Jean-Baptiste Drouet
1763 - 1824
- Informations générales
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- Né le 8 janvier 1763 à Sainte-Ménehould ( - Généralité de Châlons en Champagne France)
- Décédé le 11 avril 1824 à Mâcon (Saône-et-Loire - France)
1763 - 1824
Membre de la Convention, député aux Cinq Cents, représentant aux Cent Jours, né à Sainte-Ménehould (Généralité de Châlons en Champagne) le 8 janvier 1763, mort à Mâcon (Saône-et-Loire) le 11 avril 1824, il était fils du maître de poste de Sainte-Ménehould.
Engagé, à dix-huit ans, dans le régiment des dragons de Condé, il quitta le service au bout de sept ans, pour diriger la maison de poste de son père, et se montra partisan enthousiaste des idées de la Révolution. Le 21 juin 1791, deux voitures, précédées de deux courriers, s'arrêtaient devant sa porte. Drouet fut frappé de la ressemblance d'un des personnages avec l'effigie de Louis XVI reproduite sur les monnaies et sur les assignats. Il fournit les chevaux qui avaient été retenus à l'avance, puis il fit part de sa remarque aux officiers municipaux, sauta à cheval, échappa à un homme de l'escorte qui se mit à sa poursuite, et, par des sentiers de traverse, arriva à Varennes avant les voitures. Il prévint la municipalité, fit barricader un pont et, au moment ou les voitures arrivaient devant l'auberge du Bras d'Or, les fit entourer et demanda les passeports. Les détails de l'arrestation de la famille royale n'ont pas à prendre place ici, le rôle principal appartenant, à partir de ce moment, au procureur de la commune de Varennes, Sauce. Drouet suivit à Paris le retour du roi, et vint à la barre de l'Assemblée, le 24 juin, raconter lui-même l'arrestation. Le 18 août, l'Assemblée lui vota une récompense de 30,000 livres. Il refusa l'argent, et fut élu, en septembre, par son département député suppléant à l'Assemblée législative, où il ne fut pas appelé à siéger. Le 20 novembre 1791, il parut à la barre de l'Assemblée pour solliciter une place dans la gendarmerie nationale de son département. Cette demande fut renvoyée au pouvoir exécutif, qui n'y donna pas suite.
Le 3 septembre 1792, il fut élu membre de la Convention par le département de la Marne, le 7e sur 10, avec 135 voix sur 201 votants. Il prit place à la Montagne, et fit partie du Comité de Salut public. Le 11 décembre 1792, parlant de la fuite de Louis XVI, il dit : « Louis XVI en a imposé à la nation, lorsqu'il a dit qu'il allait à Montmédy. Il devait se rendre à l'abbaye d'Orval, où il devait souper avec les princes, ses frères. A Varennes, il pria les citoyens de l'escorter jusqu'à Montmedy, disant qu'il ne voulait pas aller plus loin. Il savait bien qu'à deux lieues au delà de Varennes, il était attendu par un détachement de hussards allemands, à la merci desquels il voulait nous livrer. » Dans le procès du roi, Drouet vota contre l'appel au peuple et contre le sursis, et répondit au 3e appel nominal: « Louis a conspiré contre l'Etat; par une suite de ses trahisons, il a fait couler à grands flots le sang des citoyens. Il a ouvert les portes du royaume aux ennemis, qui ont apporté la misère et la mort dans mon pays. Tant d'outrages faites à la nation, qui le comblait de ses bienfaits, ne peut se laver que dans le sang. Je le condamne à mort. »
Il fut un des plus ardents accusateurs des Girondins, demanda (20 avril 1793) l'impression de la correspondance de Gensonné avec Dumouriez; exposa (14 juin) les manœuvres de Henri Larivière et de Gorsas dans le Calvados; fit décréter (8 juillet) l'envoi d'arquebuses aux armées, et, le même jour, proposa de déclarer Vergniaud traître à la patrie; réclama (20 juillet) des mesures contre les agioteurs : « Je demande, dit-il, que les Anglais non naturalisés, et qui agiotent sur les denrées, soient tenus de sortir de Paris dans les 24 heures, et de la République sous trois jours. » Il dénonça (25 juillet) les manœuvres ourdies pour faire préférer les assignats à face royale; demanda (4 septembre) la formation d'une armée révolutionnaire : « Soyons brigands, s'écria-t-il, puisqu'il le faut, pour le bonheur du peuple. » Dans la même séance, il déclara que le moment était venu d'agir avec la dernière énergie : « Vous avez ordonné, dit-il, que les gens suspects seraient arrêtés. Je voudrais que vous déclarassiez à ces hommes coupables que si par impossible la liberté était en péril, vous les massacreriez impitoyablement; que vous ne rendrez aux tyrans la terre de la liberté que couverte de cadavres. Faites cette déclaration solennelle : que les suspects répondront sur leur tête des malheurs de l'Etat. » La motion fut ajournée.
Le 9 septembre, Drouet fut envoyé en mission à l'armée du Nord. Il partit avec le général Chancel pour le camp de Maubeuge, et s'enferma dans la ville, investie, le 29, par le prince de Cobourg. Ayant essayé de sortir de la ville avec une escorte de dragons, il fut pris par les hussards autrichiens de Blankenstein, (6 vendémiaire an II). Ses dragons le dénoncèrent comme étant le maître de poste de Sainte-Ménehould. Drouet ne le nia pas. On le transporta à la forteresse de Luxembourg et de là à la forteresse du Spielberg. Il tenta de s'évader (6 juillet 1794) à l'aide d'un parachute fait avec ses draps de lit; mais il tomba, se foula le pied, et fut réintégré dans sa prison, pour être échangé (décembre 1795), en même temps que les conventionnels livrés par Dumouriez aux Autrichiens, contre la fille de Louis XVI, encore prisonnière au Temple. Au mois de septembre précédent (2 fructidor an III) la Convention avait adopté une proposition de Monnel ainsi conçue, et relative aux conventionnels alors prisonniers à l'ennemi : « Je demande qu'ils soient de droit membres du Corps législatif : ils ont été pris par les ennemis comme représentants du peuple; ils doivent sortir de leurs fers revêtus du même caractère. »
Rendu à la liberté, Drouet reçut du Conseil des Cinq Cents un accueil enthousiaste. Le 23 nivôse an IV, il fit à la tribune le récit de sa captivité : l'Assemblée déclara qu'il avait bien mérité de la patrie, et le nomma secrétaire le 3 pluviôse suivant. Peu après, Drouet ayant soutenu dans le journal le Point du jour les doctrines de Babeuf, fut arrêté comme complice de la conspiration, et enfermé à l'Abbaye (prairial an IV). On facilita son évasion dans la nuit du 29 thermidor, avant la comparution des accusés devant la Haute Cour de Vendôme. Il gagna la Suisse, puis s'embarqua pour les Indes. Ayant relâché aux Canaries, il combattit avec les habitants, attaqués par la flotte anglaise de l'amiral Nelson, et obligea ce dernier à se retirer. Là, il apprit qu'il avait été acquitté par la Haute Cour. Il revint alors en France, peu après le 18 fructidor, et fut nommé commissaire du Directoire exécutif dans la Marne.
L'adhésion qu'il donna au coup d'Etat de brumaire lui valut le poste de sous-préfet de Sainte-Ménehould, qu'il occupa pendant la durée de l'Empire. Il fut fait chevalier de la Légion d'honneur le 7 août 1807.
Révoqué par les Bourbons, il fut élu le 10 mai 1815 représentant à la Chambre des Cent Jours. A la seconde Restauration, la loi du 12 janvier 1816 l'envoya en exil. Il y resta peu, rentra bientôt secrètement en France, et, sous le nom de Merger, se fixa à Mâcon, où il vécut dans l'isolement et dans la piété. On fut très surpris d'apprendre alors que le tranquille et pieux vieillard qui venait de mourir était l'ancien maître de poste de Sainte-Ménehould.
Date de mise à jour: octobre 2019