant en 1772, lieutenant en 1778, capitaine en 1785, il se fit remarquer comme écrivain militaire, par la publication d'un Guide de l'officier en campagne (1786), qui fut très apprécié, et composa l'Art militaire pour l'Encyclopédie méthodique. Ce dernier ouvrage lui valut la protection du maréchal de Broglie, qui le nomma officier instructeur des cadets gentilshommes à Metz. De 1784 à 1789, il travailla aussi à des Mémoires où il exposait ses idées sur l'armée, en critiquait les abus, et se déclarait partisan des réformes. Aussi, lors de la réunion des états généraux, fut-il appelé à Paris et devint-il, peu après, membre de la commission militaire instituée près la Constituante. En 1790, comme commissaire du roi, il eut à présider à l'organisation du nouveau département du Lot-et-Garonne, devint procureur général syndic de ce département, et parvint à y calmer, par son énergie et sa bienveillance, l'effervescence des esprits.
Elu, le 1er septembre 1791, député du Lot-et-Garonne à l'Assemblée législative, le 2e sur 9, par 164 voix (314 votants), il s'occupa principalement de questions intéressant l'armée, attaqua Dumouriez, l'accusa d'insuffisance ou de trahison, et fit partie du comité militaire. Ses idées sur l'organisation de l'armée et l'activité dont il avait fait preuve lui valurent de remplacer, après le 10 août, Servan au ministère de la Guerre, en qualité d'intérimaire. C'est d'après ses ordres que Kellermann fit sa jonction avec Dumouriez et décida du succès de Valmy. Quelques jours plus tard, il était nommé commissaire général, chargé de la défense des frontières d'Espagne.
Général de brigade au mois de février 1793, il fut accusé de fédéralisme et traduit devant le comité de salut public. Il put échapper aux poursuites, et, après le 9 thermidor, fut rappelé à l'activité et nommé général de brigade à l'armée des Pyrénées-Orientales. Mais, de Toulouse, il répondit qu'une position active lui convenait peu actuellement (il ne pouvait alors se tenir à cheval), et demanda (13 messidor an III) à être employé dans des fonctions « où la méditation aurait plus de part ». Mandé alors à Paris, il fut attaché à la direction des affaires militaires près le comité de salut public. Il ne garda pas longtemps ces fonctions, et refusa, au 13 vendémiaire, le commandement des troupes que la Convention voulait envoyer contre les sections révoltées.
Elu, le 24 vendémiaire an IV, député du Lot-et-Garonne au Conseil des Anciens, par 197 voix (307 votants), et réélu le 27 germinal an VII, il défendit Carnot contre ses accusateurs. Depuis le 9 frimaire an IV, il était membre de l'Institut, classe des sciences morales et politiques.
Partisan du 18 brumaire, il fut nommé, le 4 nivôse an VIII, membre du nouveau Conseil d'Etat, et deux fois chargé, par intérim, du ministère de la Guerre ; le premier consul n'eut qu'à se louer de son esprit organisateur et méthodique. Le 30 frimaire an IX, il avait refusé d'être titulaire de ces hautes fonctions : « Il y a, écrivait-il à cette occasion à Petiet (Voy. ce nom), dans le génie du premier consul, une supériorité de vues et une suite d'opinions telle qu'on ne peut espérer de le satisfaire. Il faudrait être lui pour être son ministre à son gré, et j'avoue que je ne le suis pas; ou bien il faudrait renoncer à être soi, et j'avoue que ce n'est point dans mes principes. »
Membre de la Légion d'honneur (9 vendémiaire an XII), grand-officier (25 prairial), gouverneur de l'Ecole polytechnique (2 thermidor), membre, à la réorganisation de l'Institut, de la classe de langue et littérature françaises, il fut encore nommé général de division, inspecteur général aux revues (1806) ministre d'Etat (1807), comte de Cessac (26 avril 1808), grand aigle de la Légion d'honneur (2 février 1809), enfin ministre de l'administration de la guerre en 1810. Dans le conseil, il vota pour un mariage avec une princesse russe, contre le mariage avec Marie-Louise, et contre la guerre avec la Russie en 1812.
Sorti du ministère en 1813, il reprit la présidence de la section de la guerre au Conseil d'Etat, suivit Marie-Louise en 1814 à Blois, et ne la quitta qu'après l'abdication de l'empereur.
Inspecteur général d'infanterie à la première Restauration, il publia à Angers une proclamation de dévouement aux Bourbons, se retira à la campagne pendant les Cent Jours, mais, desservi près du roi, fut mis à l'écart par la seconde Restauration. Il s'en plaignit, et écrivit, le 22 août 1815, à Fouché, alors tout-puissant, pour demander d'entrer à la Chambre des pairs en récompense de ses 46 ans de service. Cette faveur lui ayant été refusée, il s'occupa alors d'agriculture, de littérature et d'art.
Après la révolution de Juillet, il fut nommé pair de France, le 19 novembre 1831, mais ne prit qu'une part peu active aux délibérations de la Haute assemblée.
On le vit encore, à 88 ans, debout et tête nue, en plein froid de décembre, saluer aux Invalides le retour des cendres de l'empereur.
Il mourut peu de mois après.
Outre les ouvrages déjà cités, on a de lui, en collaboration avec Servan : Projet de constitution pour l'armée des Français (1789).