François, Xavier, Marc, Antoine de Montesquiou-Fezensac
1756 - 1832
Député en 1789, pair de France, ministre, député en 1815, né au château de Marsan (Généralité de Pau et Auch) le 13 août 1756, mort au château de Cirey-sur-Blaise (Haute-Marne) le 6 février 1832, il entra dans les ordres, obtint en 1782 l'abbaye de Beaulieu, prés de Langres, et, en 1786, une autre abbaye de Beaulieu, près du Mans, d'un revenu total de 15 000 livres.
Agent du clergé en 1785, il fut élu, le 30 avril 1789, député du clergé aux états généraux par la ville de Paris, fit partie du comité ecclésiastique et du comité des rapports, s'opposa à la suppression de la dîme, mais se mêla peu aux discussions bruyantes et passionnées, préférant faire entendre, aux moments de calme, avec une suprême courtoisie, les avis qu'il croyait utiles : Mirabeau l'appelait « petit serpent enjôleur ».
À l'ouverture des états généraux, il adhéra aux décisions de la minorité de son ordre, refusa la réunion des trois ordres et le vote par tête, vota toujours avec les partisans de l'ancien régime, et signa, le 12 septembre 1791, la protestation contre la constitution soumise à l'approbation du roi.
Deux fois président de l'Assemblée, en janvier et en février 1790, il s'éleva contre le droit que s'arrogeait l'Assemblée de délier les religieux de leurs vœux, se prononça, sur la question du droit de paix et de guerre, en faveur du roi, et attaqua, en répondant à Mirabeau, la constitution civile du clergé.
Familier des Tuileries, il émigra en Angleterre après le 10 août, et ne rentra en France qu'après le 9 thermidor. Il fut alors, avec Royer-Collard, Becquey, Clermont-Gallerande et Quatremère de Quincy, membre du comité royaliste à Paris, qui resta en correspondance suivie avec Louis XVIII.
Ce fut l'abbé de Montesquiou qui fut chargé de porter au premier Consul la lettre par laquelle Louis XVIII conviait Bonaparte au rôle de Monk. Bonaparte n'en garda pas rancune à l'abbé, mais ce dernier, ayant renouvelé sa démarche, fut exilé à Menton, où il ne fut pas inquiété.
Son entrée dans le gouvernement provisoire, en 1814, fit prévoir à tous la solution monarchique qui se préparait. Il fut l'un des commissaires chargés de rédiger le projet de charte constitutionnelle à soumettre au roi : il lutta tant qu'il put contre l'expression du rappel des Bourbons par le vœu national, et conseilla au roi, dans sa correspondance particulière, de repousser la constitution proposée, et de proclamer le droit public de la vieille France.
Membre du conseil d'Etat provisoire le 26 avril 1814, il accepta à regret le portefeuille de l'Intérieur, le 13 mai suivant, et exerça ces fonctions jusqu'au 19 mars 1815, avec une bienveillance pour les personnes, dont se louèrent les fonctionnaires de l'Empire, qui furent pour la plupart maintenus. Il eut assez de peine à faire voter (21 octobre) son projet de loi sur la presse, plein de menaces et de restrictions : il tenta aussi la réforme de l'organisation de l'instruction publique, qui était dans les attributions de son ministère ; il proposait la création d'universités dans les principales villes, d'une école normale supérieure et d'un conseil royal où entrèrent Beausset, Delambre, de Bonald, Cuvier et Royer-Collard.
Pendant les Cent-Jours, il se retira en Angleterre et refusa dignement les 100 000 francs d'indemnité offerts par Louis XVIII à chacun de ses ministres.
À la seconde Restauration, il eut le titre de ministre d'Etat avec 20 000 francs de pension, fut nommé pair de France le 17 août 1815, et fut élu, cinq jours après (22 août) député du collège de département du Gers, par 137 voix (204 votants, 272 inscrits). Il opta pour la Chambre des pairs, fut nommé d'office par Louis XVIII, le 21 mars 1816, membre de l'Académie française, où il ne parut pas, et élu membre de l'Académie des inscriptions, le 12 août de la même année.
Créé comte par ordonnance du 12 septembre 1817, puis duc en 1821, il fut autorisé à transmettre la pairie à son neveu, Raymond de Montesquiou, maréchal-de-camp.
Le 22 novembre 1818, il écrivait à Madame de Fontanges : « Il faut arrêter les progrès des libéraux, car il est bien prouvé, pour tous les gens raisonnables, que les assemblées ne seront jamais qu'un grand moyen de désordre. »
Il continua de siéger à la Chambre haute sous le gouvernement de Juillet ; mais il donna sa démission, avec quelques-uns de ses collègues, le 9 janvier 1832, et mourut un mois après.
Il a laissé en manuscrit une Histoire de Louis XV, une Histoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette et quelques essais historiques.