Maximilien, Sébastien Foy
1775 - 1825
Député de 1819 à 1825, né à Ham (Généralité de Soissons, France) le 3 février 1775, mort à Paris (Seine) le 28 novembre 1825, fils d'un ancien soldat de Fontenoy devenu directeur des postes et maire de Ham, il fit ses études à Soissons chez les pères de l'Oratoire, entra, le 1er novembre 1790, en qualité d'aspirant au corps d'artillerie, à l'école de la Fère, devint élève sous-lieutenant le 1er mars 1792, et, au mois de novembre de la même année, alla à l'armée du Nord, en qualité de lieutenant en second au 3e d'artillerie à pied.
Il fit la campagne de Flandre, passa, après la retraite de Belgique, comme lieutenant en premier au 2e d'artillerie à cheval, et fut nommé capitaine le 15 avril 1793. Dévoué à la Révolution et partisan de la Gironde, il fut arrêté à Cambrai par les ordres de Joseph Lebon, sur la dénonciation de deux de ses lieutenants, Girod et Lavoy, passa en jugement à Maubeuge le 25 prairial an I, fut acquitté du chef de dilapidation des deniers de la République, mais déclaré coupable d'avoir pris et vendu une ration de fourrages pour un 3e cheval qu'il n'avait pas; de plus, il fut renvoyé devant un tribunal révolutionnaire pour propos inciviques.
Délivré par la révolution du 9 thermidor, il reçut alors le commandement d'une compagnie d'artillerie légère à l'armée de la Moselle. Il fit avec Moreau les deux campagnes de l'an IV et de l'an V, et se lia avec Desaix. C'est à lui que ce dernier général disait plus tard en voyant grandir Bonaparte: « Voilà enfin l'homme que j'attendais. » Il se signala à Kamloch et surtout à la défense du pont d'Huningue, et fut grièvement blessé à Diersheim; la paix de Campo-Formio étant intervenue, il occupa les loisirs de sa convalescence à Strasbourg à étudier avec le professeur Koch le droit public des nations.
En l'an VI, sur la recommandation de Desaix, Bonaparte le demanda pour aide de camp; mais il refusa, servit, en l'an VII, à l'armée du Danube, prit part à la prise de Schaffhouse, se signala par sa prudence et son courage au passage de la Limath, et fut nommé, sur le champ de bataille, adjudant général par Masséna. Il fit en cette qualité la campagne de l'an VIII, combattit à Mœrskirch et à Biberach, et traversa la Suisse avec le corps du général Moncey, pour aller rejoindre l'armée d'Italie à Marengo. En l'an IX, il commanda la place de Milan, et rentra en France à la paix d'Amiens, comme colonel du 5e régiment d'artillerie à cheval. En l'an XI, il s'occupa de la défense des côtes de la 16e division militaire.
Membre de la Légion d'honneur (19 frimaire an XII), officier (25 prairial suivant), il fut envoyé au camp d'Utrecht comme chef d'état-major de l'artillerie.
Peu après, en raison de l'attitude de Foy lors du procès de Moreau, un mandat d'amener fut lancé contre lui, mais il était déjà reparti pour son commandement. Il continua néanmoins à protester de l'innocence de Moreau, et, avec Carnot et quelques autres, refusa de voter pour l'élévation de Bonaparte à l'empire. Napoléon lui fit attendre longtemps les étoiles de général. Le colonel Foy fit la campagne de l'an XIV avec le 2e corps. En 1806, il commanda dans le Frioul et épousa, la même année, la fille adoptive du général Baraguey-d'Hilliers.
En 1807, il fut chargé de conduire à Constantinople 1200 canonniers que l'empereur envoyait au sultan Sélim. Une révolution ayant empêché cette mission d'aboutir, Foy n'en prit pas moins, avec quelques autres officiers français, du service dans l'armée turque, et ses habiles dispositions défensives empêchèrent les Anglais de forcer les Dardanelles.
Cette même année (1807), il passa sous les ordres de Junot à l'armée de Portugal, et, en 1808, obtint le commandement de l'artillerie de réserve. Le 21 août, il fut blessé à Vimeiro; nommé, le 3 septembre suivant, général de brigade, il se distingua à la Corogne, devant Braga et au passage de l'Arve. Dans Oporto, le 27 mars 1809, il faillit être égorgé, en allant sommer l'évêque, au nom du maréchal Soult, d'ouvrir les portes de la ville à l'armée française. Les milices portugaises le maltraitèrent et le jetèrent dans un cachot où il n'attendait plus que la mort, quand nos soldats vainqueurs ayant emporté la place le délivrèrent.
En 1810, il battit les Anglo-Espagnols en Estramadure, se défendit vaillamment à l'affaire de Cacérès, et fut blessé à Busaco. Masséna, qui venait d'échouer devant les lignes de Torrès-Vedras, envoya le général Foy à l'empereur, pour l'entretenir de la situation de l'armée. Dépouillé en route et encore blessé par des guerilleros, Foy arriva à Paris dans un dénuement absolu. Il vit l'empereur, et, le lendemain de cette entrevue, le 29 novembre 1810, il fut nommé général de division, avec une gratification de 20.000 francs. Il était baron de l'empire depuis le 9 septembre.
En 1811 et 1812, il combattit en Portugal et en Espagne, protégea la retraite de l'armée et le passage du Tonnès après la bataille de Salamanque, se porta au secours d'Astorga et, le 22 octobre 1812, entra à Burgos. En 1813, après la défaite de Vittoria, il défendit Tolosa contre le général Graham qui cherchait à couper la retraite à notre armée, et se retira enfin, sans être inquiété, derrière la Bidassoa. Le 25 juillet, il refoula l'ennemi à Bidarray et pénétra en Espagne; le 13 décembre, il se battit à Bayonne, et, le 27 février 1814, reçut à Orthez sa quatorzième blessure, jugée mortelle.
Pendant sa convalescence, il apprit l'abdication de l'empereur et le retour des Bourbons, fut chargé d'organiser, en juin, la 14e division militaire, demanda de Caen, à Marmont, par une lettre du 1er juillet, la croix de Saint-Louis, et la reçut de Louis XVIII huit jours après. Commandeur de la Légion d'honneur du 9 janvier 1813, il fut nommé par la Restauration grand-officier le 29 juillet 1814.
Au retour de l'empereur (20 mars 1815), Foy reprit le drapeau tricolore avec enthousiasme; il fut appelé au commandement d'une des divisions du corps de Ney, et partit pour Waterloo, « où nous avons couru, disait-il plus tard à la tribune, comme les Grecs couraient aux Thermopyles, sans crainte et sans espoir. » Le 16 juin, aux Quatre-Bras, il culbuta une division belge; le lendemain, encore blessé, il resta jusqu'au soir, avec ses compagnons d'armes, sur le champ de bataille.
Après la seconde Restauration, Foy, de 1818 à 1819, remplit les fonctions d'inspecteur de l'infanterie dans les 16e et 22e divisions. Son nom figure sur une adresse de 66 électeurs de Péronne à Louis XVIII, en 1819 : « Oui, Sire, écrivaient-ils, il n'est dans toute la France qu'un désir, qu'une pensée: Vive notre bon Roi! Ces cris d'allégresse nous font oublier les maux passagers qui nous accablent. Vivez, sire, vivez longtemps pour le bonheur de votre peuple. »
Bientôt une autre carrière s'ouvrit devant lui, non moins brillante pour lui que celle des armes. Le 11 septembre 1819, il fut élu député par le collège de département de l'Aisne. avec 622 voix sur 1,089 votants et 1,495 inscrits. « Qu'il fut sublime son premier élan à la Chambre, dit un de ses biographes, lorsque se posant en défenseur de nos soldats mutilés, il ouvrait leurs cœurs à l'espérance, et leur disait que la France ne souffrirait pas qu'ils cachassent le signe de l'honneur, brillant sur leurs poitrines, qu'ils tendissent la main à l'obole de Bélisaire! »
Après l'assassinat du duc de Berry, il s'opposa en vain aux mesures réactionnaires qui suivirent; son éloquence ne put rien contre les préjugés. Le 17 septembre 1823, il écrivait à Dupont de l'Eure: « La banqueroute de Ferdinand le Restauré va m'obliger de vendre deux maisons que j'ai à Paris; leurs contributions constituant mon cens d'éligibilité, je cesserai donc d'être éligible. Au reste, on peut s'en consoler dans un temps où le gouvernement représentatif n'est plus qu'une lâche et ignominieuse moquerie. »
Il n'en fut pas moins réélu, le 25 février 1824, dans trois arrondissements électoraux: 1° dans le deuxième arrondissement de l'Aisne (Saint-Quentin), avec 192 voix sur 336 votants et 358 inscrits, contre 134 à M. de Marolles; 2° dans le 3e arrondissement de l'Aisne (Vervins), avec 117 voix sur 231 votants et 247 inscrits, contre 109 à M. de Nicolaï; 3° dans le 1er arrondissement de Paris, avec 814 voix sur 1,523 votants. Il opta pour Vervins et fut remplacé à Saint-Quentin par M. Labbey de Pompières, et à Paris par M. Dupont de l'Eure.
Il trouva l'opposition bien diminuée, mais son énergie s'en accrut, et il ne manqua jamais à la cause de la liberté. Il défendit l'élection de Benjamin Constant, parla contre l'élévation du contingent annuel, contre la septennalité, cette mesure inspirée par la crainte des survivants de l'empire, protesta contre le scandale des marchés Ouvrard, et repoussa le milliard des émigrés qui étaient, disait-il, « deux contre un à la Chambre, un contre mille dans la nation. »
Mais ces travaux finirent par l'épuiser, et il succomba à la maladie de cœur qui le minait, le 28 novembre 1825. Il fut remplacé, le 27 janvier 1826, par le général Sébastiani. Sa mort fut un deuil national. Casimir Périer, qui avait été son ami, fit appel à la reconnaissance du peuple français en faveur de la famille de ce vaillant soldat, mort pauvre au milieu de tant de fortunes rapides. Cet appel fut entendu. La souscription publique s'éleva à plus d'un million, et le peuple de Paris tint à honneur d'assister tout entier à ses funérailles.
On a de lui : Histoire de la guerre de la Péninsule (inachevé, 1827). Ses discours ont été publiés en 1826.